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Le nombre de prisonniers a doublé en huit ans dans l’État le plus peuplé du Brésil Le système pénitencier de São Paulo : un baril de poudre pour les experts

La vague de violences qui a fait au moins neuf morts la semaine dernière à São Paulo a mis en évidence une situation explosive dans le système pénitencier dont le crime organisé tire profit, selon les experts. «C’est plus qu’un baril de poudre, c’est de la nitroglycérine pure », estime Julieta Lemgruber, directrice du Centre d’études sur la sécurité et la citoyenneté à l’université Candido Mendes. « Le système pénitentiaire de l’État de São Paulo est devenu un monstre incontrôlable. Il y a une masse de pauvres qui ont commis des délits mineurs et qui peuvent se transformer en une masse de manœuvre et de pouvoir au service des grands criminels », indique-t-elle. Depuis mardi soir, l’État de São Paulo, le plus riche et le plus peuplé du Brésil, a connu plus d’une centaines d’attaques criminelles contre des objectifs policiers (commissariats), mais surtout civils : plus d’une soixantaine d’autobus ont été incendiés tandis que des agences bancaires, des supermarchés ou des concessionnaires ont été attaqués. Les attaques, lancées « contre l’oppression carcérale » selon des feuillets manuscrits laissés par les assaillants, auraient été ordonnées par l’organisation criminelle Premier commando de la capitale (PCC), qui opère à partir des prisons où se trouvent enfermés ses principaux chefs, théoriquement soumis à un régime de stricte surveillance. Le PCC dispose de relais à l’extérieur des prisons, dans les banlieues pauvres, où le taux de chômage peut atteindre 70 % chez les jeunes. Cette organisation est jugée responsable de la vague de violences qui avait fait au moins 170 morts, dont 41 agents des forces de l’ordre, entre le 12 et le 19 mai à São Paulo, avec des centaines d’attaques contre la police et des cibles civiles et plus de 80 mutineries dans les prisons. Une offensive déclenchée pour protester contre le transfèrement de centaines de détenus vers une prison de haute sécurité. Les 144 prisons de l’État de São Paulo abritent quelque 140 000 détenus, soit 40 % de la population carcérale du Brésil. Le nombre de prisonniers a doublé en huit ans, selon une étude récente. « C’est l’État qui emprisonne le plus les délinquants mais qui contrôle le moins les activités des prisonniers », soulignait vendredi le professeur de droit pénal Mauricio Zanoide à la télévision Globo. « Le PCC constitue une sorte de mutuelle pour protéger ses membres dans le pur style de la mafia, (...) mais il impose la discipline par la terreur », selon M. Zanoide. Depuis l’offensive de mai, 14 gardiens de prison ont été assassinés, vraisemblablement sur ordre du PCC, selon la police. Fin juin, la police avait abattu 13 personnes soupçonnées de vouloir attaquer un centre de détention provisoire pour tuer des agents pénitentiaires. La situation dans les prisons, déjà surpeuplées, s’est aggravée avec la destruction de plusieurs établissements pénitentiaires par les détenus lors des récentes mutineries. Dans la prison d’Araraquara (270 km au nord de São Paulo), plus de 1 400 détenus se sont ainsi retrouvé entassés à l’air libre sur 600 m2 en raison des dégâts subis par les autres ailes de leur établissement. Le gouverneur de l’État, Claudio Lembo, a lui-même reconnu que les attaques se poursuivraient : « Il y aura des sursauts de violence, sur une pente décroissante », a-t-il déclaré la semaine dernière. Conscient des carences du système, le gouvernement brésilien étudie un projet de remises de peines pour les détenus qui poursuivraient leurs études en prison.
La vague de violences qui a fait au moins neuf morts la semaine dernière à São Paulo a mis en évidence une situation explosive dans le système pénitencier dont le crime organisé tire profit, selon les experts.
«C’est plus qu’un baril de poudre, c’est de la nitroglycérine pure », estime Julieta Lemgruber, directrice du Centre d’études sur la sécurité et la citoyenneté à...