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Actualités - OPINIONS

L’agression israélienne et ses retombées

Question naïve Veuillez pardonner cette question naïve, mais voilà: vu qu’Israël bombarde tout ce qui, de près ou de loin, se rapporte au Hezb, une question toute simple me vient à l’esprit. Où sont donc les deux prisonniers israéliens? S’ils se trouvent dans les structures du Hezb (pourraient-ils, devraient-ils, être ailleurs?), comment pourront-ils être récupérés sains et saufs? Marie-Claude DESHUSSES Faire quelque chose Je vous lis tous les jours depuis ces événements tragiques, choqué par la façon dont 90% des médias français renvoient tout le monde dos à dos pour en fin de compte cautionner Israël. Comment aider le Liban quand on est peintre plasticien pauvre, isolé et en dehors de tout, mais aussi très habile de ses mains? J’aimerais pouvoir faire quelque chose (même aller là-bas, si besoin était). Idées, suggestions, adresses bienvenues. Très amicalement et avec les Libanais en pensée. Gilbert DEBÈS Au nom de la nation et du bonheur Si je me battais au nom de Dieu et d’un peuple, je ne tirerais pas de roquettes depuis des habitations ou des zones d’habitation. Le jour de l’enlèvement des deux troufions israéliens et des deux premières roquettes lancées par le Hezb, je serais parti, car il n’existe pas un pays plus prévisible et constant dans ses réactions que l’État d’Israël. Si j’étais président de la République, j’aurais demandé solennellement au Hezb d’évacuer les villes et villages, et certainement de stopper immédiatement toute hostilité. J’aurais exigé de lui qu’il rende les deux soldats. Je suis résistant, moi. Résistant au fanatisme et à l’aventurisme de tout acabit, résistant aux chrétiens intégristes qui tuent des femmes et des enfants au nom d’un mouvement chrétien et s’entretuent entre eux aux yeux de l’Orient et de l’Occident, résistant aux prosyriens et aux tortionnaires, résistant aux pro-iraniens et à leur République islamique, résistant aux particularismes crétins et intolérants. Mais comme je ne me bats pas au nom de Dieu, pour ne pas Lui faire honte, comme je ne pleure pas avec des gens qui aspirent au martyre et à la mort des leurs et des autres, pour ne pas faire honte au Créateur, j’ai décidé de me battre pour les idées de nation et de bonheur, qui finiront par devenir les idées neuves du Proche-Orient, au risque de déplaire à ceux qui se racontent des histoires. Nicolas ZAHAR Droits de l’homme et du citoyen Étant citoyen libanais, je voudrais rappeler les droits de chaque homme à tous ceux qui peuvent et veulent encore entendre : le droit à l’éducation, à l’apprentissage, à l’expression, à la pensée, à la conscience, au travail, à l’opinion, à la religion, et plus particulièrement: le droit à la vie. Ces droits sont soutenus par une organisation reconnue par tous et œuvrant pour tous les peuples de la terre: l’ONU. Cette organisation, créée par un grand homme, Franklin Roosevelt, en 1945. En ce moment au Liban, nous sommes tous témoins d’une violence brutale. Beaucoup de morts et beaucoup de blessés pour des raisons non justifiées. Juste pour la dignité? Ne pourrait-on pas se battre pour notre dignité par la diplomatie, comme l’ont fait les grands hommes auparavant? Ou tout simplement comme l’ont prouvé les événements du Printemps 2005 à Beyrouth? Je dénonce le massacre de Cana tout comme j’exprime mon indignation face à la réaction populaire devant le siège de l’Escwa, au centre-ville de Beyrouth. L’ONU et ses organismes sont indispensables. Sans eux, le monde deviendrait une jungle. Continuons à nous accrocher et surtout à y croire. Victor KHAYAT 16 ans L’autorité de l’État Couper les ponts entre les diverses fractions libanaises, pour faciliter leur isolement et créer ainsi un climat de tension semblable à celui qui précéda la guerre civile de 1975: tel est le message envoyé par l’ennemi avec la destruction de tous les ponts du pays, du Nord au Sud. Le défi est clair. Il est donc demandé à tous les Libanais d’user en ces moments tragiques de toute leur intelligence pour faire face à ce complot. Et il est temps, après les événements de 1958, 1975, 1989 et aujourd’hui en 2006, de se poser cette grande question: pourquoi le Liban est-il le seul pays arabe où, tous les quinze ou dix-sept ans, toute solution concernant ses frontières lui est interdite? Et pourquoi une guerre lui est-elle toujours imposée, qui aboutit à l’affaiblissement de l’autorité de son État et de son armée? N’est-il pas temps d’appuyer une fois pour toutes, mais honnêtement cette fois-ci, les huit points énumérés lors du sommet des chefs religieux qui s’est tenu la semaine dernière à Bkerké (voir L’Orient-Le Jour du 2 août)? Antoine SABBAGHA Communiquer la vie Des nuits sans sommeil au gré du canon, Des journées plates pour nos actions, Où rage et impuissance Dominent par excellence. Le Liban saigne face à ces combats violents, Mais son peuple a fait le serment De ne pas quitter le chevet De son pays convoité. Dans ce monde insolent Qui nous inflige mort et barbarie, Restons au Liban Pour continuer à communiquer la vie. Joëlle CATTAN Faire un choix À l’issue de cette guerre, les Libanais de tous bords devront choisir: que veulent-ils mettre en numéro un sur leur liste, bien au-dessus de tout le reste? Leur appartenance à un État qui s’appelle le Liban ou leur appartenance communautaire? S’ils décidaient de mettre en avant leur identité libanaise, cela voudrait dire que nous nous dirigeons petit à petit vers l’établissement d’un État laïque, avec une séparation entre le religieux et le politique, ce qui serait excellent pour le pays. Si, par malheur, la deuxième option devait l’emporter, cela voudrait dire que nous n’avons su tirer aucune leçon des événements dramatiques qui nous ont frappés, en partie par notre faute, depuis 1975. Et qui, dans la deuxième option, tendraient sûrement à se répéter. Nada HADDAD Retour à la nuit des temps Je me demande quand les Israéliens seront repus de destructions, de massacres et de sang versé, ayant ainsi satisfait leur esprit de vengeance. Quand la loi du Talion fut établie « Œil pour œil, dent pour dent », c’est parce que en remontant à la nuit des temps, les juifs suivaient une autre loi qui demandait de rendre 100 maux pour un mal, c’est-à-dire un meurtre pour un coup de poing, ou le massacre d’un peuple pour un meurtre. Alors, s’il est vrai qu’ils ont ramené le Liban de 20 ou 50 ans en arrière, les Israéliens, eux, sont revenus à la nuit des temps. Paul RISCALLA Ayez pitié ! La voix de la femme libanaise ne vient pas revendiquer, mais prie les télévisions de tout le pays presque à genoux de ne pas montrer les horreurs des photos: sang, feu, femmes qui pleurent, crient agenouillées devant les dépouilles de leurs enfants si elles les ont trouvés. Ce soir, après le bombardement de la région de Chiyah pour la dixième fois, un photographe poussait des coudes pour prendre une photo des corps déchiquetés. Dans 2 centres, nous avons trouvé des enfants qui vomissaient devant les cadavres; ayez pitié des enfants. De grâce, nous félicitons les reporters, les photographes, mais pitié, pitié, des vieux, des paralysés qui ont pu malgré tout arriver à Beyrouth: épargnez-nous les plaques de sang, vous n’aurez pas un prix pour tout ce que vous montrez, une fois de plus, les nerfs des gens tiennent encore, mais jusqu’à quand? En espérant être entendues, nous les mamans vous supplions une fois de plus d’avoir pitié de nos enfants et de nos petits-enfants. Lily SARA Liban, ne crains pas… La Providence divine a voulu que le Liban, pays du lait et du miel, soit l’exemple de convivialité entre ses différentes races et religions. Mais ce pays, pacifique de nature, est secoué de temps en temps par des forces débordant d’envie, de complexes et de vengeance. Que de têtes d’envahisseurs écrasées sur son rocher! Ô «main destructrice», ouvrez bien les yeux sur la fin des tyrans. Que reste-t-il de leurs passages sur terre, à part la malédiction des générations présentes et futures? La noblesse, toute noblesse, c’est d’être inscrit par l’histoire sur la liste des bâtisseurs de l’homme et de la paix, et non point sur celle de la ruine et de la misère. La volonté du Libanais, purifiée dans le creuset du martyre, ne se rendra pas devant la machine infernale de la mort. Les épreuves nous ont enseigné de n’avoir confiance en personne, car les pêcheurs en eau trouble sont nombreux. Il ne nous reste plus qu’à invoquer la force céleste qui, seule, peut éclairer les esprits et changer les cœurs endurcis. Espérons, et crions: «Liban, ne crains pas…». Georgette MEDAWAR Faire-part J’ai le regret d’annoncer la mort de la République libanaise à l’âge de 63 ans. La défunte a longtemps souffert. Elle est depuis 31 ans dans un coma profond. Elle a, au départ, souffert d’une longue guerre civile, dont les symptômes étaient nombreux: destruction de tout, des milliers de morts et de blessés à vie. Puis elle a souffert pendant 15 ans d’une profonde syrianite, associée à une dictaturose, avec le manque de transparence, d’atteinte aux droits de l’homme que cela implique. Les médecins ont bien repris espoir après avoir réussi à la réveiller de son coma profond il y a un peu plus d’un an. Ce réveil est principalement dû à une greffe de liberté, de soulèvement populaire. Mais la patiente a fait une énième rechute, le 12 juillet 2006, à 9h30, à cause d’une dose mortelle de résistance suivie d’une inflammation d’Israël, très commune. Les funérailles se dérouleront après un cessez-le-feu hypothétique, et l’enterrement se déroulera dans la plus grande intimité, sur la place des Martyrs, conformément à la volonté de la République libanaise. Prière de considérer cette invitation comme personnelle, la Syrie, l’Iran, Israël et les États-Unis ne sont, bien sûr, pas les bienvenus, étant donné qu’ils ont tous contribué, d’une façon ou d’une autre, à la mort tragique de la défunte. Khalil CHÉHADÉ Ma cause n’est pas la sienne Mon cri n’est pas le sien, ma cause n’est pas la sienne, ma peine n’est pas la sienne. Je suis libanaise, il est israélien; je suis libanaise, il est palestinien; je suis libanaise, il est syrien ou iranien. C’est cette différence qu’il faut commencer à faire, qu’il faut clamer sur tous les toits. C’est cette cause qu’il faut défendre avant tout, car c’est ce peuple qui est en danger après tout. Je suis fatiguée d’être exploitée par les Palestiniens, Syriens ou Iraniens à chaque fois que je critique l’offensive israélienne et que je deviens pour eux pro-Hezbollah. Je suis fatiguée d’être traitée de pro-israélienne à chaque fois que je critique le Hezbollah pour avoir initié la guerre ou parce qu’il se mélange aux civils et les utilise comme écran contre les attaquants. Je suis fatiguée d’entendre dire que le Hezbollah est un mouvement strictement libanais, quand on sait pertinemment qu’il est financé et armé à coups de centaines de millions de dollars par l’Iran et la Syrie. J’ai ma propre cause après tout, la cause libanaise, que tout le monde oublie. C’est la cause d’un peuple qui a toujours survécu, qui a toujours su remonter les pentes vers lesquelles les différentes guerres l’ont poussé; c’est un peuple qui a été éparpillé de par ce monde, qui a su devenir chef d’entreprise, chef de département, banquier, médecin, politicien, artiste ou chanteur; c’est un peuple fier qui a fui son pays en guerre et pris d’autres nationalités, mais qui garde le contact avec sa terre natale, son village où les montagnes verdoyantes viennent caresser la mer bleue. C’est le drapeau de ce peuple qu’il faut montrer lors des manifestations pour le Liban ces jours-ci et non les drapeaux des autres pays qui ont certainement leurs propres causes, mais qui amoindrissent la mienne maintenant. Je suis libanaise avant tout et je dis aux autres de me laisser pleurer mon pays, de me laisser crier ma peine, de me laisser sortir de ce marasme dans lequel certains ont du plaisir à me plonger. Il nous a fallu 10 ou 15 ans pour sortir enfin du trou et montrer au monde que le Liban peut toujours être le «Paris du Moyen-Orient», comme l’a maintes fois clamé le correspondant de CNN. Nous avons été renvoyés à la case de départ comme dans le jeu de Monopoly sans toutefois collecter l’argent qui nous est dû… Que va-t-il advenir de mon pays maintenant, avec toute une infrastructure à refaire, des centaines de milliers de personnes déplacées, des morts et des blessés, des gens désillusionnés? Ayez pitié de ce peuple qui ne fait que payer depuis 30 ans le prix des guerres des autres. Essayez de comprendre la détresse dans laquelle nous sombrons quand on se sent si impuissant et laissez-nous manifester en brandissant notre drapeau libanais, toujours intact dans nos cœurs. V. CHÉBLI
Question naïve

Veuillez pardonner cette question naïve, mais voilà: vu qu’Israël bombarde tout ce qui, de près ou de loin, se rapporte au Hezb, une question toute simple me vient à l’esprit. Où sont donc les deux prisonniers israéliens? S’ils se trouvent dans les structures du Hezb (pourraient-ils, devraient-ils, être ailleurs?), comment pourront-ils être récupérés sains et...