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Actualités - CHRONOLOGIE

ÉDITION - Dans l’atmosphère des ateliers de Daoud el-Corm, de Habib Srour et de Khalil Saliby «Les pionniers de l’art au Liban» racontés par Maha Sultan

Critique et historienne d’art, Maha Sultan* vient de publier aux éditions de l’USEK un beau livre sur «Les pionniers de la renaissance de l’art pictural au Liban»: Daoud el-Corm, Habib Srour et Khalil Saliby. L’auteure y retrace en langue arabe et sur 340 pages (papier glacé) la vie et l’œuvre de chacun de ces trois artistes fondateurs. Cet ouvrage est né des nombreuses interrogations de Maha Sultan sur les origines de la peinture de chevalet au Liban. « En tant que critique d’art, je me posais de nombreuses questions sur nos racines artistiques. Pourquoi n’y a-t-il pas eu d’études approfondies sur les pionniers de la peinture au Liban ? Où sont passés leurs fonds d’atelier ? Pourquoi leurs œuvres sont dispersées un peu partout dans les pays de la région?» Ne trouvant pas de réponses toutes prêtes, elle décide d’en faire le sujet de sa thèse de doctorat et part, telle un Sherlock Holmes, à la recherche des traces de nos premiers peintres officiels. Cinq ans de recherches, « chez les descendants des artistes, chez les particuliers, dans les églises, aux quatre coins du Liban, mais aussi à Paris et dans toute la région, en Syrie et en Égypte surtout, au Caire et à Alexandrie, où les trois artistes ont séjourné à des périodes différentes », indique Maha Sultan, aboutiront à une masse impressionnante d’informations et de photos. Suite à quoi, en vrai critique, l’auteure effectuera un minutieux travail de regroupement des informations, de recoupage entre elles dans un but de vérification et, enfin, d’analyse et de narration. Cela donne au final un texte où les parcours de vie s’accompagnent – et éclairent – des examens détaillés de certaines œuvres maîtresses. Une thèse qui, loin de toute sécheresse académique, se présente comme une lecture aussi agréable qu’instructive. D’où l’idée qu’elle a d’en faire un ouvrage de référence. Trois cents toiles de 140 collections Illustré de plus de 300 tableaux appartenant à 140 collections privées et publiques (dont nombre d’institutions religieuses), ce volume consistant comble une lacune importante. En effet, si l’on exclut les catalogues édités à l’occasion d’expositions rétrospectives, il n’existe pas de véritables ouvrages consacrés aux pères de la peinture libanaise. « J’aurais ainsi contribué à ma manière à l’édification d’une mémoire artistique libanaise», déclare l’auteure. En attendant l’édification d’un musée d’art contemporain ! En effet, ce livre plonge le lecteur dans l’atmosphère des ateliers de la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle. S’étendant de 1870 (date à laquelle Maha Sultan situe les premières œuvres de Daoud Corm) à 1938 (l’année de l’assassinat de Saliby), cette période qui fut celle des débuts de la représentation artistique non exclusivement religieuse au pays du Cèdre détermina de façon certaine le cours de l’art au Liban. Car Corm, Srour et Saliby, qui furent les trois premiers peintres libanais à étudier à l’étranger (les deux premiers appartiennent à l’école académique italienne, le troisième s’initia à Édimbourg en Angleterre et poursuivit sa formation artistique aux États-Unis), enseignèrent dans leurs ateliers les techniques picturales à toute une génération, la deuxième et la plus connue, de peintres libanais. Premiers ateliers et élèves célèbres Ainsi Georges Corm succéda à son père, tout en se démarquant du classicisme italien parfois un peu austère de Daoud, pour laisser libre cours à une inspiration beaucoup plus romanesque et poétique. De l’atelier de Habib Srour – qui peut être considéré comme la première école d’art de la région – émergèrent des pinceaux magnifiques, dont Moustapha Farroukh (dont Habib Srour avait décelé le talent et à qui il enseigna gratuitement), Saliba Doueihi et Rachid Wehbé... Srour eut aussi une influence certaine sur ceux-là mêmes qui ne furent pas ses élèves directement, à l’instar de Georges Corm ou Marie Haddad. Lesquels s’inspirèrent de ses bédouines ou encore de ses séries de perdrix... Beaucoup plus libéral, par sa formation anglo-saxonne, Khalil Saliby (1938) fut le moins académique des trois et même l’un des précurseurs de l’impressionnisme au Liban. Ses compositions de vues extérieures et de jardins lumineux, ses nus féminins, ses portraits qui s’éloignent progressivement du réalisme scrupuleux et de la fidèle représentation photographique chers à ses deux prédécesseurs marqueront un tournant dans le paysage pictural de son époque. Les œuvres de deux de ses plus illustres élèves, Omar Onsi et César Gemayel, consacreront cette liberté de ton acquise auprès de lui. De Daoud Corm donc, qui hissa haut la peinture religieuse non byzantine et introduisit les premiers portraits dans les demeures bourgeoises beyrouthines comme dans les palais des princes et des émirs en Égypte, à Saliby qui osa représenter le nu féminin, en prenant comme modèle son épouse américaine, Carrie Aude, en passant par Habib Srour, portraitiste recherché par toute la haute bourgeoisie de la région et artiste à la technique inégalée, doublé d’une curiosité d’esprit qui l’amena à traiter une multiplicité de thèmes (peintures religieuses, paysages, natures mortes, bédouines...), un livre qui redonne à ces trois pinceaux magnifiques leur véritable place dans le panthéon de l’art libanais. Un bel ouvrage à garder dans sa bibliothèque. Disponible à l’USEK (Kaslik) et à la librairie el-Bourj. Zéna ZALZAL * Maha Sultan est professeur aux beaux-arts de l’UL. Titulaire d’un doctorat en histoire de l’art de l’USEK, elle est également critique artistique au quotidien al-Hayat. Fiche technique Les crédits photos sont signés Ashod Khanamérian (installé à Los Angeles et spécialisé dans les éditions muséales), Saleh el-Rifaï, Gislaine Naufal et Esber Melhem. La mise en page est de Roula Ziadé. Il sera peut-être bientôt suivi d’une édition bilingue (français /anglais).
Critique et historienne d’art, Maha Sultan* vient de publier aux éditions de l’USEK un beau livre sur «Les pionniers de la renaissance de l’art pictural au Liban»: Daoud el-Corm, Habib Srour et Khalil Saliby.
L’auteure y retrace en langue arabe et sur 340 pages (papier glacé) la vie et l’œuvre de chacun de ces trois artistes fondateurs.
Cet ouvrage est né des nombreuses...