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Actualités - OPINION

Les conditions de création d’un nouveau P-O

Chaque fois qu’un être humain est tué, un peu plus d’humanité est foulée aux pieds et niée. Les images que je vois du Liban chaque jour qui passe m’attristent et me révoltent. Je suffoque d’indignation et de courroux face à tant de barbarie. Me vient à l’esprit ce propos de Mobutu en octobre 1973 du haut de la tribune des Nations unies à propos de la Palestine et d’Israël : « Les victimes d’hier sont devenues les bourreaux d’aujourd’hui. » Et il rompait les relations diplomatiques du Zaïre de l’époque avec Israël. L’Union africaine devrait peut-être penser à une telle position audacieuse. Mais je rêve. J’ai beau chercher les raisons de l’œuvre de destruction massive et de l’entreprise de massacre israélienne du Liban que je n’en trouve aucune de légitime, ni de justifiable. Ni l’enlèvement injustifiable de deux soldats israéliens ni la mort de trois d’entre eux suite à l’action contestable et condamnable du Hezbollah ne peuvent expliquer ce déferlement de violence et de mort, cette rage israélienne de destruction systématique des infrastructures vitales du Liban, cette volonté d’anéantissement méthodique de la vie au Liban. Il y a une telle disproportion entre l’action du Hezbollah et la riposte israélienne que l’on est en droit de s’interroger sur les raisons cachées, les motivations réelles de l’opération israélienne. S’agit-il réellement d’une volonté de décapiter le Hezbollah par la destruction de son infrastructure militaire et de rétablir l’autorité et la souveraineté du gouvernement libanais sur tout le pays ? Dans l’un et l’autre cas, il ne revient pas à Israël de se substituer aux instances internationales et d’imposer sa vision. Par ailleurs, pourquoi détruire les infrastructures du Liban qui achèvent à peine sa reconstruction après de longues années de guerre ? S’agit-il pour Israël, et indirectement pour les États-Unis qui l’approvisionnent en munitions, de lancer un signal fort à la Syrie et à l’Iran ? Dans ce cas-là, au lieu de s’en prendre au Liban, Israël devrait s’attaquer directement à ces deux pays. S’il ne le fait pas, ce qu’il connaît la capacité de riposte de ces deux pays et donc préfère s’en prendre impunément au Liban qui ne dispose pas de moyens militaires d’action. Assurer de l’impunité, Israël peut s’en donner à cœur joie : tuer, tuer et tuer encore des innocents, détruire et détruire encore les infrastructures vitales libanaises. En fait, les États-Unis et leur suppôt britannique ont inventé un nouveau droit pour Israël : le droit de détruire le Liban, de massacrer à sa guise les populations civiles innocentes et de les pousser à l’exode ou l’exil intérieur. Peu importe les bébés, les enfants, les familles qui sont déchiquetés par les bombes ; peu importe la détresse des blessés, peu importe le désarroi des familles fuyant le déluge de bombes israéliennes. Il y a là quelque chose d’effrayant, de détestable et d’insupportable pour toute conscience humaine digne de ce nom. Mais l’éthique n’est pas l’affaire de l’Administration Bush ni de l’armée israélienne. Cela ne signifie pas que j’exonère le Hezbollah de sa coresponsabilité dans la situation actuelle. Mais on voit bien quelles sont ses limites militaires, tout comme celles du Hamas en Palestine. Dans les deux cas, la suprématie israélienne est si écrasante qu’on peut se demander légitimement qui constitue une menace pour l’autre. Et malgré cette suprématie, Israël n’a pas été capable de récupérer les soldats pour lesquels il détruit et massacre la Palestine depuis un mois et le Liban depuis deux semaines. Quelles leçons en tirer ? La première grande leçon tombe sous le sens : ce n’est pas à la force brutale ou à la violence aveugle qu’il revient de régler les différends et les conflits, mais à la raison, à la négociation, au dialogue, bref à la diplomatie. Ehud Olmert doit se rendre à l’évidence : il a tort de vouloir marcher sur les traces d’Ariel Sharon – et il ne sera jamais Ariel Sharon – pour exister dans l’espace politique israélien et plus largement dans l’espace géopolitique moyen ou proche-oriental. Il a raté là l’occasion d’ouvrir une autre perspective politique pour Israël et ses voisins. Quant au Hezbollah, il doit sérieusement s’interroger sur sa présence et son intégration dans l’espace politique libanais. La logique armée ou guerrière ne paie pas. Il est incapable de protéger les Libanais de l’œuvre israélienne de mort, de destruction et de massacre. Il est donc temps d’appliquer la résolution 1559. On pourrait aussi rappeler à la communauté internationale, aux États-Unis si prompts à défendre Israël et à Israël même d’appliquer la mère des résolutions, la résolution 242 du Conseil de sécurité de l’ONU de novembre 1967 et les résolutions suivantes 336 de l’Assemblée générale des Nations unies de novembre 1974 et 1322 du Conseil de sécurité des Nations unies d’octobre 2000. Enfin, le nouveau Proche-Orient, que revendique pompeusement l’Administration Bush, ne naîtra des décombres actuels de la guerre en Palestine, au Liban et en Irak par extension qu’à certaines conditions : 1 – L’Europe et l’Amérique doivent cesser de considérer par culpabilité Israël comme un État au-dessus de la loi internationale. 2 – Israël et les pays arabes du Proche-Orient doivent parvenir à cette révolution copernicienne mentale qu’Israël est géographiquement, historiquement et culturellement un État proche-oriental. 3 – Par conséquent, ils doivent entretenir une politique de bon voisinage, de respect mutuel et de confiance réciproque et, en cas de différend politique, pratiquer une diplomatie de paix et de concorde et non une politique de bras de fer et de guerre qui n’apporte rien à personne. 4 – Le Liban n’est pas une dépendance de la Syrie, ni de l’Iran et est un État souverain qui doit disposer des moyens conséquents d’assurer et d’assumer cette souveraineté. 5 – Enfin, la Palestine a droit à un État viable et vivant en concorde avec Israël. De toute manière, la meilleure et la première de sécurité pour tous les États de la région, c’est la politique de bon voisinage et de concorde. Sans cela, l’instabilité et la violence perdureront au détriment des peuples innocents. C’est peut-être utopique. Mais, c’est une utopie qui peut devenir réalité pour peu que les uns et les autres mettent leur volonté à sa matérialisation. Il n’est pas interdit de rêver. Le Liban ne mourra pas. Shango Lokoho TUMBA France
Chaque fois qu’un être humain est tué, un peu plus d’humanité est foulée aux pieds et niée. Les images que je vois du Liban chaque jour qui passe m’attristent et me révoltent. Je suffoque d’indignation et de courroux face à tant de barbarie. Me vient à l’esprit ce propos de Mobutu en octobre 1973 du haut de la tribune des Nations unies à propos de la Palestine et...