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Lettre ouverte aux jeunes de mon pays

Pour un homme de mon âge, c’est un choc certain de se retrouver parmi des parents et amis jeunes qui, dans un accès de dépression, vous lancent à la figure des mots de reproche pour le fait de n’avoir pas, comme tant d’autres, au moment opportun, quitté ce pays et découvert sous de nouveaux horizons une nouvelle vie. Parfois, dans mes moments de silence, je me pose cette terrible question et je plaide coupable, en espérant qu’un avocat du diable me tirera de ce mauvais pas. Mais je me dis aussi que le Liban représente une entité indestructible et que tous les gens qui ont quitté le Liban, malgré les vicissitudes de notre vie quotidienne, attendent toujours le moment opportun de revoir le pays qui les a vus naître. Le Liban, c’est comme un virus qu’on attrape et qui ne vous quitte plus. Tous les antibiotiques du monde, qu’ils s’appellent tranquillité, joie de vivre, succès ou gains faciles, s’effacent devant cette maladie originelle que chaque Libanais porte en lui et qui s’appelle l’amour de la mère - patrie. Si nous étions tous partis pour des horizons plus sereins, le Liban de nos pères, le Liban, pays de la coexistence pacifique entre les races et les religions, n’aurait plus existé et cet exemple que nous représentons pour le monde entier aurait perdu sa raison d’être. C’est vrai que nous avons subi des humiliations, des bombardements, des vexations et des profanations. Mais si on va au fond des choses, on voit qu’il y a toujours une main étrangère qui essaie de paralyser nos efforts, détruire nos espoirs, anéantir nos convictions, et cela avec un sadisme qui dépasse les bornes de l’imagination la plus satanique. La seule solution à tous nos problèmes, c’est que tous, chrétiens ou musulmans, main dans la main et sans arrière-pensées, nous affrontions nos problèmes. Nous ne voulons pas d’un Liban syrien, iranien, israélien ou américain. La seule chose qui doit nous motiver, c’est un Liban libanais, décidé à défendre son entité. Et dans quelques années, quand ces jeunes qui auront grandi retrouveront la mère patrie, ils sauront que leurs amis ont souffert et peiné pour leur permettre de vivre des lendemains qui chantent. Raymond NAHAS
Pour un homme de mon âge, c’est un choc certain de se retrouver parmi des parents et amis jeunes qui, dans un accès de dépression, vous lancent à la figure des mots de reproche pour le fait de n’avoir pas, comme tant d’autres, au moment opportun, quitté ce pays et découvert sous de nouveaux horizons une nouvelle vie.
Parfois, dans mes moments de silence, je me pose cette terrible...