Rechercher
Rechercher

Actualités

Khomeiny a autorisé par fatwa l’opération pour raisons physiologiques Changer de sexe en Iran, un défi aux pressions de la société

«Rien n’a changé, à part mon sexe », constate Rima, une Iranienne qui s’appelait Amir avant l’opération qui l’a fait changer de genre, en déplorant la difficulté à s’insérer dans la société. C’est que raconte une jeune cinéaste iranienne, Sharareh Attari, 32 ans, dans un documentaire audacieux : Cela arrive, parfois. Le sujet est particulièrement sensible dans la République islamique, où toute « déviation » sexuelle est punie par la loi. Le transsexualisme y reste largement perçu comme un genre d’homosexualité, qui reste un « crime » dont le châtiment peut valoir jusqu’à la peine de mort s’il est répété. Les opérations de changement de sexe n’en sont pas moins autorisées pour ceux dont la médecine constate que leur corps est en conflit avec leur esprit, un défi dans une société conservatrice, marquée par les interdits religieux. La jeune femme voit dans l’autorisation des autorités, la première pour un film de ce genre, de procéder mardi à Téhéran à une projection unique une preuve que « la société avance lentement » pour accepter les différences en son sein. L’entrée à la Maison des artistes de Téhéran était sur invitation, et une centaine de personnes, comprenant un éventail de médecins, sociologues, députés et simples curieux, s’y sont pressées. Le documentaire retrace, en quelque 40 minutes, les tribulations d’un jeune homme de 21 ans qui veut « adapter son corps à son esprit ». Il s’ouvre sur un éventail de jugements de personnes de la rue. Dans un bus, un religieux explique que « comme ils n’aiment pas Dieu, ils ne s’aiment pas eux-mêmes ». Une mère de famille ose, elle, affirmer qu’ils « sont comme nous ». Un chirurgien, le Dr Barham Mirjalali, clôt le débat en expliquant que parfois la nature donne à une personne des attributs ne correspondant pas à sa psyché. Ali, un ami d’Amir qui a choisi de s’appeler Hilda, a cependant du mal à faire accepter sa condition à sa famille. Quand il sort, il se maquille et se change dans le parking. Le père d’un autre est prêt à lui donner l’argent pour une opération à condition qu’il quitte à jamais la maison familiale. La mère d’Amir, Nasrin, infirmière, a « toujours entendu parler de telles choses », mais elle « ne peut s’habituer à cette situation », elle qui ne sait que répondre aux questions des voisins. Une fois passé l’opération, Rima se rend dans la ville sainte de Qom pour y interroger un religieux, car elle craint d’avoir « agi contre les préceptes de la religion ». Le théologien la rassure sur le fait que « changer de sexe n’est pas changer d’âme », et rappelle que le fondateur de la République islamique, l’imam Rouhollah Khomeiny, a autorisé par fatwa, ou décret, le changement de sexe pour raisons physiologiques. Le conservatisme de la société reste pourtant plus fort que le quitus des religieux ou les avis de la médecine, constate le documentaire. Sharareh Attari savait que son film n’avait aucune chance d’être diffusé publiquement en Iran, mais elle espère inspirer des réalisateurs « qui ont plus de poids » pour traiter à leur tour des sujets aussi délicats. Le réalisateur Khosro Sinaiee parie lui sur la jeunesse. La jeune génération « est née dans ce système, et se moque d’être traitée durement, comme ceux de ma génération le craignent, elle ne voit pas les frontières à la même place », dit-il.

«Rien n’a changé, à part mon sexe », constate Rima, une Iranienne qui s’appelait Amir avant l’opération qui l’a fait changer de genre, en déplorant la difficulté à s’insérer dans la société. C’est que raconte une jeune cinéaste iranienne, Sharareh Attari, 32 ans, dans un documentaire audacieux : Cela arrive, parfois.
Le sujet est particulièrement sensible dans la...