Terrorisme - Les extrémistes sont directement ou indirectement liés au Pakistan, affirme l’Inde Quatre arrestations dans le cadre de l’enquête sur les attentats de Mumbai

Quatre premières personnes ont été arrêtées dans le cadre de l’enquête sur les attentats sanglants de Mumbai, trois en Inde et un au Kenya, présenté comme responsable important d’un groupe extrémiste islamiste basé au Pakistan, ont annoncé des responsables. La police kényane a annoncé jeudi soir l’arrestation de l’un des suspects les plus recherchés en Inde, Abdul Karim Tunda, soupçonné d’être un membre important du Lashkar-e-Taiba, groupe extrémiste islamiste basé au Pakistan et montré du doigt après les attentats de Mumbai. L’homme, arrêté à Mombasa, « est recherché dans le cadre des attentats de Mumbai » et il devrait être extradé en Inde, a dit un responsable de la police kényane sous le couvert de l’anonymat. Selon un ancien responsable du contre-terrorisme indien, Bahukutumbi Raman, Tunda « est un membre très important du Lashkar-e-Taiba, et il est recherché dans un certain nombre de dossiers. (...) Selon les informations (des services), il a coordonné des activités du Lashkar en Inde depuis le Bangladesh ». La police indienne a rapidement estimé que les attentats coordonnés dans des trains et gares de Mumbai, qui ont fait 183 morts et près de 900 blessés le 11 juillet, semblaient porter la marque du Lashkar. Ce groupe, actif au Cachemire indien en proie à une insurrection séparatiste depuis 1989 et déjà accusé par New Delhi d’avoir perpétré d’autres attaques sanglantes en Inde, a affirmé n’être pas impliqué dans les attentats de Mumbai. Hier, la police indienne a aussi annoncé avoir arrêté, dans le cadre de cette enquête, trois hommes liés à des « groupes terroristes », ayant également des liens avec le Bangladesh et indirectement avec le Pakistan, mais dont le rôle dans les attentats de Mumbai reste à déterminer. « Nous avons arrêté des personnes. Elles font partie d’un vaste complot. Nous enquêtons sur leur rôle dans les attentats », a indiqué un haut responsable de la police de Mumbai, Jayjit Singh, chargé de la cellule antiterroriste. « Nous avons des preuves définitives que ces personnes sont liées à des groupes terroristes », a dit le responsable de l’enquête, K.P. Raghuvanshi. « Ces trois personnes ont des liens avec d’autres au Népal et au Bangladesh qui, directement ou indirectement, sont liées au Pakistan », a poursuivi M. Raghuvanshi. Le responsable a ajouté que le rôle exact de ces trois suspects dans les attentats de Mumbai « restait à établir », affirmant que de « grands acteurs » étaient impliqués dans ces attaques. Sans mettre officiellement en cause le Pakistan, le Premier ministre indien, Manmohan Singh, avait affirmé que les poseurs de bombes avaient reçu un soutien « de l’autre côté de la frontière » et appelé Islamabad à lutter davantage contre le terrorisme. Toutefois, il avait assuré que le processus de paix, entamé en janvier 2004 entre l’Inde et le Pakistan qui sont entrés trois fois en guerre dans le passé, se poursuivrait. Le Pakistan a immédiatement rejeté les allégations indiennes et a plaidé contre un ralentissement du « dialogue global » de paix. Lors d’une adresse à la nation jeudi soir, le président pakistanais, le général Pervez Musharraf, a estimé que le rejet mutuel des responsabilités ferait le jeu des terroristes. « Nous sommes tous contre le terrorisme, le Pakistan fait partie de la coalition internationale luttant contre le terrorisme. Mais à mon sens, s’accuser mutuellement ou se rejeter la faute est un premier signe de défaite », a dit le général Musharraf. L’Inde et le Pakistan avaient évité de justesse une quatrième guerre après un attentat contre le Parlement fédéral en décembre 2001, attribué notamment au Lashkar par Delhi.