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Actualités - CHRONOLOGIE

SOCIÉTÉ - Un drame psychologique, social et familial qui fait ressortir au grand jour la misère dans l’ex-RDA Une mère allemande jugée pour le « massacre » de ses huit nouveau-nés

Une mère jugée pour infanticides, après la découverte l’été dernier des cadavres de neuf de ses nouveau-nés, a refusé de s’exprimer hier au premier jour de son procès, une affaire sordide sans précédent dans l’histoire judiciaire allemande. «Ma cliente ne veut rien dire sur les faits qui lui sont reprochés », a indiqué maître Matthias Schneburg à l’ouverture du procès devant la cour d’assises de Francfort-sur-l’Oder, à l’est de Berlin. Sabine H., ancienne assistante en soins dentaires sans emploi, aujourd’hui âgée de 40 ans, est accusée d’avoir mis au monde et tué juste après leur naissance neuf bébés – sept filles et deux garçons – entre septembre 1988 et l’automne 1998. Elle n’est cependant jugée que pour huit cas. Il y a prescription pour le premier de ces enfants, noyé dans la cuvette des toilettes en 1988, à l’époque de la RDA. L’accusée risque jusqu’à 15 ans de prison. Son ex-époux, le père de tous ces nouveau-nés, qui était le premier témoin à passer à la barre, a également souhaité garder le silence. Oliver H., 43 ans, ancien employé de la Stasi, qui quittait souvent le domicile conjugal situé dans une cité HLM de l’ancienne RDA, a toujours affirmé n’avoir rien remarqué des grossesses. Ce drame psychologique, social et familial avait fait ressortir au grand jour la misère sociale dans cette région où le chômage avoisine les 20 %, certains responsables politiques allemands n’hésitant pas à rendre responsable l’ancienne dictature communiste qui aurait trop assisté la population. Selon le compte rendu d’interrogatoire lu par le président de la cour, Sabine H. a nié avoir laissé mourir intentionnellement ses bébés, affirmant ne s’en être simplement pas occupée. Elle a dit avoir eu peur parce que son mari, avec lequel elle avait déjà trois enfants, aujourd’hui majeurs, ne voulait plus d’autres enfants. Placée en détention provisoire depuis juillet 2005, elle a déclaré avoir « mis au monde seule et sans aide tous ses bébés », sous l’emprise de l’alcool, et ne se souvenir que des deux premières naissances passées en jugement. Lors de la première naissance en 1988, elle se souvient que son ex-mari dormait dans la chambre voisine quand elle a accouché dans les toilettes. Lorsqu’elle a repris connaissance, l’enfant ne bougeait plus, selon le compte rendu de l’interrogatoire. « Pour ne plus penser », elle s’était mise à boire régulièrement de l’alcool. Mais dans son acte d’accusation, le parquet affirme que Sabine H. a eu « l’intention » de tuer ses bébés tout de suite après la naissance. Dans la plupart des cas, la femme avait emmailloté ses bébés et les avait délaissés jusqu’à ce qu’ils succombent. Elle les avait ensuite enterrés dans des bacs à fleurs sur son balcon, qu’elle avait transférés sur un terrain de ses parents, où ils ont été retrouvés par hasard le 31 juillet dernier. Fille de cheminot et enceinte pour la première fois à 18 ans, Sabine H. a refusé de recourir à la contraception par conviction religieuse, selon le parquet. Divorcée depuis mai, elle avait eu une petite fille en 2004 avec un autre homme sans emploi, qui a été placée depuis dans une famille d’accueil. Une assistante sociale, venue pour expulser le couple de son appartement, avait remarqué que Sabine H. était enceinte et avait prévenu les services sociaux. Le procès, au cours duquel sont attendus quelque 70 témoins et six experts, doit se poursuivre mardi prochain. Le verdict est attendu le 30 mai, à moins que le procès ne soit interrompu en raison des problèmes de santé de l’accusée.
Une mère jugée pour infanticides, après la découverte l’été dernier des cadavres de neuf de ses nouveau-nés, a refusé de s’exprimer hier au premier jour de son procès, une affaire sordide sans précédent dans l’histoire judiciaire allemande.

«Ma cliente ne veut rien dire sur les faits qui lui sont reprochés », a indiqué maître Matthias Schneburg à l’ouverture du procès...