MUSIQUE Première audition en France d’un concerto perdu de Hindemith

Le pianiste américain Léon Fleisher et l’Orchestre national de France donneront le 16 juin à 20 heures, à Paris au Théâtre des Champs-Élysées, la première audition en France d’un concerto pour piano, composé en 1923 par l’Allemand Paul Hindemith (1895-1963) mais perdu ensuite. À l’occasion de sa présence à Paris, Léon Fleisher, réputé aussi comme pédagogue, sera fait mardi commandeur des Arts et Lettres par le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres. La particularité du concerto de Hindemith est d’avoir été écrit pour la seule main gauche du soliste. Il avait en effet été commandé par le pianiste autrichien Paul Wittgenstein (1887-1967), qui avait perdu son bras droit pendant la Première Guerre mondiale et entendait cependant continuer sa carrière. Rejeton d’une riche famille, ce virtuose a commandé des œuvres dans cet esprit aux créateurs majeurs de son temps, le Russe Serge Prokofiev, l’Allemand Richard Strauss, le Britannique Benjamin Britten et le Français Maurice Ravel dont le concerto pour la main gauche est le plus joué. Le concerto pour la main gauche de Hindemith n’avait, quant à lui, jamais été créé. Il était bien répertorié dans le catalogue du compositeur, mais ce n’est qu’en 2003 que son manuscrit a été retrouvé dans les papiers laissés aux États-Unis par la veuve de Paul Wittgenstein, après sa mort. Léon Fleisher, qui a eu des problèmes avec sa main droite, a recherché cette partition, et après son identification, l’éditeur allemand de Hindemith lui a proposé de la créer, ce qui a été fait avec la Philharmonie de Berlin en 2004. Selon le pianiste américain, le concerto de Hindemith est « plein d’esprit, de vitalité, avec un troisième mouvement tout à fait inspiré ». Il vante également sa « magnifique orchestration, avec notamment une partie de cor anglais avec une mélopée presque aussi belle que celle du deuxième mouvement du concerto de Ravel ». Pourquoi Paul Wittgenstein n’a pas créé cette œuvre ? Léon Fleisher n’a pas vraiment de réponse : « Seulement, peut-être, dit-il, le caractère difficile du pianiste autrichien, qui affronta Ravel pour son concerto, n’a pas créé le concerto de Prokofiev et était mécontent des “Diversions” de Britten. »