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Musiques sacrées de Fès: le festival va s’élargir à d’autres rituels

Le nouveau directeur artistique du Festival des musiques sacrées de Fès (Maroc) entend élargir à partir de l’année prochaine cette rencontre internationale à des rituels autres que ceux liés aux religions monothéistes et faire connaître au public de nouveaux talents. «En dehors des religions révelées, il faut ouvrir vers d’autres rituels mal connus, d’autres formes de relations de l’homme avec Dieu», a affirmé à l’AFP Chérif Khaznadar, chargé de préparer le programme de 2007. «Je veux aller vers l’Afrique noire, l’Extrême-Orient, l’Amérique latine, vers ce qu’on appelle les peuples premiers, pour présenter les musiques où l’homme cherche à communiquer avec l’autre : ce dernier pouvant être Dieu ou son prochain», a-t-il ajouté. Le fondateur de la Maison des cultures du monde à Paris, association subventionnée par le ministère français de la Culture qui recherche depuis 25 ans à travers le monde des spectacles inédits, veut présenter par exemple des rituels japonais ou chamaniques coréens qui «sont partie intégrante du sacrée». «Ces formes musicales remarquables et spectaculaires s’intègrent parfaitement dans le principe du festival», dont c’est cette année la 12e édition. «J’espère présenter aussi l’an prochain, à côté des grands artistes, de jeunes talents qui sont les grands de demain. C’est dans ces directions que j’essayerai d’ajouter un petit plus à ce qui a déjà été fait», confie-t-il. M. Khaznadar ne veut pas toutefois bouleverser ce rendez-vous annuel qui a acquis une notoriété internationale, car c’est le seul ouvert à toutes les musiques sacrées. «Il faut d’abord maintenir la tradition: des moments très forts durant les week-ends avec des artistes reconnus sur la grande scène, car il faut continuer à mobiliser 3 à 4000 personnes», estime cet homme de 65 ans, qui a consacré sa vie à la découverte de la culture des autres. «Mais il faut aussi garder à l’esprit la ligne de ce festival, à savoir les musiques sacrées au sens le plus large du terme, c’est-à-dire aborder celles qui prennent le sacré au sens mystique du terme, à savoir l’amour, la rencontre de l’autre, l’échange», a-t-il souligné. Il a cité en exemple la «conversation musicale» présentée samedi dernier. Des musiciens et chanteurs iraniens, maliens, indiens du Sud et une formation de flamenco ont interprété ensemble des œuvres de leurs pays recevant un accueil chaleureux du public. «C’était quatre univers musicaux différents qui se sont rencontrés dans le respect de chacun. Il ne s’agit pas de musique de fusion, mais des formes musicales qui expriment des identités.» Car cet homme né à Alep, d’un père syrien et d’une mère française, qui a fait une partie de ses études aux États-Unis, est un adversaire de la musique de fusion. «Ce sont des pizzas auxquelles on ajoute une saveur africaine, arabe ou autre. C’est un mélange qui nie les différences, c’est une uniformisation des cultures.» «Les cultures se sont toujours rencontrées, mélangées, ont créé des rapports de force (...), mais ces mélanges se sont faits selon une évolution naturelle», lance M. Khaznadar, qui est aussi l’initiateur du Festival de l’imaginaire à Paris. «Or, avec la musique de fusion, il s’agit de provoquer artificiellement des rencontres de cultures et de musiques pour en faire des produits commerciaux fabriqués par des ingénieurs du son qui les mettent sur un rythme à deux temps pour créer une sonorité qui plaira l’espace d’une saison. Je crois que les cultures ne peuvent se comprendre, échanger, dialoguer entre elles que si elles se respectent mutuellement, et qu’on regarde la culture de l’autre dans ce qu’elle a de différent», insiste-t-il. Sammy KETZ (AFP)
Le nouveau directeur artistique du Festival des musiques sacrées de Fès (Maroc) entend élargir à partir de l’année prochaine cette rencontre internationale à des rituels autres que ceux liés aux religions monothéistes et faire connaître au public de nouveaux talents.
«En dehors des religions révelées, il faut ouvrir vers d’autres rituels mal connus, d’autres formes de relations...