Larijani avait demandé un report d’une semaine de la rencontre initialement prévue pour hier avec Solana L’Iran sommé de répondre aujourd’hui à l’offre des grandes puissances

Le négociateur iranien sur le nucléaire a tenté hier de gagner du temps en reportant une rencontre avec le diplomate européen Javier Solana, mais ce dernier ne lui a donné qu’un jour de plus, jusqu’à aujourd’hui, pour réagir à l’offre de coopération des grandes puissances. Tard mardi soir, selon le porte-parole de M. Solana, les Iraniens ont appelé pour reporter la rencontre que leur négociateur en chef sur le nucléaire Ali Larijani devait avoir mercredi à Bruxelles avec M. Solana, qui mène les négociations au nom de six grandes puissances (États-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France, Allemagne). Le haut représentant de l’UE pour la politique extérieure attendait de cette rencontre « une première réponse » des Iraniens à l’offre de coopération qu’il a présentée à Téhéran au nom de ces pays le 6 juin dernier. Cette offre est conditionnée à une suspension préalable par Téhéran de toute activité d’enrichissement d’uranium, activité qui fait craindre à la communauté internationale que l’Iran ne cherche à se doter de la bombe atomique. Lors de cet entretien téléphonique, M. Larijani a demandé que la rencontre soit reportée à la semaine prochaine. M. Solana a refusé, insistant pour qu’elle ait lieu dès aujourd’hui et M. Larijani a fini par accepter. « J’avais dit clairement aux Iraniens et à M. Larijani que nous voulions avancer rapidement pour examiner ensemble les idées que je lui ai présentées le mois dernier », a expliqué M. Solana dans un communiqué. En clair, M. Solana a dit à M. Larijani « qu’attendre encore une semaine était impossible » et qu’« il fallait avoir un contact avant », a expliqué à l’AFP la porte-parole de M. Solana, Cristina Gallach. Javad Vaïdi, adjoint de M. Larijani pour les questions internationales, a confirmé à l’AFP que M. Solana avait invité M. Larijani « à dîner jeudi soir et M. Larijani a accepté cette invitation ». Les dirigeants des grandes puissances tiennent à pouvoir évaluer cette première réponse iranienne lors du sommet du G8 prévu du 15 au 17 juillet à Saint-Pétersbourg. Une réunion des ministres des Affaires étrangères des six pays à l’origine de l’offre est prévue le 12 juillet, en principe à Paris. D’ici là, M. Solana devrait avoir vu deux fois M. Larijani, lors d’un dîner en tête à tête jeudi à Bruxelles, et de nouveau le 11, cette fois en présence de représentants des six pays. M. Vaïdi a souligné que les négociations entre MM. Solana et Larijani auraient lieu le 11, plutôt que lors du dîner de jeudi. Preuve de l’impatience grandissante des Six – qui menacent en cas de rejet de l’offre de relancer l’étude de mesures contre l’Iran au sein du Conseil de sécurité de l’ONU –, le président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre britannique Tony Blair ont insisté mardi pour obtenir une réponse rapide des Iraniens. De source européenne, on précise que les Iraniens avaient justifié leur demande de report de la rencontre avec M. Solana par la présence prévue ce mercredi au Parlement européen à Strasbourg de Maryam Radjavi. Mme Radjavi est le leader du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), vitrine politique des Moudjahidine du peuple, principale opposition armée au régime de Téhéran. Les Moudjahidine du peuple, interdits en Iran, sont considérés comme un groupe terroriste par l’Union européenne mais aussi par les États-Unis. L’audition de Maryam Radjavi par une commission parlementaire a finalement été annulée. Elle a elle-même justifié ce report devant les journalistes, expliquant qu’elle ne voulait pas que son audition par les eurodéputés serve de « prétexte » au régime iranien pour rompre les négociations avec les Occidentaux.