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Actualités - OPINION

Bagdad, terrain de chasse des escadrons de la mort

Les yeux bandés, les mains attachées dans le dos, une balle dans la tête : le cadavre porte la marque des escadrons de la mort qui enlèvent et assassinent des dizaines de personnes chaque semaine dans Bagdad, en représailles aux multiples attentats antichiites. Parfois, la victime est décapitée ou égorgée. L’exécution peut être précédée de tortures, les cadavres portant souvent les traces de coups et de brûlures. Le déroulement des opérations est simple. Des individus décident d’une « cible », se déplacent sur son lieu de travail ou son domicile et l’enlèvent. « Parfois, la personne est tuée sur le moment, s’il y a des problèmes, mais le plus souvent, elle est emmenée pour être interrogée avant l’exécution », a expliqué à l’AFP un officier des renseignements irakiens, qui a requis l’anonymat. Dans beaucoup de cas, la victime « comparaît devant un Mouhakma Souwaria », un tribunal sommaire. « Un cheikh ou un imam se déplace, entend rapidement l’accusation et l’accusé, puis décide de la sentence. La plupart du temps la mort. Cela ne dure pas longtemps. La victime est alors exécutée quelques minutes plus tard », raconte cette source. Le corps est ensuite abandonné en ville, souvent dans le canal de Sadr City. Des dizaines de cadavres, souvent en piteux état, apparaissent ensuite à la station d’épuration de Roustamiya, dans le sud-est de Bagdad, près d’un camp américain. « Les escadrons de la mort opèrent librement », reconnaît le lieutenant-colonel Christopher Pease, commandant par intérim de la 4e brigade de l’armée américaine, en charge du nord de Bagdad. De source américaine, les escadrons bénéficient du soutien d’une part de la population, mais aussi « de la complaisance de certaines forces de sécurité », en grande majorité chiites. Les milices chiites (armée du Mehdi, organisation Badr) sont accusées de fournir le gros des effectifs des escadrons de la mort. « Les chiites sont en colère. Je le comprends, après les voitures piégées et les attentats-suicide visant les marchés. Il faut être réaliste : Sadr City est contrôlée par les milices et les policiers irakiens sont souvent complices », estime l’officier irakien. Autour de ce quartier populaire chiite, des postes de contrôle sont censés empêcher les escadrons de circuler librement avec des armes et surtout leurs victimes. Dans la réalité, ce sont de véritables passoires. « La police irakienne ne fait pas son travail », diagnostique un officier américain en patrouille. « Beaucoup de policiers sont des sympathisants des escadrons, mais surtout, beaucoup vivent à Sadr City. S’ils ferment les yeux, ils sont bien vus, parfois même rémunérés. S’ils tentent de s’interposer, ils se mettent en danger et leurs familles sont menacées », explique l’officier irakien. Patrick FORT (AFP)
Les yeux bandés, les mains attachées dans le dos, une balle dans la tête : le cadavre porte la marque des escadrons de la mort qui enlèvent et assassinent des dizaines de personnes chaque semaine dans Bagdad, en représailles aux multiples attentats antichiites. Parfois, la victime est décapitée ou égorgée. L’exécution peut être précédée de tortures, les cadavres portant souvent...