Le Premier ministre désigné dresse un portrait-robot des futurs membres du cabinet Rice et Rumsfeld en visite surprise à Bagdad pour apporter leur soutien à Maliki

La secrétaire d’État américaine, Condoleezza Rice, et son collègue à la Défense, Donald Rumsfeld, sont arrivés hier à Bagdad pour des visites surprise, dans le but de soutenir les nouveaux leaders irakiens. Au cours de cette visite en Irak – la deuxième depuis le début du mois pour Mme Rice et la première depuis le début de l’année pour M. Rumsfeld –, les deux dirigeants américains ont rencontré le nouveau Premier ministre désigné samedi, Jawad al-Maliki, un chiite, le président kurde réélu Jalal Talabani et le nouveau président du Parlement, Mahmoud Machhadani, un Arabe sunnite. Condoleezza Rice et Donald Rumsfeld se sont déclarés encouragés par Jawad al-Maliki, qu’ils ont qualifié de « concentré » et « très impressionnant ». M. Maliki a « très clairement montré qu’il comprenait son rôle et le rôle du nouveau gouvernement pour démontrer que c’est un gouvernement d’union nationale », a déclaré Mme Rice, au cours d’une conférence de presse commune avec M. Rumsfeld. « Nous avions prévu de leur dire que les ministères devaient être des ministères d’union nationale, de même que c’est un gouvernement d’union nationale, mais ils nous l’ont dit eux-mêmes », a ajouté la chef de la diplomatie américaine. Le nouveau gouvernement devra être composé de « personnes compétentes et qui comprennent leurs responsabilités, pas de personnalités représentant des confessions ou des communautés, mais des ministres pour tous les Irakiens, qui reconnaissent l’importance de combattre la corruption », a ajouté M. Rumsfeld. Les deux ministres ont également abordé la question des milices avec les dirigeants irakiens, qui leur ont fait part de leur intention de régler ce problème progressivement et non de désarmer rapidement ces groupes largement responsables de l’insécurité. « Je pense qu’il est trop tôt pour discuter en détail de la façon de procéder », a indiqué Mme Rice. « À mon avis, ce sera plus probablement un processus politique qu’autre chose », a dit M. Rumsfeld. Les deux responsables américains, qui sont fréquemment apparus divisés ces derniers mois sur l’Irak, notamment après une remarque de Mme Rice sur les « milliers » d’erreurs tactiques commises depuis 2003, se sont efforcés de se montrer unis. « Le secrétaire et moi avons d’excellentes relations et nous passons un très bon moment en Irak », a assuré Mme Rice à la télévision américaine Fox. Par ailleurs, au sujet des soldats US déployés en Irak, M. Rumsfeld a estimé, pour sa part, que leur nombre allait dépendre du nouveau gouvernement. M. Maliki a dressé de son côté le portrait-robot de ses futurs ministres aux postes-clés de l’Intérieur et de la Défense, assurant qu’il avait l’intention de les confier à des personnalités indépendantes, sans liens avec les milices et qui ne soient pas les purs représentants d’une ethnie ou d’une confession. Condamnation unanime des propos de Zarqaoui Sur un autre plan, les responsables irakiens et américains ont unanimement condamné hier les propos du chef terroriste, le Jordanien Abou Moussab al-Zarqaoui, au cours desquels il a menacé de s’en prendre au nouveau gouvernement irakien et de continuer à attaquer la Force multinationale. Condoleezza Rice a réagi en déclarant qu’il « sait très bien que ce gouvernement est représentatif de l’ensemble de la population irakienne, que c’est un gouvernement d’union nationale qui représente peut-être la plus grande menace contre ses efforts pour diviser les Irakiens ». La Maison-Blanche a, de son côté, estimé que l’apparition du chef d’el-Qaëda en Irak sur une vidéo illustrait la défaite des terroristes et la victoire américaine. Sur le terrain, les violences ont fait hier 14 tués, dont un directeur d’école et treize blessés parmi les Irakiens.