Rechercher
Rechercher

Actualités

CRISE - Seuls 5 % des camions sont encore en activité La paralysie du transport terrestre entraîne dans son sillage d’autres secteurs

Le blocus total imposé au Liban n’a pas seulement affecté le secteur des transports aérien et maritime, complètement paralysés aujourd’hui. Le transport terrestre n’est pas en reste et subit de plein fouet les conséquences de la guerre. Les destructions des ponts et des routes ont ainsi rendu les connexions entre les régions difficiles, voire dans certains cas impossibles. Les attaques de camions transportant des marchandises ont fini par porter un coup de massue à un secteur qui, aux dires du président du syndicat des camionneurs, Chafic al-Kassis, faisait vivre de manière directe ou indirecte environ 23 % de la population active du pays. Avant le début du conflit, 14 000 camions de grande taille étaient en circulation, dont 1 800 assuraient le transport des marchandises du Liban vers l’extérieur. Auxquels s’ajoutent 150 000 pick-up et camions de petite taille, notamment spécialisés dans le transport des marchandises des usines vers le marché national. De cette flotte de 164 000 camions, 450 ont été détruits par les bombardements israéliens, occasionnant une perte financière estimée à plus de 200 millions de livres libanaises. Aujourd’hui, seuls 5 % des camions sont encore en service, transportant essentiellement des aides d’urgence et des produits de première nécessité vers les régions libanaises encore accessibles. Les 95 % immobilisés entraînent une perte quotidienne de l’ordre de 400 à 500 millions de livres, selon M. Kassis. Ce faible niveau d’activité a évidemment un impact sur le coût du transport terrestre. « Le prix de location des camions est resté le même, a expliqué M. Kassis à L’Orient-Le Jour. Des camions sont même affrétés gratuitement pour le transport des aides d’urgence. Mais du fait du risque énorme pris par les conducteurs, leurs rémunérations ont augmenté de plus de 60 %, voire doublé dans certains cas. » Quant au transport entre le Liban et l’extérieur, il est au point mort. Non seulement à cause du blocus imposé par Israël, souligne M. Kassis, mais aussi parce que les usines, qui n’ont pas encore été bombardées, ne travaillent plus. Bon nombre d’entre elles avaient pourtant leurs carnets de commande pleins avant le début du blocus. Certaines voient même de nouvelles commandes leur parvenir des pays arabes malgré la guerre. « Nous sommes aujourd’hui dans une situation paradoxale. Nous continuons de recevoir des commandes importantes d’Arabie saoudite, de Jordanie et de Libye, mais nous ne pouvons plus accéder à l’usine ni exporter notre production. Et pourtant, l’exportation constitue plus de 70 % de notre chiffre d’affaires », affirme, par exemple, la vice-présidente de la compagnie libanaise de produits cosmétiques Beesline, Maha Arayssi. Cette paralysie du transport terrestre affecte également le secteur agricole qui emploie 400 000 personnes, dont les trois quarts sont dans le Sud et la Békaa, régions actuellement les plus touchées par les bombardements. Les camionneurs n’ayant plus accès à ces régions, les récoltes restent dans les champs. Cela pose un problème aux agriculteurs, dont 95 % sont des journaliers et qui se retrouvent ainsi privés de tout revenu. « Les seuls produits agricoles qui arrivent encore à Beyrouth viennent du Nord, et une quantité infime de la Békaa », affirme Moustapha Bsat, ancien président du syndicat des exportateurs de fruits et légumes. Avec le secteur du transport terrestre, ce sont de nombreux secteurs d’activité qui se retrouvent ainsi paralysés. La guerre continue, quotidiennement, de détruire encore un peu plus les composantes d’une économie qui commençait à peine à sortir d’un profond marasme. Line RIFAÏ

Le blocus total imposé au Liban n’a pas seulement affecté le secteur des transports aérien et maritime, complètement paralysés aujourd’hui. Le transport terrestre n’est pas en reste et subit de plein fouet les conséquences de la guerre. Les destructions des ponts et des routes ont ainsi rendu les connexions entre les régions difficiles, voire dans certains cas impossibles. Les...