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Actualités - CHRONOLOGIE

THÉÂTRE - Adaptation et mise en scène de Lina Abiad, ce soir et demain, à 19h Un drôle d’idiot, ce Géha

C’est un idiot éclairé, c’est un clown magnifique. Lina Abiad nous raconte ce facétieux personnage qu’est Géha dans une pièce éponyme qui nous sert d’innombrables histoires courtes et incisives à travers le jeu rafraîchissant de 27 comédiens. Au théâtre Gulbenkian de la LAU, ce soir et demain, à 19h. Barbichette tordue, abaya enveloppante et sabots claquants, Géha entre en scène. Regardez un peu ces grands yeux lunaires, ces sourcils mobiles comme des essuie-glaces, cette grossse calotte de feutre vert qu’il porte sur la tête. Vous l’avez compris, Géha est un clown qui s’appelle Géha. Pas un de ces clowns blancs, tyranniques et vaniteux, mais un « darwiche », un pauvre type. Géha exécute à merveille et sans cynisme son travail de clown sur la scène du Gulbenkian. La raison ? Elle est assez facile à comprendre. Géha est un bouc émissaire. Nos mensonges, nos erreurs, nos idioties, nos grandeurs, notre sagesse, tout, il porte absolument tout sur ses larges épaules. En nous débarrassant du pire, il nous rend le meilleur de nous-mêmes: le rire. Peut-être qu’un clown, ce n’est pas plus compliqué que ça. Sa célébrité dépasse les siècles, les générations et les âges, et partout on tente de s’approprier le Hodja (le maître), au point que l’on ne sait plus s’il a existé ou non, où il est né, à quelle époque (au VIIIe siècle, au XIIIe ?), où il a vécu (partout apparemment), ni où il est mort (un tombeau en Turquie, un autre en Algérie !). Appelé Nasreddine Hodja, ou Djeha, ou Jiha, ou Goha, ou encore Ch’ha... selon les régions, il est célébré partout comme l’incarnation de l’irrévérence fustigeant l’ignorance et la bêtise, sous les traits tantôt d’un grand sage maigre, tantôt d’un simple paysan bigle et râblé, ou encore d’un bonhomme rondouillard... À la LAU, campé par Mahmoud Jabban, il est plutôt beau gosse, de taille moyenne, avec des mèches folles chatain clair. C’est le bienheureux simple d’esprit qui bat en brèche par son apparente naïveté et son goût de l’absurde, la vanité et la bêtise des puissants. Idiot et sage, fourbe et naïf, facétieux, il nous fait sinon rire, du moins sourire par son ingénuité feinte ou son sens de l’absurde. Espiègle et rusé, roulant son monde avec une candeur et un humour confondants, c’est cette personnalité ambivalente, insaisissable, fondamentalement humaine. Le spectacle de Lina Abiad tente de préserver le caractère bref, tranchant et drôle des histoires de Géha. À l’intérieur de chaque tableau, toutes les astuces sont permises. Car pour notre ami, tout est jeu et tout jeu nous apprend quelque chose sur la vie. Sur un rythme soutenu et à coups d’éclats de rire, cette pièce nous fait vivre un Géha dépoussiéré et nous promène avec habilité entre tradition et modernité. Derrière ces facéties, Abiad offre aux adultes comme aux enfants (très nombreux dans la salle) un spectacle insolent aux allures libertaires. Géha et ses péripéties, tout le monde en parle, à l’ombre des flamboyants les nuits d’été ou autour du qanun par les fraîches soirées d’hiver. Et surtout de ses aventures avec son âne, sa femme, sa belle-mère et Timour Lenk, victime à répétition de ses facéties. Géha le sage ? Ou Géha le fou ? Réponse dans cette pièce aussi rafraîchissante que réjouissante. Maya GHANDOUR HERT
C’est un idiot éclairé, c’est un clown magnifique. Lina Abiad nous raconte ce facétieux personnage qu’est Géha dans une pièce éponyme qui nous sert d’innombrables histoires courtes et incisives à travers le jeu rafraîchissant de 27 comédiens. Au théâtre Gulbenkian de la LAU, ce soir et demain, à 19h.

Barbichette tordue, abaya enveloppante et sabots claquants, Géha entre...