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CORRESPONDANCE - Ses sculptures « femme » séduisent toujours Louise Bourgeois, 94 ans et une rétrospective dynamisante

WASHINGTON-Irène MOSALLI Généralement, à l’âge de 94 ans, on vit paisiblement et au ralenti. Ce qui n’est pas le fort de Louise Bourgeois, qui fait partie des plus grands sculpteurs contemporains et qui aime encore faire des vagues, comme elle l’a toujours fait. Témoin, la rétrospective dynamisante que vient de lui consacrer le musée Walters à Baltimore (État du Maryland) et qui s’intitule « Louise Bourgeois : Femme ». Un titre sciemment rédigé en français pour rappeler l’origine de l’artiste : née à Paris, elle est installée à New York depuis 1938. Et la femme a toujours été le passé, le présent et le futur de cette artiste qui la porte à bout de bras en dépit du temps. Cette femme qu’elle explore dans toute son intériorité, c’est elle et son tréfonds. Ici, le choix d’une quarantaine de ses œuvres, à grande charge à la fois mystique et sensuelle, est une invite à découvrir, au sens propre comme au figuré, cette descente en soi. À noter que le musée Walters a disposé les sculptures de Louise Bourgeois parmi des pièces de sa propre collection datant de l’Antiquité grecque, romaine, étrusque et du XIXe siècle. Et il faut aller les trouver. Cette chasse au trésor vaut le jeu, car il met en relief sa perception des cultures primitives (que l’artiste utilise pour contester les diktats esthétiques masculins) autant que la contemporanéité des pièces créées bien des siècles auparavant. La dernière des surréalistes Ainsi, placée à côté d’un tableau du XVe siècle représentant une Madone et son enfant, la sculpture de Louise Bourgeois nommée Étude de la nature, fontaine rose (une fontaine en marbre rose, agrémentée d’une série de seins) donne à cette œuvre datant de 1984, qui symbolise la maternité, une signification toute religieuse. La femme maison, une draperie de marbre enveloppant l’être et son habitat, semble inspirée de la statuaire millénaire environnante. Et une forme appelée Ceinture de chasteté est accrochée dans la reconstitution d’une chambre de dame du XVe siècle. Sa broche en or, Femme araignée, a pris place aux côtés de bijoux Art déco signés René Lalique. Ailleurs, sa Sainte Sébastienne est en quelque sorte la réplique féminine du Martyr de saint Sébastien accroché tout près. Considérée comme la féministe de l’art plastique, l’artiste s’explique à ce sujet : « Tout au long de ma vie, j’ai tenté en tant que sculptrice de faire de la femme objet un sujet actif. » Née à Paris en 1911, de parents spécialisés dans la réparation des tapisseries, Louise Bourgeois a commencé par faire des études de mathématiques à la Sorbonne, puis elle a fréquenté plusieurs écoles de beaux-arts à Paris avant de devenir l’élève de Fernand Léger qui, impressionné par son talent, lui donne des cours gratuits. En 1937, à l’âge de 26 ans, elle rencontre un professeur d’histoire de l’art américain, Robert Goldwater, et l’épouse. Deux ans plus tard, le couple quitte l’Europe et s’installe à New York. C’est à Big Apple qu’elle a acquis une grande renommée après avoir expérimenté plusieurs manières de sculpter. Elle s’était aussi liée d’amitié avec des artistes de grand renom : De Kooning, Rothko et Pollok. Surnommée la dernière surréaliste, elle a modelé dans la matière ses peurs de l’aliénation, ses souvenirs de pénibles ruptures (représentés par des sculptures de membres disloqués) et aussi ses lendemains meilleurs ( Le couple). Elle et ses « femmes » séduisent toujours par leur détermination à se relever pour continuer à vivre.
WASHINGTON-Irène MOSALLI

Généralement, à l’âge de 94 ans, on vit paisiblement et au ralenti. Ce qui n’est pas le fort de Louise Bourgeois, qui fait partie des plus grands sculpteurs contemporains et qui aime encore faire des vagues, comme elle l’a toujours fait. Témoin, la rétrospective dynamisante que vient de lui consacrer le musée Walters à Baltimore (État du...