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Actualités - interview

Le secrétaire adjoint de la Ligue arabe revient, pour « L’Orient-le Jour », sur les problèmes qui agitent l’organisation Abdelrahman Solh : Des institutions imparfaites sont préférables à une absence d’institutions

Alors que la Ligue arabe est l’objet d’un feu roulant de critiques, le secrétaire adjoint de cette organisation, l’ambassadeur Abdelrahman Solh, revient, pour « L’Orient-Le Jour », sur les grands enjeux la concernant. Q : Comment expliquez-vous l’extrême difficulté, pour les dirigeants arabes, à afficher une position unie sur la quasi-totalité des dossiers essentiels ? R : « L’objectif central de la Ligue arabe et de son secrétaire général actuel a toujours été d’œuvrer en vue d’une solidarité arabe dans tous les domaines. Si ce résultat est réalisé, tous les autres sujets, qu’ils soient importants ou secondaires, seront résolus en s’appuyant sur cette solidarité. » Q : On note toutefois que les chefs d’État arabes sont rarement présents aux sommets de la Ligue... R : « Il est évident que la raison d’être d’un sommet est la réunion des chefs d’État. Parfois, des circonstances font que certains ne peuvent pas y participer, pour des raisons de santé ou autres. Bien que leur présence soit vivement souhaitée au niveau du sommet lui-même ou de la Ligue arabe plus généralement, elle n’est pas indispensable, puisque leurs représentants prendront les décisions en leur nom et au nom de leur pays respectif. Il est toutefois préférable que les chefs d’État participent eux-mêmes au sommet annuel, pour lui donner plus de poids. » Q : Le blocage des institutions de la Ligue est-il dû aux divergences politiques entres les membres, ou à un mauvais fonctionnement du système ? R : « En ce qui concerne le règlement intérieur, il faut noter qu’il a été mis en œuvre dans les années 40 à partir d’une charte de plus en plus vieillissante. Il convient donc de revoir cette charte afin de la modifier et de la moderniser. Or, depuis sa nomination, l’actuel secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa œuvre inlassablement en vue d’aboutir à des réformes. En ce qui concerne les causes politiques, si les conflits d’intérêts entre les pays arabes et les divergences de points de vue entre leurs dirigeants sont à l’origine de la stagnation de la Ligue, alors nous pouvons espérer qu’avec le temps, la situation s’améliorera. Un processus dont nous avons été témoins avec d’autres organisations régionales comme l’Union européenne qui a pu dépasser les conflits interétatiques en faveur de l’intérêt commun. J’espère néanmoins que les Arabes évalueront les dangers qui guettent le Moyen-Orient, pour surmonter certaines embûches qui empêchent un accord total et complet entre les différents pays arabes. » Q : Pourquoi ne procède-t-on pas à des reformes plus efficaces ? R : « La situation précaire qui règne actuellement dans cette région du monde pourrait inciter les dirigeants arabes à revoir sérieusement la charte de la Ligue pour la moderniser afin d’affronter efficacement les défis actuels. Dans le temps, certains responsables de la Ligue arabe, par ignorance ou par mauvaise foi, accusaient le secrétariat général de laxisme ou de négligence. Or la cause principale de cette déficience est plutôt une question de mauvaise adaptation de la charte qui n’a pas pu s’accommoder aux nouveaux besoins qui sont apparus au fil des ans. En effet, certaines clauses de la charte peuvent faire parfois obstacle à toute tentative d’évolution et de progrès. Un effort considérable est déployé actuellement au sein de la Ligue arabe pour moderniser ses statuts et les rendre plus efficaces. » Q : La nature – non démocratique – de la plupart des pays membres est-elle une des causes essentielles des échecs de la Ligue ? R : « Je dois d’abord préciser que je ne suis pas d’accord avec le terme d’échec. Le vrai problème de la Ligue arabe est le manque de prérogatives accordées à ses organes exécutifs. Cette incapacité à prendre parfois les décisions adéquates est donc due essentiellement aux règlements de la Ligue arabe qui stipulent, par exemple, que les résolutions doivent être prises à l’unanimité. Ce sujet est actuellement à l’ordre du jour des différents projets de réformes proposés visant à surmonter les obstacles qui entravent souvent le travail de la Ligue. Mais, à mon avis, le manque de démocratie dans certains pays n’est pas un obstacle. On peut toujours trouver une formule qui puisse aboutir à un consensus parmi tous les États membres, qu’ils soient non démocratiques ou en voie de démocratisation. Il faut néanmoins préparer l’opinion publique arabe aux changements, et c’est précisément l’un des objectifs centraux de la Ligue arabe actuellement. Non seulement du point de vue politique, mais également économique. Toutefois, la présence de régimes démocratiques aidera sûrement plus efficacement les réformes envisagées. Il faut par ailleurs noter une grande évolution dans ce domaine, notamment en ce qui concerne le droits des femmes. Pratiquement, il est de l’intérêt même de ces États de se démocratiser en instituant des Parlements plus représentatifs. » Q : Y a-t-il de projets précis visant à améliorer la performance de la Ligue ? R : « Il y a actuellement une série de projets en cours de discussion, ce qui est, en soi, un pas très positif. Il ne faut surtout pas oublier le dynamisme et la volonté du secrétaire général actuel Amr Moussa qui travaille inlassablement pour redynamiser la Ligue arabe, malgré ses pouvoirs limités. Il ne faut surtout pas oublier que le monde arabe est noyé dans des difficultés énormes, en Palestine, en Irak, etc. L’important est de ne pas succomber au désespoir. En fin de compte, Il faut mieux avoir des institutions imparfaites que pas d’institutions du tout. » Propos recueillis par A.A.
Alors que la Ligue arabe est l’objet d’un feu roulant de critiques, le secrétaire adjoint de cette organisation, l’ambassadeur Abdelrahman Solh, revient, pour « L’Orient-Le Jour », sur les grands enjeux la concernant.
Q : Comment expliquez-vous l’extrême difficulté, pour les dirigeants arabes, à afficher une position unie sur la quasi-totalité des dossiers essentiels ?
R : «...