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Pourquoi Chebaa ?

Depuis des semaines, tout un peuple, tout un pays, a la main sur le cœur, attendant heure par heure que le cessez-le-feu arrête enfin les massacres et les destructions quotidiennes. Finalement, un projet franco-américain est mis sur pied et le texte remis aux parties. Très proche des sept points proclamés à Rome par M. Fouad Siniora. Mais qu’attendez-vous, Monsieur le Premier ministre ? Les tueries et ruines vont s’amplifiant chaque jour, tant que les parties n’auront pas donné leur « oui » ! – « C’est que… il y a encore une retouche à faire dans le texte pour Chebaa. » – Mais qu’est-ce donc que ce Chebaa ? On peut lancer ce défi public : qu’il y ait, plus de 3 % des Libanais ayant entendu ce nom avant le retrait des Israéliens du Liban, la nuit du 24 mai 2000. Rappelons, en effet, que les tuteurs qui nous gouvernaient alors avaient été surpris et interloqués par le coup de maître des Israéliens qui ont réussi, en une seule nuit, à se retirer subrepticement sans bruit. Car, jusque-là, messieurs les tuteurs étaient en train d’entretenir soigneusement les aléas de cet abcès de fixation en attendant de récupérer le Golan, et voilà que cet atout s’est évaporé en une seule nuit ! Mais Assad s’est vite ressaisi, et son ordre fusa : « Attention ! Il reste les fermes de Chebaa à libérer. » C’est alors que ce mot s’est répandu comme une traînée de poudre. Pour savoir les dessous de Chebaa, il suffit de référer le lecteur à un article exceptionnel, capital, du an-Nahar du 5/5/2006 intitulé : Quelle est la superficie de Chebaa, 19 km2 ou 400 km2 ? Et l’auteur, Antoine Halabi, un topographe chevronné, fondateur de la revue Le Topographe, de citer, sources à l’appui, les chiffres fantaisistes « anarchiques » même, dit-il, parus dans la presse : an-Nahar 9/6/2000, 24/6/2001, 7/3/2003, 20/2/2006, 2/3/2006, 9/3/2006, 14/3/2006. On y trouve que, selon les avis, la superficie de Chebaa va de 19 km2 à 400 km2. Incroyable ! Parmi ces déclarations (à tout seigneur, tout honneur !), mention spéciale est due à celle du président de la République faite au Conseil des ministres du 1/3/2006 (distribuée par son service de presse) rapportant son entretien téléphonique nocturne avec Madeleine Albright : « Elle insistait, dit-il, pour que le Liban reconnaisse que le retrait israélien a été accompli en 2000, demandant que notre ambassadeur aux Nations unies le déclare (ce retrait). Je lui ai dit : Comment puis-je déclarer ce retrait, alors qu’il reste plus de 19 millions de mètres carrés (dix-neuf km2) occupés par Israël ? » Voir le mot-à-mot dans an-Nahar du jeudi 2 mars 2006. Une autre déclaration digne d’intérêt est celle faite au Hayat par les visiteurs de M. Siniora disant que « le tracé des frontières (avec la Syrie)… permettra aussi au Liban de récupérer sa part dans la zone des fermes (de Chebaa), et que selon les renseignements existants, la part du Liban dans ces fermes varie, au maximum, de 30 à 42 kilomètres carrés ». (Al-Hayat du dimanche 19 mars 2006). L’auteur, Antoine Halabi, termine son article par cette pointe d’humour : « Et jusqu’à ce que se réalise la clarification d’un chiffre authentique insusceptible d’exagération, à l’abri du marketing publicitaire et des convoitises politiques, les citoyens sincères et soucieux de l’intérêt de la patrie et de son avenir souhaitent que les fermes de Chebaa fassent partie de la république, non que la république fasse partie de Chebaa. » Quand on a lu ces citations, on se demande : comment peut-on suspendre – ou même retarder d’un seul jour –, la réalisation du cessez-le-feu, espoir de millions d’êtres ? Cela dépasse l’entendement. Et cela donne une idée des tourments de notre Premier ministre, dont la position est vraiment peu enviable. Albert SARA
Depuis des semaines, tout un peuple, tout un pays, a la main sur le cœur, attendant heure par heure que le cessez-le-feu arrête enfin les massacres et les destructions quotidiennes. Finalement, un projet franco-américain est mis sur pied et le texte remis aux parties. Très proche des sept points proclamés à Rome par M. Fouad Siniora.
Mais qu’attendez-vous, Monsieur le Premier ministre ?...