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De Thaïlande, avec tout mon amour pour le Liban

La lettre qui suit est un hymne d’amour au Liban, écrit par une femme née de père libanais et de mère française, aujourd’hui mariée à un Thaïlandais et qui n’aura connu son pays de (lointaine) origine qu’au hasard d’un voyage organisé. Elle a voulu rassembler des bribes de souvenirs pour en parler. Je voudrais vous dire que je viens d’avoir 56 ans et vous raconter une histoire, belle malgré tout. La mienne. Mon père, décédé il y a douze ans, avait épousé ma mère, une Française du sud de la France. Il avait rejoint l’armée française quand, à la suite du décès de sa mère, il s’était retrouvé orphelin très jeune. C’est lui qui m’a inculqué l’amour de sa mère patrie, la générosité et donné une éducation imprégnée des principes qui sont, me dit-on, ceux du Liban, mais cela je ne le savais pas... Ce pays, j’ai pu enfin en faire la connaissance, une première fois à l’âge de 21 ans, à l’occasion d’un voyage en groupe, une seconde fois il y a huit ans. Sans pouvoir, hélas, retrouver des traces de ma famille. Mon père a emporté avec lui son secret mais, parfois, j’ai l’impression que mes ancêtres me parlent, qu’ils m’aiment, qu’ils sont là, tout proches. Je vis en Extrême-Orient la plupart du temps. Ici, il y a très peu de Françaises mariées à des hommes du pays. Moi, cela me fait 28 ans. J’aime entendre les gens dire que le drapeau du Liban est un sapin de Noël. C’est merveilleux ce que les gens me donnent ici, où la structure familiale est proche de celle de la famille libanaise. Mais tout de même, ne pas pouvoir retrouver trace des miens... Enfin, je me dis que si le drapeau du Liban incarne, grâce au cèdre, l’éternité, alors je dois continuer à espérer. Le Liban est si profondément ancré dans mon cœur qu’il m’arrive de penser que je n’ai pas besoin de continuer à chercher et à me souvenir de Deir el-Kamar, où mon père est né, de Beiteddine, le village de ma grand-mère, de Jezzine... Mais tout de même, elle a dû être très belle, l’histoire de ces deux êtres venus chacun de son village et qui se sont aimés. Une amie m’a dit un jour: «Tu as certainement été Libanaise dans une autre vie.» Eh oui, j’ai les yeux verts, comme les filles de Deir el-Kamar. Mon mari croit qu’il y a un trésor qui m’attend au Liban. Mais une connaissance s’est chargée de lui rappeler que là-bas, il n’y a pas de pétrole, une manière de le taquiner pour m’avoir épousée. Je remercie votre journal qui a bien voulu écouter le chant de mon cœur, comme d’un lointain souvenir dont je garde le nom, Boulos. C’est tout ce qui me reste de ma famille, et aussi ce besoin de chanter le Liban. Après tout, c’est grâce à lui que mon mari m’a épousée, moi la capricieuse comme une Libanaise. Depuis, il est devenu plus Libanais que moi. Il adore le kebbé et parle de ce pays d’où son épouse est (lointainement) originaire. Ma belle-sœur est convaincue qu’il s’agit d’un pays qui n’existe que sur la lune, car dans son agence de voyages, personne ne demande cette destination. Pas d’ambassade ici ni même un consulat. Mais je suis, moi, l’ambassadrice résidente, dans cette Thaïlande pleine de charme. Puisse Dieu éclairer les cœurs des Libanais! Voilà. Du pays du sourire je vous adresse cette lettre pour vous dire tout mon bonheur d’être pour moitié cèdre et pour moitié rizière. Cécile SISIRPOONYOTHAI

La lettre qui suit est un hymne d’amour au Liban, écrit par une femme née de père libanais et de mère française, aujourd’hui mariée à un Thaïlandais et qui n’aura connu son pays de (lointaine) origine qu’au hasard d’un voyage organisé. Elle a voulu rassembler des bribes de souvenirs pour en parler.

Je voudrais vous dire que je viens d’avoir 56 ans et vous...