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Actualités - OPINION

Le Liban redevient une boîte à lettres pour les différents protagonistes Les contractions régionales et internationales exposent la scène locale à des convulsions

Avec la poursuite infernale du bras de fer régionalo-international, la scène libanaise se transforme en boîte à lettres. Pour les classiques messages, par Libanais interposés, entre les protagonistes étrangers. Qui se partagent, et en profitent à tour de rôle, les faveurs des jouteurs locaux. La nouvelle ère dite d’indépendance retrouvée n’empêche pas le Liban de continuer à servir de lice, de bouc émissaire, de carte de pression, de soupape de défoulement commode. Pour des puissances et des axes antagonistes connus, qui travaillent soit séparément, soit ensemble, comme l’Amérique et Israël d’un côté, la Syrie et l’Iran de l’autre. Les dernières secousses ont sérieusement failli mettre le feu aux poudres. Par chance, il se trouve que l’Amérique ne veut absolument pas d’une confrontation généralisée. L’intervention de Condoleezza Rice pour calmer le jeu a donc eu, certainement, encore plus d’effet que le rôle d’amortisseur joué, naturellement, par l’ONU. Il se confirme, en effet, de diverses sources diplomatiques, que le coup de frein donné par la secrétaire d’État US aux impulsions israéliennes a prévenu des frappes fortes, une escalade, touchant l’infrastructure libanaise, les positions palestiniennes comme celles du Hezbollah. Mais aussi, probablement et par extension rapide, la Syrie… voire le nucléaire iranien ! Petit retour en arrière pour mieux comprendre la dégradation. Face à la 1680, dont le quatrième alinéa enjoint au gouvernement syrien de faire écho favorablement aux demandes libanaises de tracé et de relations diplomatiques, Damas a réagi par un classique durcissement « hafezien », si l’on peut dire. La Syrie a fait bouger les Palestiniens qui gravitent dans son orbite et qui ont donc agressé l’armée libanaise dans la Békaa. En même temps l’infiltration d’armes et d’éléments s’intensifiait. Parallèlement, sur le plan politique, les alliés locaux de la Syrie, le Hezbollah en tête, se sont insurgés contre la résolution du Conseil de sécurité. Tout comme ils l’avaient fait pour la 1559. Sur le même plan politique, les visiteurs libanais de Damas en rapportaient un net rejet des décisions prises par le comité de dialogue libanais ainsi que le refus réitéré de recevoir le président Fouad Siniora. Cela malgré les pressantes démarches conciliatrices de l’Arabie saoudite et de l’Égypte, qui souhaitent comme on sait une normalisation des rapports libano-syriens pour une meilleure consolidation de la stabilité régionale. La Syrie avait alors, par la bouche de Farouk el-Chareh, posé des conditions obstructionnistes. Laissant clairement entendre qu’elle ne coopérerait pas avec un gouvernement libanais qu’elle juge hostile. Elle voulait, elle veut toujours, un gouvernement libanais qui ne soit pas dirigé par un membre de la majorité, et surtout pas par un pôle relevant du Courant du futur haririen. L’on avait cependant pensé un moment, après la visite du président Nabih Berry à Damas, que des pourparlers allaient pouvoir s’engager. Mais après la 1680, la Syrie accuse plus que jamais la majorité parlementaire libanaise de s’appuyer sur Washington comme sur Paris et d’en faire le jeu. Elle accuse aussi l’ONU, plus précisément l’envoyé d’Annan, Terjé Roed-Larsen, d’être derrière la 1680. Résolution qui à ses yeux constitue une immixtion illégale, illégitime de la communauté internationale dans des affaires concernant uniquement deux pays voisins. Quoi qu’il en soit, sur place, les tenants de la majorité estiment qu’en réalité, le tableau régional ne permet ni à la Syrie ni à ses alliés de faire cavalier seul. Dans ce sens que l’enjeu de fond reste lié au contentieux irano-occidental sur le nucléaire. Et qu’il faut attendre les résultats des tractations sur ce volet, si tractations il y a, pour savoir comment les choses vont évoluer. Certains de ces pôles relèvent toutefois que la Syrie cherche manifestement à faire de l’intimidation à travers la scène libanaise en montrant qu’à tout moment, elle reste en mesure de la déstabiliser, politiquement et sécuritairement. Cela avec le concours de ses alliés locaux. Ces personnalités notent qu’en ce qui concerne la flambée au Sud, la responsabilité de la Résistance, quel que soit l’enchaînement des faits sur le terrain, est engagée à fond. Car c’est la Résistance qui revendique elle-même ce rôle orientateur, directeur par rapport à la ligne bleue, à la zone frontalière avec l’ennemi israélien. En s’opposant toujours, comme on sait, au déploiement de l’armée. Philippe ABI-AKL
Avec la poursuite infernale du bras de fer régionalo-international, la scène libanaise se transforme en boîte à lettres. Pour les classiques messages, par Libanais interposés, entre les protagonistes étrangers. Qui se partagent, et en profitent à tour de rôle, les faveurs des jouteurs locaux. La nouvelle ère dite d’indépendance retrouvée n’empêche pas le Liban de continuer à...