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Actualités - OPINION

TRIBUNE Doit-on absolument choisir entre marginalité et «politiquement correct»?

Dans un Liban en pleine crise politique, les Libanais se sentent non seulement désorientés et essoufflés, mais pire encore: ils ont perdu leurs repères. En effet, observer un peu de recul par rapport à la petite politique dans laquelle se démènent nos «dirigeants» n’est pas chose facile. Nos concitoyens doivent choisir entre deux attitudes : soit se conformer aux nouveaux concepts politiques 2005-2006 basés sur la corruption de l’esprit, et cela afin d’être politiquement et socialement correct et acceptable; soit rester fidèle aux repères et aux principes légitimes, en donnant son avis en toute franchise, sans prendre en compte les considérations dictées par la classe politique, ce qui a pour conséquence l’exclusion et la marginalisation. Après avoir réussi à servir leurs intérêts au détriment des principes, nos politiciens ont réussi à corrompre l’esprit d’une partie de la population en lui infligeant des concessions fondamentales au niveau de la responsabilité historique et nationale. Ainsi, toutes les personnes ayant parrainé l’occupation syrienne et celles qui ont participé à la corruption et au pillage des caisses de l’État sont réhabilitées, excusées et défendues. Face à la pression et au lavage de cerveau médiatique, beaucoup de citoyens ont abdiqué et ont inconsciemment accepté ces concessions. C’est pour ces raisons que beaucoup ne se révoltent plus quand ils assistent à des alliances politiques contre nature, à des débordements sécuritaires, à des scandales financiers sur fond de corruption… Ce sont malheureusement aujourd’hui nos compagnons de lutte d’hier qui justifient, protègent et même couvrent des groupes ou des comportements auxquels nous avons résisté pendant de longues années. Ainsi, certaines vérités de La Palisse sont aujourd’hui taboues et inacceptables. Par exemple, dire aujourd’hui: – Que le Courant du futur ou le PSP ont parrainé pendant 15 ans l’occupation syrienne et la corruption qui en a découlé. – Que ces deux mouvements monopolisent la vie politique, imposant leur vision, leurs stratégies et leurs priorités à l’ensemble des Libanais. – Que le Hezbollah est un mouvement armé dont la devise n’est autre que «la révolution islamique au Liban» et, par conséquent, qu’il ne peut être défini que par le terme de «milice islamiste». – Que le mouvement Amal, un des piliers de l’occupation syrienne, a activement participé à la corruption de certaines administrations. – Qu’il existe dans l’histoire du Liban contemporain un mouvement libanais appelé la Résistance libanaise qui a combattu l’occupation palestinienne et syrienne; et dont la reconnaissance officielle, ainsi que celle de ces martyrs qui ont donné leur vie pour l’indépendance du Liban, est fondamentale. – Qu’un pays sortant d’une occupation de trente ans ne peut entamer des relations amicales avec l’ex-occupant qu’après avoir obtenu des excuses officielles, des dédommagements matériels et la libération de tous les détenus politiques. – Que l’identité d’un pays multiculturel ne peut être celle d’une partie de sa population, en l’occurrence l’identité arabe, mais tout simplement une identité libanaise plurielle qui reconnaît et respecte toutes les composantes du pays. – Que l’accord de Taëf n’est autre qu’un accord d’armistice qui a légitimé l’occupation syrienne du Liban et consacré la victoire d’une partie des Libanais sur une autre. – Que la population libanaise a trop souffert pour que l’on maintienne en place un régime politique qui ne garantit ni la prospérité, ni la paix et surtout pas le respect du pluralisme culturel du Liban. Énoncer ces vérités est considéré aujourd’hui «politiquement incorrect» non seulement par les collaborateurs d’hier et d’aujourd’hui, mais également par leurs nouveaux alliés, nos compagnons de lutte face à l’occupation syrienne qui semblent atteints de schizophrénie ou d’amnésie. Ils nous taxent d’extrémistes et de traîtres alors que notre seule faute, c’est d’être restés fidèles à nos principes, ceux que leurs intérêts immédiats ne leur permettent plus de défendre. Face au choix entre les deux attitudes (marginalisation ou politiquement correct), nous considérons que l’abandon des principes crée une exclusion d’un autre genre qui n’est ni politique ni sociale: celle qui est inhérente à l’esprit de l’homme. En effet, l’abandon des principes crée un sentiment de solitude et de malaise intérieurs pires que n’importe quelle autre marginalisation et c’est celle-ci qui est la plus troublante. Pour ces raisons, il est demandé à chacun de nous de demeurer fidèle à ses principes et de ne pas succomber à cette propagande agressive. Ne suivons pas aveuglément les autres. Défendons nos idées et nos principes à haute voix et ne soyons pas intimidés par le grand nombre de fausses vérités qui circulent. Enfin, ayons le courage de marcher à contre-courant pour qu’un jour nos principes redeviennent, eux, le politiquement correct. Samy GEMAYEL

Dans un Liban en pleine crise politique, les Libanais se sentent non seulement désorientés et essoufflés, mais pire encore: ils ont perdu leurs repères. En effet, observer un peu de recul par rapport à la petite politique dans laquelle se démènent nos «dirigeants» n’est pas chose facile. Nos concitoyens doivent choisir entre deux attitudes : soit se conformer aux nouveaux concepts...