Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Vers un vote aujourd’hui à l’ONU d’une nouvelle version du projet de résolution franco-US Paris et Washington auraient trouvé une plate-forme commune pour satisfaire le Liban et Israël

Arrêt des hostilités ; retrait israélien progressif ; Finul « enhardie » ; embargo sur les armes à destination du Hezb NEW YORK, de Sylviane ZEHIL ; Beyrouth, de Khalil FLEYHANE La diplomatie a connu hier un regain certain, après plusieurs heures de piétinement, parallèlement à la recrudescence des batailles et des bombardements sur le terrain. Kofi Annan veut une résolution avant la fin de la semaine ; Philippe Douste-Blazy attend « d’un moment à l’autre » un accord à New York et John Bolton pense qu’un vote aura lieu aujourd’hui. Quant à Tony Blair, il a, lui aussi, estimé que les Nations unies avaient les moyens de trouver dans les prochaines 24 heures un accord pour une résolution sur le Liban. Signe intéressant : le départ de la ministre britannique des AE, Margaret Beckett, qui interrompra son camping en France, pour le siège des Nations unies à New York. « Les Libanais et les Israéliens sont en train de souffrir ; l’aggravation de la situation humanitaire dans la région m’inquiète », a-t-elle déclaré. Sans oublier l’ambassadeur chinois à l’ONU, qui a annoncé aux journalistes que la résolution « sera mise au bleu dès ce soir (hier, heure de New York) ». En attendant, la France et le Liban, les États-Unis et Israël continuent de croiser le fer sur cette future résolution, chaque camp restant arc-bouté sur ses positions, les Américains ayant même commencé une contre-résolution tout seuls, prenant les Français par surprise, et qui se singularisait par l’absence flagrante de plusieurs points revendiqués par Beyrouth (pas de cessez-le-feu, pas d’évocation claire de la date d’un retrait israélien et de la manière avec laquelle cela se ferait, pas d’allusion à l’immédiateté de ce retrait, ni aux fermes de Chebaa, etc.), ainsi qu’une allusion nette et précise au chapitre VII de la Charte des Nations unies. Sauf que dans l’après-midi new-yorkais d’hier, une nouvelle lueur d’espoir apparaissait, et Paris et Washington semblaient avoir trouvé un compromis. « Nous sommes prudemment optimistes. Il y a des progrès nets et tangibles dans le projet de résolution. Les États-Unis et la France travaillaient chacun de leur côté, ils ont maintenant joint leurs efforts. Auparavant, il était question de deux résolutions, l’une sur la cessation des hostilités, l’autre sur un retrait israélien ultérieur. Les objections du Liban ont été prises en compte, nous parlons désormais d’une seule résolution à deux étages qui comprendrait la cessation des hostilités et le retrait israélien », a déclaré, sous le couvert de l’anonymat, un haut responsable libanais interrogé par l’AFP. Cette nouvelle version du projet de résolution évoquera donc l’arrêt des hostilités et non un cessez-le-feu, mais prendra en compte la suggestion française selon laquelle les forces israéliennes n’auraient qu’à « amorcer » leur retrait du Liban-Sud après la cessation des hostilités. Et selon une source diplomatique, le nouveau paragraphe serait ainsi rédigé : « Les troupes libanaises devraient commencer à se déployer au Liban-Sud en coordination avec la Finul, au moment où les forces israéliennes commenceront à se retirer derrière la ligne bleue. » Sachant que cette Finul serait « enhardie », progressivement là aussi, puisqu’il semblerait que la France enverrait dès la cessation des hostilités un contingent de 1500 hommes qui ferait tampon le long de la ligne bleue en attendant que le reste de cette Finul Plus arrive au Liban. Cette force internationale n’aura pas le mandat de désarmer le Hezbollah, mais aura à empêcher toute livraison d’armes au Liban non destinées à l’armée libanaise. Plus exactement, la nouvelle mouture du projet de résolution prévoierait la mise en place d’un embargo sur les ventes ou les livraisons d’armes au Hezbollah. Les conditions israéliennes À ce sujet, Israël a réitéré hier sa série de conditions pour donner son feu vert à un projet de résolution, parmi lesquelles figurent « l’éloignement du Hezbollah du Sud du Liban au-delà du fleuve Litani, la libération des deux soldats israéliens enlevés le 12 juillet, le déploiement d’une force internationale disposant de vrais pouvoirs au Liban-Sud ainsi que le long de la frontière libano-syrienne pour empêcher le trafic d’armes en faveur du Hezbollah, et le désarmement à terme » du parti de Dieu. Sauf que, et c’est là que le bât blesse, il n’y aurait pas, à l’heure de mettre sous presse, un consensus sur l’évocation des fermes de Chebaa. D’autant qu’un responsable à la présidence du Conseil israélienne a déclaré à l’AFP que la question des fermes ne devait pas figurer dans le projet de résolution. « Ce dossier n’a absolument rien à voir avec le conflit actuel », a-t-il souligné. Quoi qu’il en soit, Kofi Annan a multiplié durant la nuit d’avant-hier et la journée d’hier ses contacts avec les principaux acteurs. « L’heure est aux activités diplomatiques extensives et intenses », a d’ailleurs résumé Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, lequel, hier matin, s’est entretenu au téléphone, tour à tour, avec le Premier ministre Fouad Siniora, le chef du gouvernement israélien Ehud Olmert et la secrétaire d’État US, Condoleezza Rice. Kofi Annan s’est réuni en outre avec John Bolton et Jean-Marc de La Sablière, les ambassadeurs américain et français à l’ONU, à la demande de ces derniers. Cette rencontre a immédiatement suivi une nouvelle réunion des ambassadeurs des Cinq (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie). Une autre réunion de travail s’est également tenue avec le ministre qatari des AE, accompagné des autres membres de la délégation arabe. Parallèlement à cela, les contacts se poursuivaient partout, hier, afin de mettre un terme à l’aggravation de la situation au P-O. Jacques Chirac, le président français, a évoqué cela avec les Premiers ministres britannique, Tony Blair, et finlandais, Matti Vatanen, dont le pays préside l’UE. Jacques Chirac a rappelé qu’il fallait « redoubler d’efforts pour arriver à un accord politique », soulignant de nouveau la nécessité d’adopter à New York une résolution qui prenne en compte les préoccupations de toutes les parties. Signalons que le ministre finlandais des AE, Erkki Tuomioja, a estimé hier qu’Israël ne pouvait pas, à lui seul, éliminer le Hezbollah. « Vous ne pouvez pas éliminer le Hezbollah en utilisant la force militaire seulement, comme les Israéliens le pensent », a-t-il dit à l’AFP, lors d’une visite au Caire. Et en Égypte justement, le président Hosni Moubarak a écarté tout gel des liens avec Israël, affirmant que ces contacts servaient la résolution de la crise actuelle, tout en critiquant le nouveau Proche-Orient préconisé par Washington. Il a d’ailleurs accusé les États-Unis de ne pas « avoir fait assez, en temps voulu, pour contenir l’escalade ». Quant au chef de la diplomatie turque, Abdallah Gül, il a offert hier l’aide de son pays à l’UE pour la recherche du conflit régional. « Nous leur avons dit que nous pouvions les aider à tout point de vue si c’est nécessaire. » Enfin, notons que des pays musulmans (Algérie, Bangladesh, Indonésie, Jordanie, Malaisie, Maroc, Pakistan...) ont présenté, hier également, devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU (au sein duquel ni Israël ni les États-Unis ne siègent), un projet de résolution condamnant Israël, responsable selon eux de bombardements aveugles et de massacres de civils au Liban-Sud.
Arrêt des hostilités ; retrait israélien progressif ; Finul « enhardie » ; embargo sur les armes à destination du Hezb

NEW YORK, de Sylviane ZEHIL ; Beyrouth, de Khalil FLEYHANE

La diplomatie a connu hier un regain certain, après plusieurs heures de piétinement, parallèlement à la recrudescence des batailles et des bombardements sur le terrain. Kofi Annan veut une résolution...