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Afghanistan - Opération massive anti-talibans dans la province de Helmand Les pertes civiles dues aux interventions des forces de la coalition suscitent l’inquiétude et la confusion

Les forces de la coalition, soutenues par des militaires afghans, menaient hier une opération anti-talibans massive dans le sud de l’Afghanistan, alors que des informations évoquant d’importantes pertes civiles lors de ces combats suscitent l’inquiétude chez les organisations des droits de l’homme. Des milliers de militaires afghans, britanniques, canadiens et américains participaient hier à une opération, lancée samedi dans le district de Sangin, dans la province de Helmand, faisant partie de la campagne « Assaut contre la montagne », la plus importante offensive lancée contre la rébellion depuis la chute du régime taliban fin 2001. « L’opération va réduire les capacités des extrémistes à intimider des civils afghans et attaquer les forces de sécurité afghanes comme les forces de la coalition dans le district de Sangin », a indiqué la coalition. Samedi, 37 talibans ont été tués et 22 blessés dans les affrontements, portant à près de 100 le bilan des morts depuis jeudi. Quatorze talibans ont par ailleurs été capturés. Sangin est le théâtre de combats réguliers avec des talibans accusés de s’être rallié le soutien de barons de la drogue dans la province de Helmand, premier lieu de production d’opium du pays. Parallèlement, des informations évoquant d’importantes pertes civiles lors des frappes de la coalition suscitent l’inquiétude chez les organisations des droits de l’homme, tandis que les responsables démentent, évoquant une propagande menée par les « extrémistes ». Toutefois, la Commission indépendante des droits de l’homme en Afghanistan (AIHRC) a indiqué hier que plus de 100 civils sont morts ou ont été blessés ces 3 derniers mois dans des opérations anti-talibans. Mardi déjà, un député et un civil avaient assuré qu’une soixantaine de civils avaient été tués dans une attaque aérienne menée par la coalition dans la province d’Uruzgan. La coalition a démenti, affirmant que seuls des « extrémistes » avaient été tués. Le gouverneur de la province a refusé de commenter, le ministère de l’Intérieur a assuré ne disposer d’aucune information de ce genre et la Commission indépendante des droits de l’homme à Kandahar a indiqué ne posséder aucune donnée concrète. Le président Hamid Karzaï a fait ouvrir une enquête. Quelques jours plus tard, la presse s’est fait l’écho de déclarations d’habitants du district de Nawzad, dans la province d’Helmand, disant que des dizaines de civils avaient trouvé la mort dans le bombardement d’un bazar et d’une école, mercredi, par des avions de la coalition. Un député d’Helmand, Dad Mohammad Khan, a dit à l’AFP avoir entendu parler de 25 civils morts tandis que certains médias faisaient état de différents chiffres pouvant aller jusqu’à 200 décès, précisant cependant que ces informations étaient impossibles à vérifier de manière indépendante. Le gouverneur de la province et le ministère de l’Intérieur ont assuré que seuls 19 talibans avaient été tués. Un porte-parole de l’armée britannique a confirmé qu’un bazar et une école avaient été bombardés, mais a certifié qu’il s’agissait de « cibles légitimes » : ces endroits étaient utilisés par les talibans pour lancer des attaques. Ces affirmations et contre-affirmations illustrent les difficultés qu’éprouvent les armées présentes en Afghanistan à combattre des insurgés qui se fondent parmi la population. « Il est difficile de distinguer qui est taliban. Ils portent tous les mêmes vêtements. Il faut être prudent », souligne un responsable occidental des droits de l’homme. La coalition, quant à elle, souligne que « les porte-parole des extrémistes fabriquent des informations quasiment tous les jours » et souligne que « la plus grande prudence » est respectée afin d’éviter toutes pertes parmi la population civile. Sam Zarifi, directeur de recherche pour l’Asie à l’organisation new-yorkaise Human Rights Watch, se demande cependant si « la coalition fait preuve de tout le discernement nécessaire dans le choix de ses cibles ». « La plupart des frappes semblent avoir lieu dans et autour de zones résidentielles », souligne-t-il. D’autre part, la sécheresse ayant détruit une grande partie des récoltes de blé, des millions d’Afghans doivent faire face à une pénurie alimentaire, ce qui pourrait renforcer l’aura des talibans, estiment plusieurs responsables afghans et étrangers. « Il y a beaucoup de villages où, parce que les agences de développement ne peuvent accéder normalement à cause de l’insurrection, les gens n’ont pas assez à manger », affirme un diplomate, ajoutant : « Si les talibans arrivent avec un peu d’argent, cela suffit à inciter les gens à les rejoindre. »
Les forces de la coalition, soutenues par des militaires afghans, menaient hier une opération anti-talibans massive dans le sud de l’Afghanistan, alors que des informations évoquant d’importantes pertes civiles lors de ces combats suscitent l’inquiétude chez les organisations des droits de l’homme.
Des milliers de militaires afghans, britanniques, canadiens et américains...