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CORRESPONDANCE La route de la soie de Hoda Baroudi et Maria Hibri mène aux quatre coins du monde du design

Washington, Irène MOSALLI Pour être tendance, selon le site Internet anglais WGS qui prévoit les engouements en cours ou à venir, il faut avoir chez soi la touche « Bokja ». Derrière cette appellation, on retrouve le grand talent de deux Libanaises, Hoda Baroudi et Maria Hibri, dont les créations sont exécutées à partir de tissus anciens, pour la plupart d’origine asiatique, qu’elles ont été chercher à la source. Et elle est magique cette route de la soie qu’elles ont suivie puisqu’elle les a menées aux quatre coins du globe où elles se sont fait une place au soleil dans le monde du design. Pour cette paire d’amies (en premier lieu), tout a commencé par la passion de la chose ancienne. Pour Hoda Baroudi, c’était les textiles et pour Maria Hibri des objets chinés çà et là. Leurs collections respectives ayant pris de l’ampleur, elles ont décidé de leur donner une vie nouvelle au lieu de les laisser entassées telles qu’elles. C’était le point de départ d’un jeu très réussi d’interprétation, de transformation et d’harmonisation. Ainsi, les vieux tissus qu’elles avaient été chercher dans leurs pays d’origine (Ouzbékistan, Turkménistan, Mongolie, Turquie et Syrie) et qui avaient été des robes, des manteaux, des couvre-lits, des coiffes, etc., sont devenus, entre leurs mains, des accessoires contemporains : canapés, poufs, lampadaires, panneaux décoratifs et aussi châles, sacs et mules. Le tout exécuté par des artisans libanais. Suzani, ikat, samarkand, chatma et sarma Les deux jeunes femmes sont parties du principe « que pour continuer à vivre et à véhiculer une tradition et une culture, le tissu ne doit pas rester enfermé dans une armoire, à l’abri des regards ». Depuis une décade que dure leur collaboration créative, leur inspiration fuse de plus belle. Elles disent : « Il n’y a rien que nous n’ayons pas fait et nous pensons qu’il y a encore bien d’autres choses à faire.» Leur parcours a commencé par des expositions dans leur boutique beyrouthine nommée Aloha. De là, leurs tissus ont dépassé les frontières pour envelopper de prestigieux intérieurs de l’Orient et de l’Occident. Depuis deux ans, le célèbre magasin d’ameublement new-yorkais ABC a l’exclusivité des produits « Bokja ». Tout récemment, Hoda et Maria ont imprimé leur style à un hôtel de Marrakech, le Riad Aneiya, à une ferme restaurée en Suisse et à des résidences en Arabie saoudite, en Italie et à Singapour. C’est dire le pouvoir de séduction de leurs recherches passionnées et leur art de la mise en valeur des tissages traditionnels et précieux qui, grâce à elles, ont trouvé une place de choix dans les actuels espaces de vie. Leur sélection de soieries et de cotonnades, d’une grande beauté, est aussi riche de moult histoires que Hoda et Maria dévident. Le suzani, tissu ouzbek traditionnellement destiné au trousseau de la mariée et généralement brodé par de très jeunes filles, a des couleurs surprenantes et des motifs naïfs d’un grand raffinement. Les vieux suzanis étaient tout à fait avant-gardistes et l’on n’a pas encore réussi à recréer ce saisissant mélange de couleurs naturelles. Elles utilisent les chutes de ce tissu pour en concevoir à leur manière des patchworks, comme on en faisait dans le temps en Ouzbékistan. De ce pays, elles ont ramené aussi l’itak, un tissage produisant des formes géométriques. Puis elles confient leur exécution à l’atelier de May Joumblatt au Chouf, qui excelle dans ce travail d’une grande finesse. Le samarkand est rehaussé d’ornements pareils à des soleils ou à des énormes fleurs. Le sarma ottoman, ce velours brodé, était également un accessoire du trousseau des jeunes filles.Un autre velours ottoman très prisé, le chatma. Sans oublier les brocards damascènes. Il leur est difficile de faire autrement. À l’unisson, Hoda et Maria avouent qu’elles ne peuvent plus avoir des coups de cœur pour des tissus neufs.
Washington, Irène MOSALLI

Pour être tendance, selon le site Internet anglais WGS qui prévoit les engouements en cours ou à venir, il faut avoir chez soi la touche « Bokja ». Derrière cette appellation, on retrouve le grand talent de deux Libanaises, Hoda Baroudi et Maria Hibri, dont les créations sont exécutées à partir de tissus anciens, pour la plupart d’origine asiatique,...