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Bassam Sidaoui, médecin de Aïn Ebel, ne veut plus voir le village se vider de ses habitants

Le Dr Bassam Sidaoui est un cartésien. Un optimiste également. Il est médecin anesthésiste. Il exerce à l’hôpital de Bint Jbeil, tenu par le Hezbollah depuis le retrait israélien, ainsi qu’à l’hôpital gouvernemental de Marjeyoun. Son épouse Christina est, elle aussi, médecin. Elle travaillait à l’hôpital de Bint Jbeil, mais quelques mois après la libération du Liban-Sud, elle a préféré quitter l’établissement. Le Dr Sidaoui ressemble aux habitants de son village, tient presque le même discours. À une différence près : il met les points positifs en avant. « Depuis le départ des troupes israéliennes, nous sommes libres de nos mouvements. Nous pouvons désormais aller à Tyr et à Beyrouth quand bon nous semble », indique-t-il. Quand il parle de cette liberté de mouvement, il souligne : « Sous l’occupation israélienne, on ne pouvait pas circuler seul en voiture, de la tombée de la nuit jusqu’au petit matin. Il fallait être au moins deux personnes dans le véhicule. Ces mesures étaient prises pour la sécurité des militaires israéliens et de leurs alliés. » « Cela me gênait beaucoup, surtout quand je devais rentrer de mes gardes de nuit à l’hôpital », dit-il, ajoutant qu’actuellement, « nous vivons en sécurité. Ce n’était certes pas le cas sous l’occupation ». Le Dr Sidaoui tient à mettre l’accent sur les actions positives entreprises par l’État libanais dans la bande frontalière durant ces six ans : le gouvernement a mis en place un réseau téléphonique et d’eau potable. « Le manque de projets de développement et la crise économique sont le propre de toutes les zones périphériques du pays, de tout le Liban », affirme-t-il, reconnaissant cependant que la région fait face à une crise aiguë depuis le départ des troupes israéliennes. C’est comme s’il fallait faire le choix entre la sécurité et la prospérité, dit-il. Le Dr Sidaoui pèse ses mots. Il a commencé à travailler dans l’hôpital de Bint Jbeil. Il venait de terminer sa spécialisation. Croire au changement Après le retrait des troupes israéliennes, il a poursuivi son travail à l’hôpital. « Le Hezbollah a agrandi l’établissement. Aux urgences, les soins sont quasi gratuits », raconte-t-il. En réponse à une question, il indique : « Les médecins de l’hôpital appartiennent à toutes les communautés religieuses, pas le personnel, à qui certains règlements ont été imposés. » On apprend aussi qu’aucune personne originaire de Aïn Ebel et qui faisait partie du corps soignant sous l’occupation israélienne ne travaille actuellement à l’hôpital. « Personne n’a présenté sa candidature ; il fallait que les infirmières le fassent, ne serait-ce que pour savoir si le Hezbollah les aurait recrutées », indique le Dr Sidaoui. Christina, son épouse, qui est d’origine roumaine, intervient. Elle avait travaillé à l’hôpital de Bint Jbeil de 1994 jusqu’à 2000. Après l’évacuation du Liban-Sud, quand le Hezbollah a pris en charge la direction de l’établissement, elle y a travaillé quelques mois. « Je n’ai pas aimé l’ambiance », dit-elle. « Au début, ils voulaient séparer les hommes des femmes. Une fois, j’étais dans une salle consacrée aux médecins et un gardien m’a dit de quitter les lieux parce qu’il ne fallait pas que je reste avec les hommes », affirme-t-elle. « C’était au début, maintenant les choses ont changé, je pense », ajoute-t-elle. Christina, qui ne mâche pas ses mots et qui, semble-t-il, n’aime pas les demi-mesures, a préféré partir. Elle passe actuellement son temps à Aïn Ebel entre sa propre clinique et le dispensaire de la localité. Le Dr Sidaoui a pleins de rêves pour son village. Que les habitants s’occupent d’agriculture car il y a bien des terrains fertiles à Aïn Ebel, qu’il y ait des marchés pour écouler les produits agricoles. Il souhaite un changement de mentalité : que les originaires de Aïn Ebel, par exemple, se présentent à des fonctions administratives. « Ici, malgré la crise, tout le monde rêve de professions libérales, de commerce ou d’artisanat, alors que personne ne veut occuper les postes toujours vacants à la municipalité », s’insurge-t-il. Si ce médecin pose un œil critique sur son village, voire sur sa communauté, c’est parce qu’il croit dur comme fer au changement pour le meilleur. D’ailleurs, il doit aimer son village plus que tout au monde. On le devine au détour d’une phrase : « Mon plus important souhait ? Je ne veux plus voir Aïn Ebel se vider progressivement de ses habitants, il faut faire en sorte que les gens restent ici, que les familles ne partent plus pour Beyrouth à la recherche de travail », indique-t-il révolté.
Le Dr Bassam Sidaoui est un cartésien. Un optimiste également. Il est médecin anesthésiste. Il exerce à l’hôpital de Bint Jbeil, tenu par le Hezbollah depuis le retrait israélien, ainsi qu’à l’hôpital gouvernemental de Marjeyoun.
Son épouse Christina est, elle aussi, médecin. Elle travaillait à l’hôpital de Bint Jbeil, mais quelques mois après la libération du Liban-Sud,...