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Urbanisme Nettoyer les écuries d’Augias

En septembre prochain, le décret réglementant la construction dans Beyrouth, le fameux «zoning», aura cinquante-deux ans (décret 6285 du 11/09/54). Un délai d’un demi-siècle et des poussières ne paraît pas avoir suffi aux responsables de l’urbanisme pour se rendre compte qu’il est temps de rénover, sinon mettre carrément au rancart cette réglementation archaïque, à l’origine de toutes les enflures architecturales qui envahissent le paysage urbain de Beyrouth. En 1954, le Liban s’offrait de nouvelles lois de construction. Les juristes qui, à l’époque, avaient concocté le décret se disaient qu’il fallait doter la municipalité d’un outil pratique pour pallier le chaos qui commençait à s’installer dans la ville. Ils pensaient bien faire sûrement. Était-ce déjà la courte vue de nos planificateurs concernant l’avenir, ou bien les yeux grands ouverts sur la perspective des bénéfices que cette réglementation allait pouvoir accorder à tous les propriétaires de terrains à Beyrouth ? Allez donc savoir ! Mais qu’importe en fin de compte. À cette époque, dans le monde entier, des principes d’urbanisme moderne se mettaient en place. Chez nous, ce fut plutôt une logique simpliste qui a prédominé. Le centre grouillait d’activités, il attirait les investisseurs, il fallait donc lui accorder des fortes densités et des grandes hauteurs. À la périphérie, plus calme, on pouvait se permettre de les réduire, mais pas trop cependant. Dès le départ, les conséquences de ce rudimentaire plan directeur s’avérèrent désastreuses. Le tissu urbain historique commença à se désagréger et les constructions anciennes qui le caractérisaient se mirent à disparaître les unes après les autres, les parcelles vidées se remplissant de bâtisses dix fois plus volumineuses et dix fois plus élevées que celles que l’on démolissait. Huit ans après la naissance de ce «zoning», le Conseil supérieur de l’urbanisme (CSU) était créé (loi de l’urbanisme du 24/09/61). Depuis cette date, soit trente-quatre ans plus tard, les membres de ce conseil n’ont pas encore compris l’urgence de procéder à la modernisation du décret en question. Les attributions du CSU étaient pourtant claires. Elles stipulaient en particulier que: a) « elles englobent toutes les affaires d’urbanisme »; b) « elles requièrent des membres de donner leur avis sur les plans et les règlements d’urbanisme». Concernant Beyrouth, se souvient-on seulement d’une quelconque application de ces prescriptions? Aujourd’hui, pour résoudre l’imbroglio des permis de construire dans la fameuse «couronne» entourant le centre, il y a pléthore de spécialistes qui vous prodiguent beaucoup de conseils. Recommander par exemple de faire pour la moindre construction des études d’impact, formule très «in» ces temps-ci, en vue de l’harmoniser avec l’ensemble est une ineptie. L’ensemble tel qu’il est régi par le zoning existant est boiteux. Il est impératif de le réformer d’abord. Les études que l’État peut et doit entreprendre, ou «dirasset» comme on se plaît à les dénigrer aujourd’hui, sont incontournables. Elles seront utiles à condition de ne s’occuper que de l’essentiel qui, au point où en sont les choses, consistera à maîtriser les formes, anciennes et futures, ainsi que les espaces interstitiels qu’elles produisent, à l’exclusion de tout le reste. Si l’on met à contribution des personnes capables, intègres et courageuses, on peut s’attendre à des résultats. S’entêter à les confier à des «bureaux de consultants», toujours les mêmes d’ailleurs, sclérosés en ce qui concerne la synthèse et spécialisés seulement dans les analyses redondantes et fastidieuses de l’existant, ne conduira à rien. En outre, la méthode du cas par cas, présentée comme une alternative aux études normales, ouvrira la voie à des marchandages interminables avec l’un ou l’autre des membres du CSU, en dehors du cadre officiel comme de bien entendu. Elle perpétuera une habitude qui consiste à dégager des lois générales à partir d’une collection d’avantages donnés à des particuliers. Grégoire SÉROF

En septembre prochain, le décret réglementant la construction dans Beyrouth, le fameux «zoning», aura cinquante-deux ans (décret 6285 du 11/09/54). Un délai d’un demi-siècle et des poussières ne paraît pas avoir suffi aux responsables de l’urbanisme pour se rendre compte qu’il est temps de rénover, sinon mettre carrément au rancart cette réglementation archaïque, à...