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CÉLÉBRATION Le divan ambigu célébré pour le 150e anniversaire de Freud à Vienne

Le divan, instrument du psychanalyste où s’allongent les patients, est célébré depuis ce week-end pour le 150e anniversaire, relativement discret à Vienne, de la naissance de Sigmund Freud. L’exposition au 19 de la Berggasse, où le Dr Freud vécut et exerça de 1891 à 1938 dans la capitale autrichienne, est en fait construite autour d’une absence: celle du fameux divan avec couverture orientale, où ses patients s’étendaient pour parler en «associations libres» et donner accès à leur inconscient, sans voir directement le psychanalyste, assis à côté. Le meuble originel reste en effet au Musée Freud de Londres, la ville que Freud gagna avec ses proches pour échapper à la folie antijuive des nazis entrés en Autriche. Mais «les choses qui manquent font plus réfléchir que celles qui sont présentes», a déclaré Lydia Marinelli, conservatrice du Musée Sigmund Freud de Vienne, à la presse en fin de semaine dernière. Le divan, ou sofa, est plein d’ambivalences, note Mme Marinelli: on y est assis ou couché, on peut y rêver, mais c’est aussi un lieu de contacts amoureux. L’exposition, intitulée «Le divan: la pensée allongée», montre une série de variations artistiques et historiques autour du thème du divan (l’allemand emploie désormais le mot anglais «couch», du français couche), avec plusieurs meubles, dont un du célèbre architecte de l’Art nouveau viennois Otto Wagner. On voit des surréalistes comme Max Ernst, influencés par les thèmes freudiens de l’inconscient de la sexualité, ou d’autres artistes comme le Suisse Félix Valloton. Le New-Yorkais Andy Warhol utilisa le divan dans sa «factory» pour produire des images artistiques, et son film érotique Couch (1964) est projeté au musée. L’exposition montre aussi les traitements imposés aux malades jusqu’à la fin du XIXe siècle. Près de 60000 personnes visitent chaque année le musée, installé depuis 1971 dans l’appartement du «père» de la psychanalyse. En cette année anniversaire, on en attend jusqu’à 100000, indique Inge Scholz-Strasser, présidente de la Fondation privée Sigmund Freud. Regrettant les problèmes financiers de la maison Freud, malgré une aide de la municipalité, Mme Scholz-Strasser s’est demandée, lors d’une conférence de presse, «s’il y a une volonté politique en Autriche concernant cet Autrichien célèbre dans le monde entier». Il exista en fait une relation d’«amour-haine» entre Vienne, certes capitale intellectuelle mais soumise à l’antisémitisme, et Freud, un penseur au style de vie conservateur mais qui choqua par sa pensée révolutionnaire. «Croyez-vous qu’il serait aujourd’hui accepté par un véritable Viennois?» s’interroge la dernière patiente survivante de Freud, Margarethe Walter, 88 ans, qui témoigne, dans le journal Der Standard, disant qu’il était un médecin «extrêmement amical et calme». Aujourd’hui encore il a droit à un petit square, mais il n’y a pas de rue Freud à Vienne. Si on compare avec la débauche de festivités en 2006 pour le 250e anniversaire de l’enfant chéri Wolfgang-Amadeus Mozart, l’Autriche commémore sobrement la naissance de Freud, le 6 mai 1856 à Freiberg, en Moravie dans l’ex-empire austro-hongrois, aujourd’hui Pribor (République tchèque). Un symposium est cependant prévu à l’automne pour étudier «les aspects psychanalytiques des personnages de femmes» dans cet opéra complexe qu’est le Don Juan de Mozart et du librettiste Lorenzo Da Ponte.

Le divan, instrument du psychanalyste où s’allongent les patients, est célébré depuis ce week-end pour le 150e anniversaire, relativement discret à Vienne, de la naissance de Sigmund Freud.
L’exposition au 19 de la Berggasse, où le Dr Freud vécut et exerça de 1891 à 1938 dans la capitale autrichienne, est en fait construite autour d’une absence: celle du fameux divan...