Rechercher
Rechercher

Actualités

ETHNIQUE Assyla, de Baalbeck à Saïfi

Bédouins et nomades, et tous les peuples qui ne tiennent pas en place sont un jour passés par la Cité du soleil. À une croisée de la route de la soie, Baalbeck s’est enrichie d’une haute tradition artisanale dont les femmes ont perpétué le secret. Inspirés de l’Inde, de la Chine et de l’Orient proche et lointain, les motifs chatoyants, les mille techniques de tissage réinventent ici la danse des sept voiles, les Mille et Une Nuits en plein jour, le rêve éveillé de Shéhérazade. Abayas tissées sur le métier (nol), caftans en najaf (tissu filé à la quenouille) martelé d’éclats d’argent massif (tarek), petites robes fraîches et fleuries dans la tradition de l’Europe orientale, applications de suzani et de tissus anciens, dentelle et crochet, broderie à l’aiguille (oya), dans la capitale de la Békaa, le savoir-faire se transmet de mère à fille avec le même talent. Encore fallait-il canaliser cette créativité pour mieux la faire connaître. Il s’est donc finalement trouvé deux autochtones éclairés : Najwa Rifahi Sinno, artiste peintre, et Hareth Haïdar, architecte d’intérieur frais émoulu des Beaux-Arts de Paris, pour proposer sous la griffe Assyla l’une des premières collections ethniques de la mode contemporaine. C’était en 1987. Les deux stylistes, flairant la tendance, venaient de donner une identité à ce que la tradition « héliopolitainne » offrait de plus beau. Un premier point de vente, à Menshieh, non loin des vestiges du temple de Jupiter, avait familiarisé les festivaliers avec la marque. Parallèlement, une petite boutique, fréquentée par les initiées, présentait quelques modèles de la collection à Hamra. Le bouche-à-oreille a superbement fonctionné, porté par la vague du commerce équitable et du vernaculaire chic, par l’usage et l’abus que faisaient déjà les grands couturiers des broderies ethniques. À tel point que la clientèle cosmopolite des pays du Golfe a transformé cette adresse en un pèlerinage incontournable. Désormais, c’est dans le magnifique espace de Saifi Village avec sa baie vitrée sur jardin et son plafond entièrement calligraphié par Samir Sayegh que les fashionistas viennent faire emplette. La danse des sept voiles, les Mille et Une Nuits en plein jour, le rêve éveillé de Shéhérazade se jouent désormais dans ce quartier de caractère, une île paisible en pleine ville où le temps sait encore s’arrêter. Il suffit de garer sa voiture dans le parking de la grande mosquée du centre-ville et de faire quelques pas vers le haut, en tournant le dos à la mer. Dans ces ruelles piétonnes, le dépaysement est garanti.
Bédouins et nomades, et tous les peuples qui ne tiennent pas en place sont un jour passés par la Cité du soleil. À une croisée de la route de la soie, Baalbeck s’est enrichie d’une haute tradition artisanale dont les femmes ont perpétué le secret. Inspirés de l’Inde, de la Chine et de l’Orient proche et lointain, les motifs chatoyants, les mille techniques de tissage réinventent...