Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

L’agression israélienne et ses retombées

Pourquoi toujours nous ? Avec le recul, il est clair maintenant que tout était prémédité du côté israélien. Mais pourquoi toujours nous ? Qu’a fait au bon Dieu ce magnifique petit pays qu’est le mien pour mériter tant de haine et de morts ? Mon beau Liban, abandonné, encore une fois, par tous ces Grands, ces pays occidentaux qui se disent civilisés et démocratiques. Et il est descendu vraiment bien bas, ce monde, pour qu’il ferme ainsi lâchement ses yeux, pour avoir vendu sa dignité à un Texan qui, sous prétexte d’établir la démocratie au Proche-Orient, n’a fait qu’y semer le chaos. Messieurs les dirigeants (ou plutôt dirigés) occidentaux et arabes, ce n’est pas de votre pitié et de vos belles phrases que l’on a besoin. Tout ce que l’on veut, c’est vivre en paix, ne plus compter nos morts, ne plus voir nos enfants mis en lambeaux. Merci pour les aides humanitaires et autres, mais on s’en serait passé si vous n’aviez pas permis aux Israéliens de se comporter en barbares sanguinaires, héritiers d’Attila et d’Hitler. Avis aux nations encore épargnées : si de la bouche de Bush sort le mot « démocratie » suivi du nom de votre pays, tous aux abris ! Pierre ZEIDAN Lettre ouverte à M. Kofi Annan C’est un simple citoyen libanais, dépourvu de toute appartenance politique, qui vous adresse ces quelques lignes. Pardonnez-lui sa franchise, en ces temps difficiles que traverse son pays. Cet observateur neutre n’a aucun doute sur vos bonnes intentions d’arriver à une paix durable au Moyen-Orient. En fait, il est convaincu que vous êtes un homme de paix et que vous avez un désir sincère d’arrêter les hostilités au Liban et dans la région. Merci au moins d’avoir essayé. Monsieur le Secrétaire général, démissionnez. Pour la fierté de l’ONU, s’il en reste, démissionnez. Pour vous distancier de l’hypocrisie et du silence des nations, unies ou désunies, démissionnez. Pour votre dignité personnelle, démissionnez. Pourquoi quelqu’un qui voit en vous un homme de paix vous appelle à partir ? Pour de nombreuses raisons sans doute, mais en voici déjà quelques-unes : L’enlèvement des deux soldats israéliens par le Hezbollah suscite une condamnation de l’ONU. Certes, c’est une action condamnable. Mais le massacre de Cana ne l’est-il pas ? L’ONU est simplement « désolée » ! Le raid israélien contre un poste de la Finul provoque la mort de quatre soldats, un acte « apparemment délibéré » pour reprendre vos propres mots. L’ONU ne réagit pas. Israël décide d’appliquer par la force la résolution 1559, alors qu’elle n’a cure de tant d’autres résolutions Onusiennes. L’ONU ne soulève même pas ce problème. Des centaines de civils libanais ont déjà payé ce conflit de leur vie, des milliers d’autres sont sans abri. Mais aucune résolution de cessez-le-feu n’est encore prise, le climat politique n’y étant pas propice. Décidément, la vie d’un Libanais ne vaut pas bien cher, et le lourd bilan humanitaire ne semble pas être, aux yeux de l’ONU, une raison suffisante pour mettre fin à la guerre. Monsieur le Secrétaire général, il est clair que l’ONU n’est pas une institution indépendante, mais un instrument aux mains des grandes nations : « Ce machin », comme l’avait si bien dit le général de Gaulle. Monsieur le Secrétaire général, je ne vous en veux pas car vous n’avez pas le choix. Mais parce que vous n’avez pas le choix, démissionnez. Dr Pierre NAJM Le courage de rester Permets-moi, Shirley, de répondre à ta lettre, datée du jeudi 3 août «Avant de te dire au revoir », pour exprimer toute ma révolte face à tant de critiques et d’accusations. Tu t’es permis de critiquer et de pointer du doigt tous ceux qui ont causé du tort à ce pays que tu prétends tant aimer (mais que tu quittes quand même les larmes aux yeux) : son peuple hypocrite, sa classe politique et ses dirigeants, qui l’ont noyé, vendu et abandonné. Tu prétends l’aimer, mais en fait, tu le fuis, au moment où il a le plus besoin de toi. Tu l’abandonnes à son triste sort agonisant dans ses blessures et ses souffrances. Tu te permets de critiquer son peuple hypocrite et égoïste qui ne pense qu’à son plaisir, ayant fui vers les montagnes de Faqra, Faraya, Broummana. Ce peuple égoïste a, lui, eu le courage de rester et de se battre malgré l’angoisse et la peur qui le tenaillent, se démenant grâce à la générosité des gens de ces montagnes pour subvenir aux besoins de ce peuple qui agonise, aux associations humanitaires qui comptent sur eux pour survivre. Le Liban, Shirley, a besoin d’une jeunesse qui ne baisse pas les bras au moindre tourment, qui croit en lui et se bat pour lui (pas seulement par les armes) pour lui redonner cette force et cette beauté qu’on lui connaissait. Il n’a pas besoin d’une jeunesse déracinée fuyant vers des cieux plus cléments au moment de la tempête, mais qui promet de revenir un jour. Cette jeunesse dont tu fais partie, Shirley, sera accusée un jour de non-assistance à pays en danger.Va, cours, ton avenir t’attend… Lamia DAROUNI Les enfants de Cana Ils ont encore une fois montré les scènes de tes enfants massacrés. Je m’accroche à ces images, je m’attarde sur les cadavres des enfants, je rejoue ces moments pour conjurer mes démons. Des corps raides, interrompus dans le temps, pris au piège de notre cruauté. C’est tout ce que je peux leur offrir. Un dernier regard. Je veux tous les connaître, je veux me faire des souvenirs, des pleurs, des rires, mais aussi des parfums intimes de vie. Je veux rejouer leurs visages défigurés , leurs corps disloqués. Je veux un peu deviner leur souffrance, je veux la toucher. Je veux entrer ailleurs, dans ce bleu néant, couleur ciel de Cana. Et puis mourir un peu. Jean-Claude DELIFER Montréal, Canada Les histoires de nos parents Je me rappelle toujours des dîners passés ensemble en famille, lorsque mes parents racontaient les histoires de guerre et comment par miracle ils avaient échappé aux bombardements. J’écoutais, rassurée que cela ne se répétera plus puisque je fais partie de la nouvelle génération, témoin de la reconstruction et du développement du nouveau Liban. Ce n’est plus le cas depuis que le blocus s’est étendu pour englober tout le Liban, et notamment Beyrouth avec ses infrastructures. Ce fut là un grand choc pour nous, les civils, qui ne se mêlent que de leurs affaires. Depuis la nuit des temps, l’homme n’a jamais réussi à se convaincre que la paix n’a jamais rien réglé. Plusieurs interrogations demeurent sans réponses. Un fait est certain : les histoires que nous racontaient nos parents, ce n’était pas pour rire... Nour DAGHER Arrêtez ce massacre ! Je suis une Française, normande, voire même cauchoise, et je voudrais tellement que cette guerre cesse. Je m’en veux de seulement pleurer tous les jours devant les images ignoblesde cette guerre qui tue tant d’enfants, qui défigure ce pays qui a été si beau, m’a-t on dit, de défiler quand on peut, de cette impuissance à changer les choses des seuls puissants de ce monde sourds à tant de souffrances. Les prétextes trouvés par les uns et les autres pour justifier cette guerre ne m’intéressent pas. Sachez que nous sommes très, très nombreux à penser sans cesse à vous tous les jours, nous ne sommes pas indifférents et nous vous aimons, nos sœurs et frères dans le chaos. Je ferais tout ce que je peux si loin de vous (même si c’est une goutte d’eau dans la mer) pour qu’on nous entende : il faut arrêter tout de suite ce massacre. Sylvie ARNERIN Quel 14 Mars ? En lisant la presse du dimanche 6 août, quels ne furent mon étonnement et ma surprise de savoir que la réunion au domicile de Mme Nayla Moawad avec M. Welsh, en présence des forces du 14 Mars, se limitait aux leaders chrétiens – et de surcroît maronites – de ce mouvement. Le Courant du futur de M. Hariri et la Rencontre démocratique de M. Joumblatt, qui forment l’ossature du 14 Mars, étaient absents, et pour cause. Peut-être qu’ils ménageaient leurs arrières avec le Hezbollah pour montrer que seuls les chrétiens forment une tête de pont américaine. Je proteste contre cette discrimination et refuse cette théorie en tant que chrétien qui considère que notre ennemi déclaré est Israël. Je souhaite, à la prochaine réunion avec un responsable américain, la présence des Eido, Tabbarah, Hamadé et autres Chehayeb. Je tiens ce langage en tant que Libanais soucieux de mon pays et n’appartenant à aucun courant politique. Dr Édouard ABBOUD J’ai rêvé... J’ai rêvé d’un Liban civilisation de paix et de dialogue. J’ai rêvé de problèmes de frontières résolus par un simple match de football, ou une compétition artistique ou agricole ; un but en plus, une meilleure récolte ou une danse plus acrobatique seraient suffisants pour mettre un terme à un litige doctrinal . Plus d’équilibre de force (ou de terreur) avec Israël ou la Syrie, mais plutôt un équilibre touristique, culturel ou écologique ; les efforts pour réussir une saison parfaite, un film sensationnel ou un environnement sain contribueront à l’édifice d’un bouclier national hyperdissuasif. J’ai rêvé d’un lieu où des lignes de métro transportant des milliers de citoyens (ou de touristes) ont remplacé des couloirs souterrains creusés jadis par une résistance militaire. J’ai rêvé d’un pays où des équipements militaires ont été recyclés en des plaques photosensibles engendrant de l’énergie solaire, des casernes aménagées en des usines d’électricité à hélices aériennes, des montagnes de déchets traités et transformés en des engrais fertiles pour une flore verdoyante nous enrichissant en oxygène. J’ai rêvé d’un gouvernement où un ingénieur télécom serait ministre des Télécommunications, où un médecin spécialiste en santé publique serait ministre de la Santé et où un magistrat serait ministre de la Justice. J’ai rêvé d’une république souveraine, imperméable à toute manipulation étrangère, présidée par une personne élue directement du peuple. J’ai rêvé...Non, je ne rêve plus. Je me suis réveillé en sursaut : l’impact sec d’une bombe aérienne, soigneusement dédicacée (en hébreu) par une petite fille, vient de détruire mon rêve. Et surtout, ma réalité ! Maroun WAKED Thérapie On me dit : tu écris, tu écris, crois-tu que l’on va t’écouter ? Faire cas de tes sentiments ou de tes folles idées ? Je réponds : probablement peu ou prou, pour moi cela fait une différence, cela me permet d’exister, et je vous conseille d’écrire. C’est mieux que de hurler votre angoisse à vos proches, de vous disputer avec vos voisins quand ils défendent d’autres idées, de bousculer vos enfants pour un rien, de bouder vos amis, d’exécrer les discours tardifs de politiciens qui n’ont rien vu arriver, de vomir les atrocités commises dans cette guerre non justifiée. Écrivez, c’est un merveilleux exutoire contre les horizons à écran noir, l’herbe coupée sous vos pieds, écrivez et vous verrez jaillir peut-être un rai de lumière. Merci à L’Orient-Le Jour pour cette thérapie offerte à notre désarroi, merci pour cette petite place dans votre courrier. Dolly TALHAMI Les forces de la haine Hier soir, à 21h... Pas d’électricité. Même le générateur du quartier ne fonctionne pas. L’obscurité est totale. La chaleur étouffante. Le silence absolu est insupportable. Rester à la maison dans ces conditions devient très ennuyant, bien que, Dieu merci, je bénéficie toujours du luxe qu’est devenu au Liban le fait de résider dans sa maison. J’ai pensé à mes amis. Ces amis qui ne sont plus là, obligés par la guerre de ranger la valise. J’ai pensé à Joe, qui a dû accompagner sa mère et sa petite sœur durant leur long trajet en Arabie saoudite, en bus ! À Adnane, que nous avons attendu, il y a deux jours, sans résultat, avant d’apprendre de son père qu’il a voyagé. À Gaëlle et Reina, à leur chagrin de quitter si tôt leurs parents, leurs amis, leur pays. À Chadi, pour qui un jour au Liban vaut toute la peine du monde. À Antoine, que nous avons tous attendu impatiemment pour passer un été amusant, à ses ambitions de venir investir au Liban, à sa joie manquée de ne plus pouvoir rencontrer ses proches. À Antoine qui ne viendra plus. À Jeanne, ma cousine, à la tristesse de son père et sa mère qui doivent attendre encore pour la revoir. À Ziad qui, lui aussi, a été privé du bonheur libanais. À tous ceux que les ponts détruits par la haine m’empêchent de voir. J’ai pensé à moi-même. Je fais quoi ici? Pourquoi je ne quitte pas, moi aussi ? Ce n’est pas par peur que j’ai eu cette idée, mais simplement parce que tous mes amis sont partis. Il ne reste plus personne ! Sauf ceux qui s’apprêtent à le faire... et moi. Tous ces amis, il ne me reste peut-être que ce journal pour communiquer avec. Partez ! Oui, partez ! Au Liban, on ne s’intéresse pas à vous. Ni de connaître votre avis non plus. Partez, car les forces de la haine et de la mort l’ont emporté sur les forces de l’amour et de la vie. Partez, car au Liban, on mène la guerre au nom de la dignité de la terre, alors que la dignité de tout un peuple est écrasée. Partez, car le concept de l’unité nationale chez nous, c’est de s’aligner sur les positions du Hezbollah ou bien vous serez jugés en tant que traîtres. Camille MOURANI
Pourquoi toujours nous ?

Avec le recul, il est clair maintenant que tout était prémédité du côté israélien. Mais pourquoi toujours nous ? Qu’a fait au bon Dieu ce magnifique petit pays qu’est le mien pour mériter tant de haine et de morts ? Mon beau Liban, abandonné, encore une fois, par tous ces Grands, ces pays occidentaux qui se disent civilisés et démocratiques. Et il est...