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L’agression israélienne et ses retombées

Partir ou rester ? J’ai peur, peur, non pas de la guerre mais de prendre ce bateau pour l’Europe et de ne plus revenir. Je t’aime tellement, mon Liban, que je ne peux me faire à l’idée de t’abandonner. Pourtant je l’ai déjà fait une fois, en 1989, sur un hydroglisseur, fuyant la guerre et ses malheurs. Aujourd’hui, j’ai deux fois 18 ans et deux enfants. Je ne veux pas que l’histoire se répète, je ne veux pas qu’ils vivent ce que j’ai vécu, alors je fais comme dans le film La Vita é bella où le père cache l’atrocité de la guerre à son fils. Je leur invente des jours heureux, des soleils radieux où le Liban est encore joyeux. Non je ne le prendrai pas ce bateau, même si c’est le dernier des derniers des bateaux. Je reste avec toi, mon Liban ; tu es comme cet amant qui nous détruit mais qu’on aime pourtant d’un amour toujours plus ardent. Joanna SAAB Les larmes de Siniora Et ce peuple ? Devons-nous attendre que les autres s’arrêtent de prendre notre pays pour un terrain de jeu ? Les supplier d’aller se mesurer ailleurs ? Ne pouvons-nous pas nous lever tous d’un seul tenant et dire stop, en écho au cri de notre Premier ministre ? Stop non pas aux joueurs, ils n’en ont rien à faire, mais stop à notre naïveté qui nous fait croire que c’est l’étranger qui va nous aider à nous en sortir, stop à nos allégeances, stop à nos querelles intestines, stop à nos craintes de l’autre qui est né sur le même sol que nous. Siniora pleure les morts, la démolition, l’anéantissement de notre économie, et implore l’aide des pays arabes, et nous ? Ne devons-nous pas l’aider ? C’est quoi le Liban pour nous ? Ton Liban est-il différent du mien ? Ta maman souffre-t-elle plus que la mienne de perdre l’un de ses enfants ? Ton papa souffre-t-il plus que le mien d’avoir passé toute sa vie active à investir, travailler, construire et voir en un seul jour tout cet édifice réduit au néant ? Tes parents déplorent-ils plus que les miens de voir leurs enfants aller à l’étranger pour fonder leur avenir ? Le Liban, c’est chacun de nous qui devons le nourrir, le construire et pas le vendre au premier venu... Regardons notre emblème, ce cèdre millénaire. Chacune de ses branches se déploie librement indépendamment de l’autre ; elle respire, car il y a de l’espace tout autour, mais elles sont toutes reliées à un seul tronc solide, puissant, imposant, indéracinable, cet arbre qui fait la fierté de chaque Libanais petit ou grand, brun ou blond, de telle religion ou de telle autre, ouvrier ou patron. Et notre hymne ? Koullouna lil Watan. Ça doit vouloir dire quelque chose de plus qu’un paragraphe chanté à l’occasion de manifestations. Nada RIZK * * * Chers compatriotes, cessez de confirmer votre caractère de machos. Est-ce que la compassion humaine est maintenant considérée comme une émotion dévalorisée comparée à la haine déversée sur le Liban depuis un mois déjà ? Depuis quand pleurer est un signe de faiblesse, sinon dans l’esprit de ceux qui sont handicapés dans leur dimension humaine ? Chers compatriotes, vous pouvez être fiers de notre Premier ministre qui vous a redonné, à travers ses larmes, le titre d’humains. Rita HATEM * * * M. Siniora, vos larmes vous honorent et nous honorent tous. Elles vous honorent et les dégradent, car elles leur prouvent l’ampleur de leur crime. J’admire et respecte votre ténacité, car votre objectif est très grand, à la mesure de l’homme que vous êtes. Un homme de cœur et de tête. Les larmes de Tzipi Livni ont peut-être tari d’avoir trop pleuré sur les histoires de l’Holocauste, Quant à Ehud Olmert et aux autres, leurs actions parlent pour eux. Des gens de cœur ? Les massacres prouvent le contraire. Quant à leur tête, je laisse aux Israéliens le soin de leur demander où ils l’avaient quand ils ont planifié et « calculé » cette boucherie. Si la terreur se mesure à l’action, et si les criminels devaient être jugés, toutes les oranges du Sud n’y suffiraient pas. Les minables sont nombreux. Savent-ils seulement que dans la Bible la promesse de la « Terre promise » a ses conditions, qu’elle est liée à la « conduite morale » ? Jamais auparavant je n’ai été aussi fière d’être libanaise. Pour cela, je vous dis, ainsi qu’à votre gouvernement : Merci ! Aujourd’hui, en lisant l’information sur l’envoi de l’armée au Sud, j’ai pleuré (de joie, n’en déplaise à Livni), car seule cette décision peut sauver notre pays. Maggie ATTIEH-ORLOSSI * * * À Mme Tzipi Livni, Françoise Giroud a un jour écrit : « Il y aura égalité entre les hommes et les femmes, le jour où on nommera des femmes incompétentes à des postes de responsabilité. » Vous venez Mme Tzipi Livni de concrétiser l’égalité à laquelle aspirait Fnaçoise Giroud. En effet, l’on a peine à croire que la cheftaine de la diplomatie israélienne n’ait trouvé rien d’autre à répondre au vibrant plaidoyer de notre Premier ministre, M. Siniora, devant les ministres des Affaires étrangères arabes et aux idées préconisées par celui-ci pour mettre un terme aux hostilités, qu’un petit commentaire futile sur les larmes versées par celui-ci. Franchement, d’une petite ménagère, c’eut été acceptable, mais venant de la cheftaine de la diplomatie israélienne, cela a quelque chose de surprenant et n’est certes pas très glorieux. Comme vous le savez, en l’an 70 après J-C, les Romains avaient détruit Jérusalem et le Temple de Salomon dont il ne reste aujourd’hui que le Mur des lamentations. Si vous viviez à l’époque, Madame, qu’auriez-vous fait ? N’auriez-vous pas pleuré Jérusalem comme M. Siniora aujourd’hui pleure le Liban déchiqueté ? Pourriez-vous nous instruire, Madame, comment a réagi le grand prêtre de l’époque devant les décombres du temple et de la ville ? D’ailleurs, si nous devions adopter le même niveau de commentaires que le vôtre, nous vous aurions suggéré, dans votre intérêt et pour parfaire votre look, de mieux apprivoiser vos mèches de cheveux au vent afin que la planète entière puisse dévisager ces yeux, les vôtres, qui devant la souffrance et la mort, ne sachant pas verser de larmes, n’auront jamais besoin de les sécher ! Même pour une virago, c’est trop ! Marie-Claude HÉLOU SAADÉ Docteur en droit des affaires de l’Université de Paris Ne meurs pas ! 12 juillet 2006… Tous les rêves et espoirs s’écroulent d’un seul coup. Qui aurait cru ? Une fois de plus, notre Liban subit une guerre dévastatrice. Nous sommes notre propre ennemi et l’autre est impitoyable. Ce pays semble condamné à un destin maudit. Le gouffre se creuse et hélas plus personne pour nous tendre la main. Il faut enfin pouvoir dire : c’est notre faute ! Il faut mettre le doigt sur la plaie. J’écris la gorge nouée et des larmes qui font mal ! Perdue, entre désespoir ou espoir, comme beaucoup de jeunes Libanais. Rester pour bâtir ou fuir mon pays ? La douleur est indescriptible. Condamnée à rester ou chanceuse d’exister ? Comment croire encore à la résurrection de ce phœnix ? Je suis enracinée dans cette terre, mais l’espoir est perdu… Tina BARAKAT Prière Depuis le début de la guerre, on n’arrête pas de me répéter que c’est une guerre de Grands, et que tout ce que nous pouvons faire est de patienter et de prier. Prier pour la fin de la guerre ? Trop de gens le font, en vain. Moi je prie pour les malades oubliés en ce temps de guerre, pour les femmes enceintes dont le ventre se crispe d’angoisse à chaque bombardement. Je prie pour les couples qui ont tant rêvé de ce jour de juillet-août où ils seront réunis pour la vie, et pour les parents qui calment leurs enfants alors qu’ils sont encore plus angoissés. Je prie pour les jeunes qui mettent leur vie en péril pour le secours des autres coïncés sous les décombres. Je prie pour les enfants qui ne doivent jamais vivre la guerre, et pour les jeunes qui ont tant d’ambitieux projets réduits à néant. Je prie bien sûr pour le repos de l’âme de tous ceux qui meurent en silence, et surtout pour que malgré toutes ces horreurs, la bonne humeur se maintienne dans les foyers afin qu’arrive le jour où la vie vaincra la mort. Clara ATALLAH Que tout cela cesse ! Depuis un mois, je suis quotidiennement dans la presse et à la télévision l’évolution catastrophique de cette guerre. J’ai vécu cinq ans au Liban, de 1998 à 2003, et je pleure chaque jour à votre malheur et aux malheurs de mes amis libanais restés à Beyrouth et dans les montagnes du Nord que j’aime tant. Un si beau pays, des femmes et des hommes qui n’aspiraient qu’à la paix retrouvée... Quelle désolation ! Je ne pense pas que des mots soient d’une quelconque utilité, aucun n’est assez fort. Que tout cesse ! Que l’homo sapiens commence à être sapiens! L’inutilité de tout ce sang innocent versé me révolte. Je sais que la vie est un éternel recommencement, mais là c’est trop ! Dieu fait vivre les hommes au-dessus de leurs moyens. Je suis de tout cœur avec vous, et pense à chaque instant aux souffrances que vous endurez. Pierre Denis BLUM La vie est belle Je serais toujours étonné par le formidable amour des Libanais pour la vie. Il suffit que l’intensité des bombardements baisse quelque peu pour que la corniche de Raouché se remette à vivre. Au Liban, les gens vivent et ils veulent que cela se sache. Non, le Liban n’est pas mort. Les gens, même quand ils entendent les bombes tomber sur la banlieue, continuent à plaisanter. C’est surréaliste ! On peut même apercevoir des couples enlacés le long de la mer, d’autres se tenant par la main et se baladant comme si de rien n’était. Ils viennent pour le plaisir de savourer ces quelques instants, histoire de voir le coucher du soleil sur une mer noire de mazout, mais dans laquelle pourtant les gens continuent à se baigner et à en sortir blancs comme neige, comme si les nappes de fuel n’avaient pas atteint cet îlot de sérénité. Raouché redevient le poumon d’un Liban meurtri. La corniche refuse d’admettre que son phare est brisé et, pour elle, cet œil de Cyclope ne sera jamais crevé. C’est une zone qui aime la vie, où les gens oublient leur détresse et leurs tourments, où les gens se calment les nerfs. Au beau milieu de la tragédie libanaise, les gens ne veulent pas admettre leur quotidien et continuent à être optimistes et à reconnaître, comme dans le magnifique film de Roberto Begnini, que la vie est belle et que rien ne la vaut. Jean-Paul MOUBARAK Pour une zone tampon Comme moi, beaucoup de Français sont fatigués de voir tant de conflits s’éterniser, tant de guerres absurdes et dévastatrices, fatigués de sortir d’un drame pour replonger dans un autre. Aujourd’hui, le monde n’en peut plus voir un Liban régulièrement, systématiquement, pris en otage. Un Liban confronté aux dures réalités des intérêts américains et de leur poste avancé au Proche-Orient. Je suis bouleversé de voir les images d’horreur à la télévision et de voir les massacres de la population libanaise. Je pose la question : qui sont réellement les terroristes ? – Les Palestiniens, qui voudraient récupérer leurs territoires et leurs maisons que d’autres leurs ont volés depuis de nombreuses années ? – Le Hezbollah qui, aujourd’hui, est le seul au monde à défendre un pays désarmé ? – Ceux qui occupent la Palestine, Chebaa ou le Golan, qui possèdent une machine de guerre extraordinaire, qui tuent aveuglément femmes et enfants ? Après la Palestine, l’Irak, voici le Liban. Combien de malheurs faut-il supporter avant que les armes ne se taisent ? Que fait l’ONU, qu’attend-on pour envoyer dans un premier temps une armée au Liban-Sud et même au-delà afin d’établir une zone tampon sous juridiction internationale ? Que cessent enfin les souffrances du peuple libanais (sans oublier les Palestiniens). Je leur souhaite beaucoup de courage, quelles que soient leurs sensibilités religieuses. Maurice FRÉMONT Imposer un cessez-le-feu Les agressions israéliennes contre le Liban constituent une sérieuse violation de la souveraineté du Liban, un droit qui ne saurait être transgressé que dans le cas d’une attaque déclenchée par le Liban. Les allégations de l’État hébreu sur son droit de se défendre ne sont pas valables. Israël a perpétré des crimes de guerre en bombardant et détruisant des zones civiles et des localités au Liban-Sud. Prétexter la présence d’objectifs du Hezbollah pour s’en prendre à des cibles civiles est inacceptable, car on ne saurait admettre des bombardements aveugles. Le Hezbollah a, lui aussi, commis des crimes de guerre en s’en prenant à des objectifs civils, ce qui a fait des dizaines de victimes. Aucune des deux parties n’ayant montré le moindre respect pour la vie des populations, ni entrepris d’éviter une escalade de la violence, un cessez-le-feu devrait être imposé d’urgence et une force d’interposition internationale déployée le long de la frontière. Astrid ESSED Amsterdam, Pays-Bas
Partir ou rester ?

J’ai peur, peur, non pas de la guerre mais de prendre ce bateau pour l’Europe et de ne plus revenir.
Je t’aime tellement, mon Liban, que je ne peux me faire à l’idée de t’abandonner. Pourtant je l’ai déjà fait une fois, en 1989, sur un hydroglisseur, fuyant la guerre et ses malheurs. Aujourd’hui, j’ai deux fois 18 ans et deux enfants. Je ne veux pas que...