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FESTIVALS - Une saison culturelle et artistique compromise Les comités annulent ou reportent les spectacles et restent dans l’expectative

La saison des festivals est bien partie. Partie à vau-l’eau. Avec, en bonus, force feux d’artifices ! Un festival d’un autre genre, agressif et meurtrier, balaye tous les autres, porteurs de beauté et d’espoir. C’est aujourd’hui la danse de la mort, le concert des canons, les spectacles de désolation. Une nation prise en otage et soumise à l’horreur, au blocus. La résistance du Liban passe par sa culture aussi. Et les comités des festivals internationaux ou locaux relevaient avec beaucoup de courage, de détermination et de qualité ce défi qui s’imposait à eux chaque année, chaque saison, à chaque spectacle. Aujourd’hui, même cette forme d’expression est interdite. Par la force. Celle du fer et du feu. Celle de la laideur et de la haine. Avant-hier encore, alors que les premiers missiles s’abattaient sur le pays, les publicités des trois grands festivals annonçaient à la télévision l’arrivée des artistes. Le matin, le pays se réveillait, sonné, avec un goût amer de déjà-vu et déjà vécu. Les événements artistiques qui devaient étayer et « égayer » la saison s’en trouvent chamboulés. Il est encore trop tôt pour pronostiquer le maintien du calendrier des festivals, mais il est certain que la saison est déjà compromise. Le Festival international de Baalbeck, qui célébrait cette année son 50e anniversaire, a annoncé le report à une date ultérieure de son premier spectacle, qui était prévu, hier jeudi, avec la diva libanaise Feyrouz. Seuls les habitants de Baalbeck ont pu profiter du spectacle Sah el-Nom, puisque l’avant-première du mercredi leur était consacrée. Les quatre premières soirées avec Feyrouz se jouaient à guichets fermés alors que des dizaines de milliers de touristes de pays arabes et de Libanais résidant à l’étranger se trouvent au pays pour la saison estivale, désormais totalement gâchée en raison de l’offensive israélienne lancée mercredi. Quant au Festival de Beiteddine, qui devait démarrer dimanche 16, avec un spectacle de la danseuse étoile du Royal Ballet de Londres, Sylvie Guillem, il a été « suspendu de facto » en raison de l’opération militaire israélienne contre le Liban et de la fermeture de l’aéroport, a indiqué la présidente du festival, Nora Joumblatt. « La programmation à long terme est tributaire de la situation. Nous gelons nos activités jusqu’à nouvel ordre », a déclaré le comité de Beiteddine, précisant que les billets du spectacle de Sylvie Guillem seraient remboursés à partir de lundi, au Virgin Megastore du centre-ville. « Répondre aux pulsions de mort par des pulsions de vie. » C’est ce qu’a affirmé hier Naji Baz, responsable des productions artistiques à Byblos. « Écœuré mais blindé, comme tous ces Libanais », Baz ajoute que pour lui « la page 2006 est déjà tournée et je commence à réfléchir à la programmation de l’an prochain. Si aucune décision n’a encore été prise pour tout le programme (gelé pour l’instant, car nous attendons de contacter les artistes), le concert de Sean Paul, qui devait avoir lieu le samedi 15 juillet, est annulé. » « La date de remboursement des billets se fera à partir de lundi au Virgin Megastore du centre-ville », assure, par ailleurs, Latifé Lakkiss, la présidente du comité du Festival de Byblos. Quant aux Estivales de Deir el-Qamar, les activités de ce week-end sont reportées, à savoir : les expositions de Samer Mohdad et Christian Catafago à la Qaïssarieh, le concert des The Real Deal Blues Band ainsi que la journée des peintres prévue dimanche. Les billets du concert seront remboursés à partir de lundi aux points de vente. Enfin, le spectacle Et maintenant, présenté sur la plage sud de Jbeil (Ziri), organisé dans le cadre de Gubal 7000, est également reporté. Trop tôt pour décider de l’avenir festivalier du Liban ou trop tard pour les Libanais ? La réponse revient au même, car il est évident qu’à chaque fois que ce pays tente de se relever, certaines intentions malveillantes sont à l’affût pour contrer ce projet. N’en déplaise à certains analystes politiques – pour qui la bonne santé du pays ne dépend pas d’un simple souffle de narguilé, d’un plat de « hommos » ou d’un déhanchement dans une boîte nuit –, les manifestations festives et artistiques sont les signes d’une douceur de vivre. Elles expriment la volonté d’un peuple à défier les événements. La légèreté de l’être serait-elle tellement insoutenable ?
La saison des festivals est bien partie. Partie à vau-l’eau. Avec, en bonus, force feux d’artifices !
Un festival d’un autre genre, agressif et meurtrier, balaye tous les autres, porteurs de beauté et d’espoir. C’est aujourd’hui la danse de la mort, le concert des canons, les spectacles de désolation. Une nation prise en otage et soumise à l’horreur, au blocus. La résistance...