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Actualités - CHRONOLOGIE

La délocalisation des entreprises dans les hôtels et les meublés pour que la vie continue

Rien décidément n’entame l’esprit d’adaptation et l’élan vital des Libanais. C’est la guerre, oui, mais la vie continue. Elle doit continuer. C’est là qu’est la vraie résistance : dans cette force d’aller de l’avant, de persister dans l’action, de ne pas sombrer dans le découragement, quelle que soit la situation. Quelle que soit l’ampleur de la catastrophe. L’heure n’est pas encore aux bilans, l’heure est aux initiatives concrètes, à tout ce qui peut contribuer à réduire la facture de cette guerre des autres – une fois encore, une fois de plus, une fois de trop ! – sur notre territoire. Réduire les frais, en continuant, tant bien que mal, à travailler, malgré les menaces et en dépit de l’abattement général. C’est ce qu’ont décidé de faire certaines sociétés commerciales et de services qui ont délocalisé leurs bureaux, suivant ainsi le mouvement migratoire de la population. Pris d’assaut aussi bien par les individus que par les entreprises, les hôtels de montagne affichent complet, jusqu’aux moindres recoins. S’il n’y a plus aucune chambre libre, il n’y a, non plus, aucune salle de conférences disponible. Louées, à la journée, par des compagnies – pour la plupart étrangères ou en relation avec l’étranger –, ces salles sont le théâtre d’une activité bourdonnante. C’est le cas, entre autres, de l’hôtel al-Bustan à Beit-Méry où, depuis lundi dernier, deux sociétés ont transféré une partie de leurs activités. La première est une multinationale américaine, dont les bureaux de Kantari, toujours ouverts et accessibles à une bonne moitié des employés, semblent être devenus le lieu de tous les dangers pour l’autre moitié, un groupe d’une quinzaine de personnes « réfugiées », avec famille et enfants, à Broummana, Baabdate et Beit-Méry. La seconde, une compagnie offshore qui travaille avec l’Afrique, a vu ses locaux, rue de Verdun, entièrement désertés par ses salariés qui manifestaient une certaine appréhension à se déplacer dans Beyrouth. Les deux sociétés ne pouvant se permettre de suspendre leurs activités régionales se sont installées provisoirement à l’hôtel. Des délocalisations partielles et temporaires « Nous ne voulons pas faire encourir le moindre risque, ni le moindre stress, à notre staff. Mais comme nous ne pouvons pas, non plus, nous permettre d’interrompre le travail, même pour un temps limité, nous avons choisi de suivre nos employés. Il se trouve que la moitié d’entre eux ont trouvé refuge dans la région du Metn, nous avons donc installé une antenne provisoire au Bustan », indique le directeur financier du bureau Moyen-Orient et Afrique du Nord de la compagnie américaine (qui préfère garder l’anonymat). Un accommodement qui convient à tout le monde : la moitié du bureau continue à se rendre au siège initial, l’autre moitié poursuivant son travail en toute quiétude... « Les gens ont peur de se déplacer. Il fallait leur permettre d’arriver à leur travail en toute sécurité », affirme, pour sa part, Rabih Asmar, Account Manager de la compagnie offshore, dont les transactions pétrolières avec le Nigeria ne pouvaient pas non plus êtres interrompues. Ce qui a poussé la société à se replier vers la montagne. « Dès le sixième jour de la guerre, nous nous sommes installés à l’hôtel, où nous avons également logé six personnes de notre effectif. D’autres vont suivre. Nous allons rester ici une dizaine de jours, dans l’espoir qu’au terme de ce délai, la situation se sera calmée. Sinon, nous délocaliserons vers Dubaï. Mais ce sera, là aussi, une délocalisation partielle et temporaire », insiste M. Asmar. Des appartements-bureaux Si la plupart des sociétés internationales choisissent de se loger dans les hôtels, c’est notamment parce qu’elles peuvent y bénéficier d’un réseau de communications performant (téléphones internationaux, Internet, courriel, etc.). Sauf qu’à la guerre comme à la guerre, on se débrouille avec les moyens de bord. Les hôtels sont sursaturés ? Les locations de maisons en montagne peuvent y suppléer. À Naas (Bickfaya), c’est un étage dans un immeuble résidentiel qui a été loué pour accueillir temporairement les locaux d’une société de logiciels (software), initialement située secteur du Musée, à Beyrouth. « Nous avons fui, non pas le danger, mais le bruit des bombardements », explique la directrice générale de la branche libanaise de cette entreprise internationale qui, elle aussi, préfère rester discrète ! « Notre travail, en liaison avec l’étranger, doit continuer, et avec cette agression – jusque-là ! – sonore, il devenait de plus en plus difficile de se concentrer. C’est pourquoi nous avons décidé de déplacer les bureaux dans des régions plus calmes. » À Naas, l’appartement inoccupé a vite été transformé en bureau. Les tables, ordinateurs, téléphone, fax et cable Internet ont été installés en moins de deux jours. Des chambres à coucher y ont été également aménagées, car il s’agit d’un appartement-bureau dans tous les sens du terme ! « Il héberge une équipe de dix personnes qui y travaillent et y dorment tout à la fois », indique la directrice. Qui signale qu’un second appartement loué à Awkar abrite également, dans les mêmes conditions, une deuxième équipe. « D’autres employés continuent à fournir à partir de chez eux leur part de travail. Et si, à Dieu ne plaise, la guerre persiste plus de trois mois, le tiers du bureau sera envoyé à Dubaï. Provisoirement. » Toujours ce mot qui revient, comme un leitmotiv, comme un talisman aussi, dans les propos des Libanais. Qui, forts d’une volonté inébranlable, résistent à toutes les épreuves et tiennent le coup face à toute les provocations.En espérant que ce ne soit pas le provisoire qui dure ! Zéna ZALZAL
Rien décidément n’entame l’esprit d’adaptation et l’élan vital des Libanais. C’est la guerre, oui, mais la vie continue. Elle doit continuer. C’est là qu’est la vraie résistance : dans cette force d’aller de l’avant, de persister dans l’action, de ne pas sombrer dans le découragement, quelle que soit la situation. Quelle que soit l’ampleur de la catastrophe....