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Tchétchénie - Les combattants prorusses multiplient les assassinats pour « l’exemple » Les exécutions publiques extrajudiciaires, nouvelle arme des milices de Kadyrov

Ils ont exécuté Rizvan Khajkharoïev, 18 ans, d’une balle dans la tête, en plein jour, devant les habitants de son village d’Ingouchie, république russe voisine de la Tchétchénie, avant de l’abandonner dans un fossé, à l’ombre d’un marronnier. Puis ils ont quitté aussi soudainement qu’ils y étaient arrivés le village de Nesterovskaïa, pour regagner la Tchétchénie dans un convoi d’une dizaine de voitures banalisées. Les hommes qui ont tué le jeune Khajkharoïev ne sont pas des bandits recherchés, mais des membres des milices prorusses de l’homme fort de la Tchétchénie, le Premier ministre Ramzan Kadyrov. Kadyrov, décoré de l’ordre de Héros de Russie, a qualifié l’opération « d’exemple » dans la lutte contre le terrorisme et présenté le jeune Khajkharoïev comme un chef des rebelles. Les événements de Nesterovskaïa révèlent la face brutale de la bataille livrée par Moscou contre l’islamisme et le séparatisme dans le Caucase. Mais à l’approche du sommet du G8 à Saint-Pétersbourg en juillet, l’incident du 31 mai illustre aussi ce qui a mal tourné dans cette guerre, avec une impunité des forces de l’ordre, qui engendre toujours plus de violence. Le jeune Khajkharoïev a été froidement exécuté devant plusieurs dizaines de villageois à l’issue de combats entre les milices de Kadyrov et des rebelles. Sept témoins, ayant requis l’anonymat par peur de représailles, ont témoigné de cette exécution, qui a fait l’objet d’un rapport détaillé de l’ONG russe respectée Memorial, qui a dépêché ses observateurs à Nesterovskaïa et mis en garde contre le « précédent » créé par cette exécution publique. Les témoins racontent tous la même histoire. Rizvan était le fils d’un important combattant tchétchène tué, mais ne participait pas lui-même à la rébellion, selon ses proches. Ce matin-là, deux rebelles de 24 et 19 ans, dont un parent des Khajkharoïev, ont pénétré dans la maison familiale pour se cacher. Des membres des milices de Kadyrov, officiellement intégrées à la police russe, sont alors arrivés et ont encerclé la maison. Les échanges de tirs entre rebelles et milices ont alors commencé et Rizvan a tenté de fuir. Mais il a été fait prisonnier, menotté et jeté dans le coffre d’une voiture. Après trois heures de combats, les deux rebelles ayant été tués, Rizvan a été extrait du coffre, racontent les témoins. « Tout d’un coup, un homme de Kadyrov a sorti un pistolet et lui a tiré une balle dans la nuque », a raconté un des témoins. « Il est tombé dans ce fossé... Et puis ils l’ont arrosé d’une rafale de Kalachnikov », ajoute-t-il, sur les lieux de l’exécution. Ramzan Kadyrov a vanté cette opération comme un « exemple », mais ONG et analystes mettent en garde contre des violences qui alimentent la résistance dans le Caucase au lieu de l’éliminer, un problème que connaissent aussi les États-Unis en Irak. « Toutes ces mesures au cœur de la stratégie antiterroriste sont mises en place de manière brutale et sans discernement, ce qui facilite le recrutement » pour les rebelles, analyse Oksana Antonenko, spécialiste de la Russie à l’International Institute for Strategic Studies de Londres. Un recrutement encouragé aussi par la tradition de la vengeance familiale, la vendetta, restée très présente dans le Caucase. Assise dans la cour de sa maison près de Nazran, la grande ville de l’Ingouchie, Rima Mirkhiova, 45 ans, raconte comment en 2004 ses cinq enfants, alors âgés de deux à dix ans, ont appris la mort de leur père en détention. « Son corps a été ramené par son oncle dans un sac. Les enfants ont vu la voiture arriver. Ils pensaient qu’il apportait de la nourriture et ont couru vers la voiture et ouvert le sac. La première chose qu’ils ont vue était la tête de leur père », raconte-t-elle. Les circonstances de la mort en prison de son mari n’ont pas été élucidées, mais Rima Mirkhiova garde l’espoir de voir les meurtriers de son mari punis. Sebastian SMITH (AFP)

Ils ont exécuté Rizvan Khajkharoïev, 18 ans, d’une balle dans la tête, en plein jour, devant les habitants de son village d’Ingouchie, république russe voisine de la Tchétchénie, avant de l’abandonner dans un fossé, à l’ombre d’un marronnier. Puis ils ont quitté aussi soudainement qu’ils y étaient arrivés le village de Nesterovskaïa, pour regagner la Tchétchénie dans...