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Le « maître de la pluie » aurait le pouvoir ancestral de commander aux nuages Un exorciste veille sur le ciel de Java

Haryobintoro Tjakra s’agenouille devant un bol de terre, de l’encens, deux parapluies noirs et un réchaud de céramique : ce sont ses outils de travail et sa mission est d’écarter la pluie. Cet Indonésien de 69 ans est un fameux « pawang hujan », ou « maître de la pluie ». Chez les Javanais pénétrés de mysticisme, on croit en son pouvoir ancestral de commander aux nuages. Cette fois-ci une firme multinationale fabriquant des cigarettes fait appel à sa magie. M. Tjakra devra, trois jours durant, protéger des averses tropicales les abords du stade de Djakarta où la société organise des événements promotionnels. Ce quartier de la capitale indonésienne est rempli de gratte-ciel en verre, mais le maître a choisi de s’installer sous une petite hutte qui détonne dans le paysage. Cela fait 24 heures qu’il jeûne, ainsi que sa femme et ses trois assistants, afin de doper leur force spirituelle. Il mêle à ses offrandes aux dieux un peu de terre du stade qu’il avait ramassée la semaine passée. La tête penchée, il alimente avec des bûchettes le réchaud, et des volutes parfumées remplissent son abri. « Je prie les dieux grâce au médium de la fumée », explique l’homme vêtu de noir. Il fait face à l’Ouest, la direction vers laquelle se tournent les musulmans en Indonésie. Mais la croyance qui l’anime remonte à bien avant l’arrivée de l’islam à Java, une île où le syncrétisme religieux est vivace. Dans la famille de M. Tjakra, le savoir-faire météorologique se transmet de père en fils. Ou de grand-père en petit-fils. On pourrait parler de dynastie de « pawang hujan ». M. Tjakra avait 46 ans et était général dans l’armée indonésienne quand il a été choisi par son grand-père (alors âgé de 89 ans) pour devenir le dépositaire de cette science paranormale. « Je ne le souhaitais pas mais comme je craignais que mon grand-père meure sans avoir transmis sa connaissance, je l’ai fait », confie-t-il. Son apprentissage a duré six mois, sur l’île de Madura, connue pour ses traditions séculaires. L’ensorceleur n’est pas bavard sur cette formation, mais il précise qu’elle a inclus la purification de son âme. La chanteuse canadienne Avril Lavigne (en 2005) et l’ancien pape Jean-Paul II (en 1989) ont en commun d’avoir bénéficié des exorcismes de Haryobintoro Tjakra. Lui-même se souvient avec nostalgie de son intervention pour le Saint Père, un autre spécialiste de la communication céleste. Les pouvoirs surnaturels d’Haryobintoro Tjakra étaient arrivés jusqu’aux oreilles de Tommy Suharto, le fils de l’ex-dictateur qui a gouverné 32 ans l’Indonésie. Tommy, un fan de course automobile, avait envoyé M. Tjakra en Nouvelle-Zélande pour qu’il débarrasse de la neige une piste de rallye. L’exorciste s’était ensuite vu offrir par la famille présidentielle une maison à Djakarta. Marianne KEARNEY (AFP)
Haryobintoro Tjakra s’agenouille devant un bol de terre, de l’encens, deux parapluies noirs et un réchaud de céramique : ce sont ses outils de travail et sa mission est d’écarter la pluie. Cet Indonésien de 69 ans est un fameux « pawang hujan », ou « maître de la pluie ». Chez les Javanais pénétrés de mysticisme, on croit en son pouvoir ancestral de commander aux nuages. Cette...