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Les fonctionnaires ne comprennent plus la logique des frappes israéliennes Dans les ministères de Gaza, les paris sont ouverts sur la prochaine cible

Les fonctionnaires du gouvernement dirigé par le Hamas à Gaza parient sur le prochain ministère bombardé par Israël, faute de comprendre la logique de frappes qui visent des cibles de moins en moins liées aux objectifs de l’opération. Une âcre odeur de brûlé flotte dans le bureau du vice-ministre de l’Économie Nasser Sarraj, pulvérisé samedi matin par un missile tiré à partir d’un hélicoptère israélien. Devant le divan calciné, Raëd Fattouh, le responsable de l’information du ministère, qui occupe la pièce adjacente, oscille entre indignation et perplexité. « Si vous allez voir les Israéliens, demandez-leur quel danger le ministère de l’Économie représentait pour Israël et pourquoi viser ce bureau, lance-t-il. Les Israéliens ne savent pas ce qu’ils font, ils nagent dans la confusion. » Dans un communiqué, l’armée israélienne s’est bornée à affirmer que le raid visait un ministère dépendant de « l’organisation terroriste Hamas ». « Ils sont en pleine confusion, ils ne savent pas quoi faire », approuve Anouar Tafech, employé au département des inscriptions de sociétés. « Il n’y a rien de surprenant à ce que les Israéliens attaquent des ministères politiques, comme celui de l’Intérieur ou des Affaires étrangères, mais quel objectif poursuivent-ils en frappant le ministère de l’Économie ? » s’interroge-t-il. Israël a lancé une série de raids nocturnes contre le gouvernement Hamas, tenu pour responsable de l’enlèvement d’un de ses soldats le 25 juin. Le 30 juin, il a frappé le ministère de l’Intérieur, puis le 2 juillet les bureaux du Premier ministre Ismaïl Haniyeh et jeudi le ministère des Affaires étrangères. « Nous nous attendions à ce que les services des trois dirigeants du Hamas visés par les menaces israéliennes, Ismaïl Haniyeh, le ministre de l’Intérieur Saïd Siam et celui des Affaires étrangères Mahmoud al-Zahar, soient touchés », explique Hadi Chebli, directeur du département Afrique du Nord au ministère des Affaires étrangères. « Quand ça a commencé, avec un collègue du ministère de l’Intérieur, on a fait un pari. Je lui ai dit : “S’ils bombardent notre ministère avant le tien, je t’invite à déjeuner, si c’est le tien, c’est toi qui m’invites” », ironise-t-il. « Mais nous avons été surpris que les avions israéliens bombardent le ministère de l’Économie », ajoute-t-il. Roula al-Afifi, du département de la coopération internationale avec les ONG au ministère des Affaires étrangères, avoue « n’avoir jamais compris la logique » de l’opération israélienne. « Mais maintenant, il n’y a plus de logique, estime-t-elle. Les Israéliens ne savent plus ce qu’ils font, il n’y a plus de logique dans leurs attaques. » « Je pense que, demain, ils vont bombarder le ministère des Finances, ajoute la jeune femme, qui désigne le bâtiment voisin de cet ensemble d’institutions gouvernementales. Eux, ils nous disent en rigolant“c’est notre tour”, mais ce n’est pas drôle. » Les fonctionnaires palestiniens reconnaissent désormais ne plus pouvoir deviner où tombera la prochaine frappe. « Maintenant que les Israéliens ne font plus la différence entre le politique et l’économique, il est difficile de prédire quel sera le prochain ministère touché, note Anouar Tafech. Pourquoi pas celui de l’Éducation ou de la Santé ? » Sélim SAHEB ETTABA (AFP)
Les fonctionnaires du gouvernement dirigé par le Hamas à Gaza parient sur le prochain ministère bombardé par Israël, faute de comprendre la logique de frappes qui visent des cibles de moins en moins liées aux objectifs de l’opération.
Une âcre odeur de brûlé flotte dans le bureau du vice-ministre de l’Économie Nasser Sarraj, pulvérisé samedi matin par un missile tiré à partir...