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ÉTATS-UNIS - Des dizaines de femmes de la US Air Force ont été punies pour avoir dénoncé leurs agresseurs Violée par son supérieur, une ancienne élève dénonce l’univers fermé de l’Académie militaire

« Je m’appelle Beth Davis et je suis une ancienne élève officier de l’Académie de l’armée de l’air des États-Unis. J’ai été violée et agressée à plusieurs reprises par un supérieur de mon escadron. » La jeune femme brune s’adresse à une commission parlementaire de la Chambre des représentants. « Tous mes rêves se sont littéralement écroulés », dit-elle, lors d’une audition consacrée aux agressions sexuelles dans les hautes écoles militaires. D’une voix posée soudain brisée par les larmes, elle raconte « sa fierté d’avoir été acceptée à l’Académie » et combien elle « rêvait du jour où elle serait diplômée et piloterait son jet pour la défense de son pays ». Dès sa première année dans la prestigieuse école du Colorado (Ouest), Élisabeth Davis, alors âgée de 17 ans, subit les assauts d’un cadet de la promotion supérieure. « Dans une situation où j’étais soumise au chantage, menacée et dégradée chaque jour, je me trouvais profondément angoissée », témoigne-t-elle. À son arrivée en 1999 dans l’Académie, les femmes élèves officiers avaient prévenu les nouvelles : « Il est très probable que vous soyez violées ou agressées sexuellement pendant vos études à l’Académie », mais elles les avaient mises en garde : surtout, « si vous êtes attaquées, ne le dites pas aux autorités car cela détruirait votre carrière ». « Les images de ces femmes sont passées dans mon esprit et m’ont dissuadée de rapporter immédiatement ces crimes auprès de mes officiers commandants », s’est rappelée la jeune femme de 25 ans. Cependant « ses rêves n’ont pu (la) porter » plus longtemps, « la douleur endurée entre les mains de (son) supérieur » était trop forte, et elle a finalement « craqué » et s’est rendue au Bureau des enquêtes avec son « histoire ». Là, on lui promet d’abord des « investigations » avant de lui apprendre que son dossier a été clos « pour son propre bien ». On lui ordonne d’aller voir un psychologue qui diagnostiquera « quelque chose qui doit entraîner (son) expulsion de la base ». On lui reprochera d’avoir eu des relations sexuelles dans les dortoirs, d’avoir « fraternisé » car son violeur était un supérieur et d’avoir détenu de l’alcool, car son agresseur en achetait pour ses camarades de promotion. « Tous mes rêves se sont littéralement écroulés, par mon témoignage », lâche-t-elle. « Vous vous sentez seule contre tous », ajoute-t-elle, évoquant l’univers fermé de l’Académie militaire, « une toute petite école ». « L’Académie vit sur son prestige, l’une des meilleures institutions de ce pays », ajoute la jeune victime, « mais c’est un lieu que je ne souhaiterais à personne aspirant à un grand rêve ». Son agresseur n’a pas été poursuivi. Il a été renvoyé de l’armée pour « comportement déshonorant » mais « cela n’avait rien à voir avec moi », soupire-t-elle. Jupe tailleur et coupe au carré, le front sagement dégagé par une barrette, Élisabeth Davis se bat désormais pour toutes « les autres femmes élèves officiers qui ont enduré un traitement similaire et des représailles de l’Académie après avoir rapporté les crimes ». Des dizaines de femmes de l’Académie de la US Air Force ont été violées et punies par la hiérarchie militaire après avoir dénoncé leurs violeurs. Le scandale a éclaté en juin 2003, quand des e-mails anonymes avaient été adressés à des membres du Congrès pour dénoncer les responsables de l’école qui fermaient les yeux sur les cas de viols dans l’établissement. « Après avoir dénoncé les crimes, les victimes ont été persécutées, leur réputation et leur carrière ont été détruites, pendant que leurs agresseurs masculins étaient souvent libres d’aller et de continuer à violer et à attaquer d’autres élèves filles», dénonce Mlle Davis. Pour elle, « ces crimes ont été d’abord commis par nos agresseurs et ensuite par nos propres officiers et par le système militaire qui s’est retourné contre nous, au lieu de nous protéger, pour détruire nos vies, nos carrières et nos familles ».
« Je m’appelle Beth Davis et je suis une ancienne élève officier de l’Académie de l’armée de l’air des États-Unis. J’ai été violée et agressée à plusieurs reprises par un supérieur de mon escadron. » La jeune femme brune s’adresse à une commission parlementaire de la Chambre des représentants. « Tous mes rêves se sont littéralement écroulés », dit-elle, lors...