Israéliens, savez-vous quel est votre problème ?

Votre pays, artificiellement créé il y a des années par la volonté des Grands, est un corps étranger dans ce Moyen-Orient. Les Palestiniens, chassés de leur territoire, errent encore sans qu’une solution ait été trouvée à leurs problèmes, sans soutien, sans droit élémentaire à avoir un pays, à vivre sur leur terre. Plus encore, vous avez réussi à faire croire qu’ils sont un danger pour vous, qu’ils vous terrorisent parce qu’ils n’ont pas droit à leurs droits ! Jusque-là, depuis votre création, les puissants et le monde entier sont avec vous, vous soutiennent, et vous avez tout fait pour développer votre image de « pauvre victime », quand vous êtes les bourreaux. Vous voulez vivre en paix ? Tous vos voisins le souhaitent plus que vous. Depuis des années que vous vous êtes imposés à cet Orient, comme corps étranger, vous ne cessez de croire, de faire croire que vous êtes un peuple hors du commun, que vos enfants, vos jeunes, votre peuple sont précieux, importants. Vous avez raison, mais ne croyez-vous pas que vous auriez gagné la paix en croyant que les enfants, les jeunes, les peuples des pays voisins ont eux aussi la même importance que les vôtres, et en vous comportant en conséquence ? Vous comptez sur la supériorité de votre technicité, de votre richesse matérielle, la richesse de vos relations internationales, pour vous développer. Vous avez raison. Mais ne croyez-vous pas que l’orgueil que vous donne cette supériorité, non humaine mais matérielle, vous porte à considérer les Arabes comme des êtres sans valeur, vous porte à vous croire tout permis, que le monde entier doit pouvoir tenir compte des lois humaines, divines, nationales, internationales, sauf vous, qui êtes au-dessus des lois ? Ne devenez-vous pas des hors-la-loi ? Vous êtes compétents et avez tous les moyens nationaux, internationaux pour jouer au Goliath, avez-vous oublié que c’est David qui aura la victoire ? Votre orgueil n’est-il pas en train de vous perdre ? Vous avez tout pour être heureux ! Tout est de votre côté, bien plus que du côté de vos voisins qui vous dérangent. Et vous, est-ce que vous les dérangez ? Comment se fait-il qu’il n’y ait pas parmi vous quelqu’un d’un peu plus intelligent pour se rendre compte que c’est votre système de fonctionnement avec vos voisins qui vous empêche non seulement d’être en paix, mais aussi de provoquer sans cesse la guerre, comme si c’était une nécessité pour vous, pour vous sentir exister. Comment se fait-il que vous ne parveniez pas à comprendre que c’est en vous faisant aimer et non en vous faisant haïr, craindre, redouter que vous pouvez consolider une paix dont vous avez plus besoin que quiconque, car c’est vous qui êtes un corps étranger et non ces voisins que vous méprisez ? Est-ce en méprisant les Arabes que vous pourriez exister dans cette région, en vous considérant supérieurs, est-ce en tuant, massacrant, en vous plaçant au-dessus des lois divines, humaines, nationales, internationales, parce que vous, Israël, vous êtes l’unique pays, admis par la communauté internationale comme hors pair et jamais hors-la-loi ? Est-ce ainsi que vous pouvez espérer faire que cette greffe que vous êtes au Proche-Orient puisse se couler dans ce corps sans rejet, et après tant d’années ? Vous avez tout reçu pour éviter que la greffe soit rejetée. Vous avez tout fait, tout développé pour que vous continuiez d’être haïs, rejetés par vos voisins, soutenus par des pays éloignés, qui ne peuvent se rendre compte combien il est impossible de vivre proche de vous, avec vous. Vous pouvez accroître votre pouvoir de frappe par toutes les armes du monde, et toujours plus intelligentes, augmenter votre capacité à avoir les puissants pour vous soutenir alors que vous enfreignez des lois applicables à tous, sauf à vous, vous ne cesserez, vous-mêmes et ceux qui vous soutiennent, d’alimenter la haine des autres en réponse à la vôtre, leur mépris en réponse au vôtre. Vous êtes rassurés par vos énormes moyens de destruction ? Il y aura, en face, des moyens moins énormes, mais tout aussi efficaces, qui pourront envenimer votre existence, sans compter que votre ennemi est partout présent, invisible et de plus en plus difficile à battre – autant dire invincible. Vous cherchez quoi ? Vous n’êtes pas capables d’analyser que c’est vous et les puissants qui vous soutiennent qui générez le terrorisme par votre manière d’être et d’agir, par les valeurs que vous prétendez défendre, soutenus en cela par les Grands de ce monde ? Oubliez-vous que le monde devient un grand village, permettant aux petits de venir au secours des petits, par leurs petits moyens, parce que vous tuez, saccagez, impunément, par vos grands moyens ? Le jour où vous admettrez que c’est vous qui empêchez la paix pour votre pays et pour vos voisins, que c’est vous qui entretenez la haine de votre peuple ; le jour où vous apprendrez à conquérir les cœurs de vos voisins par l’amour, le respect ; le jour où votre cœur changera car vous auriez appris à considérer que chaque personne, chaque Arabe a la même valeur que vous ; à ce moment-là, vous aurez gagné la paix. Vous avez commis une grosse erreur au Liban. Cette guerre a mis à nu votre nature foncière pétrie de haine, d’inhumanité. À partir du Liban, non seulement le monde arabe, mais aussi ceux qui croyaient en vous commencent à en avoir assez de votre impertinence, de votre barbarie. Le Liban passé sous le rouleau compresseur de votre violence gratuite saigne, en faisant face grâce à l’unique ressource qui lui reste : son unité, son humanité, son amour partagé, sa volonté de réduire la souffrance que vous avez généreusement semée, sa foi en un Dieu, le même pour tous, qui vient au secours des victimes de toute injustice. Vous pouvez célébrer votre victoire sur les enfants, les jeunes, les femmes, les vieillards, votre victoire sur un peuple qui a refusé de vous combattre, de vous faire face, sur un peuple qui ne demande qu’à vivre en paix dans son pays. Yvonne CHAMI