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Actualités - OPINION

Le soutien sans frontières des étrangers « évacués » du Liban

Voilà plus de trois ans et demi que j’ai choisi de vivre au pays du Cèdre qui m’a donné le plus grand des bonheurs. Il continuera, j’en suis sûre, car loin de lui, quelles que soit les circonstances, je sais bien que je ne trouve pas mon oxygène. Je l’ai constaté dès hier, à Paris, dans les rues d’une ville qui m’a vue grandir. Et je me suis demandée combien de temps j’allais pouvoir tenir. Mais le plus important à mes yeux ce sont les Libanais et la tragédie à laquelle ils doivent résister, face à laquelle ils doivent tenir, coûte que coûte. Qu’ils sachent à travers notre expérience de l’évacuation, ce luxe pour ceux qui ne peuvent choisir, qui vivent un deuxième trauma, ceux qui sont pris au piège comme des rats, que le soutien des expatriés « évacués » du Liban n’a pas de frontières. Que les Libanais se le disent, et surtout qu’ils y croient quelles que soient les épreuves qui s’abattent sur eux, comme sur nous qui n’avons pas eu notre mot à dire ou notre conscience pour rester à leurs côtés. Certes, en mon nom je leur demande pardon de ne pas m’être montrée capable de résister à tant de violence, de ne pas avoir trouvé la force dans la révolte devant des actes aussi ignobles, d’avoir pleuré en leur disant que je partais plutôt que de les soutenir, d’avoir privilégié ma famille française, comme cela est prévu chaque année, au lieu de rester près d’eux dans l’adversité. Que les Libanais sachent que pour tous, ce départ est un déchirement. Mais que si ce déchirement peut servir à faire savoir à l’extérieur, alors, c’est que tous ensemble nous n’aurons pas tout perdu. Et qu’il sera alors temps, pour nous autres évacués d’un jour, de contribuer à l’effort commun avec notre modeste apport. Car depuis des années que le Liban fait la une, dans les pires moments et dans ses plus beaux espoirs, sachez que ceux qui vous rencontrent sont éblouis par votre force et votre courage. Et que quoi qu’il se passe, nous savons que vous résisterez. Nous sommes ébahis, à chaque jour qui passe, devant tant d’injustices, devant tous ces médias qui parlent, qui montrent mollement mais qui ne dénoncent pas. Des lambeaux d’enfants à reconstituer dans des sacs plastiques, « terrible bavure » – non, ce mot-là n’est même pas mentionné – pour lutter contre un ennemi mortel, ça pourrait bien choquer… Les images d’ailleurs, plutôt ces morts-là, ne sont même pas montrées à la face du monde. Un pays ravagé sans que les plus civilisés des pays n’interviennent, au nom des droits de l’homme, sans que des ambassades ne soient abandonnées en signe de protestation, sans que le pouvoir de l’argent et du commerce ne s’interrompt pour au moins mettre le belligérant étranger au banc des accusés. Oui, c’est un cauchemar qui s’abat dans ce mutisme de l’étranger, dans ce silence de ceux qui pourraient intervenir devant une actualité débordante qui fait la une, mais pas comme on le voudrait, ni comme vous autres la vivez dans la réalité. Si l’on cherche à couper le Liban du reste du monde, sachez que dans nos cœurs et que dans notre vie, dès aujourd’hui, par toutes sortes de moyens, nous ne vous oublions pas et surtout que nous allons revenir, car nous aurons alors appris à être plus fort, à entendre les explosions sans trembler de tout notre corps. D’ici là, vous aurez su tenir, intensifier cette solidarité multiconfessionnelle et apolitique qui balaiera les prétextes de vos pires ennemis et prouver que le cèdre millénaire est plus fort que tout, comme le Libanais, quelles que soient les épreuves. Alexandrine CASTAGNET Paris

Voilà plus de trois ans et demi que j’ai choisi de vivre au pays du Cèdre qui m’a donné le plus grand des bonheurs. Il continuera, j’en suis sûre, car loin de lui, quelles que soit les circonstances, je sais bien que je ne trouve pas mon oxygène.
Je l’ai constaté dès hier, à Paris, dans les rues d’une ville qui m’a vue grandir. Et je me suis demandée combien de temps...