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L’émissaire de Benoît XVI célèbre une messe solennelle à Notre-Dame de Harissa Le cri du cœur de Mgr Etchegaray : « Liban, tu ne mourras pas »

« Liban, tu ne mourras pas. » C’est un véritable cri du cœur que le cardinal Roger Etchegaray, émissaire du pape Benoît XVI au Liban, président émérite du Conseil pontifical justice et paix, a lancé hier en la cathédrale Notre-Dame du Liban, à Harissa. Mgr Etchegaray, qui a célébré la messe solennelle à l’occasion de l’Assomption, a voulu montrer la solidarité du Vatican vis-à-vis du Liban. Dans son homélie, l’émissaire du pape a appelé au pardon et à la paix, évoquant la deuxième Épître de saint Paul aux Éphésiens lue durant la messe et qui célèbre le Christ qui a détruit « le mur de la haine ». Il a souligné que « le conflit israélo-palestinien est un des drames qui, s’il ne trouvait rapidement une solution équitable, ne pourrait laisser nulle part aucun État innocent ni même intact ». Au début de la messe, le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a souhaité la bienvenue à l’émissaire du pape « au nom de tous les Libanais de n’importe quelle appartenance religieuse ». Lors de la messe, Mgr Etchegaray a été assisté du nonce apostolique, Luigi Gatti, de Mgr Franco Coppola, de l’évêque des latins au Liban, Boulos Bassim, et du recteur du sanctuaire Notre-Dame du Liban, le père Hanoun Andraos. Ont notamment pris part à l’office religieux, le cardinal Sfeir, le patriarche syriaque-catholique Augustin-Pierre VIII Abdelahad, le patriarche arménien-catholique Nercès Bedros XIX et d’autres prélats. Citons parmi les personnalités présentes, l’ancien président de la République Amine Gemayel, l’ancien ministre et président de la Ligue maronite Michel Eddé, qui a lu la deuxième Épître de saint Paul aux Éphésiens, les anciens ministres Naji Boustany et Wadih el-Khazen, et l’ambassadeur de France Bernard Émié. À la fin de l’office religieux, Mgr Etchegaray a remis au nom de Benoît XVI un chèque de 100 000 dollars adressé au patriarche maronite. Ce dernier l’a endossé devant les caméras et l’assemblée, et l’a remis au président de Caritas Liban, le père Louis Samaha. L’émissaire du pape Benoît XVI a rassemblé autour de lui « les patriarches et les évêques d’Orient » pour donner sa bénédiction finale. Le message de Sfeir Voici de larges extraits du message lu par le patriarche Sfeir : « Au nom de toute la hiérarchie catholique, au nom de tous les Libanais de n’importe quelle appartenance religieuse, je vous remercie d’être avec nous en ce jour de l’Assomption. Votre Éminence vient au Liban meurtri, au nom du Saint-Père, le pape Benoît XVI, comme émissaire spécial. Dès le déclenchement des hostilités, Sa Sainteté n’a cessé de rappeler au monde le drame libanais (...). Il a prié et appelé à la prière pour que règne la paix dans notre pays et dans le Moyen-Orient si déchiré par les guerres. « Près d’un million de Libanais ont dû quitter de force leurs foyers et leurs villages, particulièrement au sud du Liban, sans pouvoir emporter aucun bagage. Ils sont allés vers l’inconnu chercher un abri. Il est cependant consolant de voir que les Libanais, sans distinction d’appartenance religieuse, ont fait preuve de solidarité et de compassion. D’aucuns ont partagé leur pain et leur foyer avec les déplacés, sans distinction de communautés. « Heureusement, il y a des cœurs généreux qui n’ont pas manqué de manifester contre cette guerre. Bien des personnes, bouleversées par les scènes horribles qu’ils ont vues sur leur petit écran, ont volé au secours des sinistrés. Et les organisations internationales, répondant aux appels du Saint-Père, ont accouru pour apporter leurs aides humanitaires. « Ce qui est vraiment déplorable, c’est que ces scènes tragiques se répètent à un rythme quasiment régulier, et qui plus est, au début de la saison d’été, comme à dessein, pour priver les Libanais du revenu de cette saison. Votre Éminence était venue au Liban en pareille circonstance, comme envoyé spécial de Jean-Paul II. Elle a été même à Jezzine alors prise dans la tourmente. « Dans ce sanctuaire dédié à la Sainte Vierge, qui est vénérée à la fois par les chrétiens et les musulmans, nous ne pouvons que relever nos regards apeurés et confiants vers celle qui a toujours été la protectrice de ce pays, pour lui demander d’obtenir de son divin Fils de faire régner sa paix dans les cœurs, pour qu’elle règne sur notre terre si assoiffée de paix. » La réponse d’Etchegaray Voici ensuite de larges extraits de l’homélie de Mgr Etchegaray : « Peuple libanais, très grande est votre foi, et je suis ici pour vous assurer que le successeur de Pierre veut confirmer votre foi aujourd’hui si éprouvée au point que certains laissent percer la parole agonisante de Jésus : “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?” Dans l’épaisseur de l’horrible nuit où vous êtes plongés, il vous faut d’abord et avant tout témoigner à quel point la paix et la prière sont vitalement liées l’une à l’autre. « La paix, qui n’en parle pas ? (...) Quelle paix solide, à bâtir coûte que coûte entre peuples aux mémoires meurtries par un passé et un présent jalonnés de révoltes, de vengeances ! Il faut être clair : le conflit israélo-palestinien est un de ces drames qui, s’il ne trouvait rapidement une solution équitable, ne pourrait laisser nulle part aucun État innocent ni même intact pour son propre avenir. Si la justice et la vérité ne sont pas égales pour les deux peuples, elles ne sauraient alors être ni justice ni vérité, et il n’y aura pas de paix durable dans le monde. « Certes, la paix en ce Proche-Orient ne peut être différente de celles qui se cherchent partout ailleurs (...). Mais ici, les raisons de paix sont plus prégnantes, plus pressantes », a indiqué l’émissaire du pape pour le Liban (...). « En personnifiant la paix, saint Paul (Ép 2, 11-17) en a fait une vie plus encore qu’un message, la vie de Celui qui, détruisant “le mur de la haine”, a créé dans sa propre chair crucifiée, à partir de frères ennemis, un seul homme nouveau. « Il n’y a pas que les chrétiens à être ainsi interpellés par leur Maître : toute la grande famille des descendants d’Abraham, bien plus, toute l’humanité (...). Vivre ensemble est partout un défi et un programme, mais particulièrement ici. » « Peuple libanais, sois fidèle à ta vocation historique » « Certes, la promotion de la paix ne peut demeurer artisanale, réduite au bricolage de mille petits gestes : pour dire adieu à la guerre, il ne suffit pas de dire bonjour à la paix. Malgré toutes nos critiques, malgré toutes nos impatiences, nous devons rendre hommage aux divers responsables de la société, nationale et internationale, qui s’ingénient à frayer un chemin sur les pentes abruptes d’une paix pour tous les peuples de la région où s’enchevêtrent de plus en plus les problèmes du monde entier (...). « Toute religion est invitée aujourd’hui instamment à faire appel au Dieu clément et miséricordieux (...). Dans un climat de haine que nous respirons trop souvent, seul le pardon peut conduire à la réconciliation. « S’il est vrai qu’aimer quelqu’un, c’est lui dire : “Tu ne mourras pas”, aujourd’hui, avec plus de force qu’il y a 21 ans quand Jean-Paul II m’envoya au Liban déjà tout meurtri, je veux crier : Liban, tu ne mourras pas ! « Peuple libanais, entends le Christ qui te dit : “ Ne craignez pas ceux qui tuent le corps mais ne peuvent tuer l’âme” (Mt 10,28). Non, tu ne mourras pas ! Sous les décombres fumantes de violence, de vengeance, derrière les meurtrissures de ton corps humilié, nous découvrons encore intacte ton âme, nous ne désespérons pas de toi. Malgré toutes les menaces du dehors et du dedans, tu demeures ce que tu es au fond de toi-même, une terre de communion et de partage. Jamais la montagne et la mer ne pourront te manquer : la montagne pour t’identifier et la mer pour dialoguer. « Sois fidèle à ta vocation historique de faire coexister les cultures et les religions pour les présenter, tel un modèle réduit, fragile mais vivant, à l’imagination assoupie ou essoufflée d’une humanité qui a perdu ses raisons de vivre ensemble. Tu ne te défends pas pour toi tout seul, mais pour tous les peuples de la terre. « Peuple libanais, regarde avec tendresse du côté des jeunes. Rongés par l’horreur et le désespoir, en proie à toutes les séductions, y compris celle de quitter le pays (...). « Notre-Dame du Liban, voici ton peuple (...). Ils sont tes enfants, ceux qui sont brisés par la haine et ceux qui apprennent à pardonner. Ils sont tes enfants, ceux qui sont emmurés dans la peur et ceux qui commencent à espérer (...). Notre-Dame du Liban, garde ton peuple, garde-le libre, dans l’intégrité de son corps et l’unité de son âme (...). »
« Liban, tu ne mourras pas. » C’est un véritable cri du cœur que le cardinal Roger Etchegaray, émissaire du pape Benoît XVI au Liban, président émérite du Conseil pontifical justice et paix, a lancé hier en la cathédrale Notre-Dame du Liban, à Harissa. Mgr Etchegaray, qui a célébré la messe solennelle à l’occasion de l’Assomption, a voulu montrer la solidarité du...