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Tour d’horizon des dossiers kurdes avec le chef du PDK Les peshmergas ne sont pas une milice, affirme Barzani

De notre envoyée spéciale à Erbil, Émilie SUEUR Dans le cadre de la quatrième conférence sur la culture arabe organisée par le journal irakien al-Mada, à Erbil, au Kurdistan irakien, le président du gouvernement kurde et leader du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), Massoud Barzani, a reçu une délégation de journalistes. Une rencontre au cours de laquelle il a opéré un tour d’horizon des questions centrales relatives au Kurdistan irakien. Victimes des exactions du régime de Saddam Hussein, les Kurdes d’Irak bénéficient d’une autonomie de facto depuis 1991. Un statut qui a été renforcé dans la nouvelle Constitution irakienne. Si les Kurdes se satisfont, aujourd’hui, de cette autonomie, leurs rêves d’indépendance sont-ils enterrés pour autant ? « L’indépendance est une requête légitime de la part du peuple kurde. Aujourd’hui, nous n’avons toutefois pas l’intention de nous séparer du reste de l’Irak. Nous voulons rester dans un Irak démocratique et fédéral », assure Massoud Barzani, revêtu du costume traditionnel kurde kaki. Si le Kurdistan irakien se caractérise, par rapport au reste du pays, par une situation sécuritaire correcte, plusieurs sujets sensibles sont toujours d’actualité qui pourraient menacer cette stabilité. Le statut de Kirkouk est l’un d’entre eux. Sous Saddam Hussein, cette ville riche en ressources pétrolières a été le théâtre d’un processus d’arabisation. Aujourd’hui, les Kurdes veulent récupérer la ville, véritable manne économique, et y réinstaller les populations kurdes déplacées. « En 1963 et 1975, les Kurdes ont été expulsés de Kirkouk, souligne M. Barzani. Historiquement, Kirkouk est une ville kurde, et nous réclamons son rattachement au Kurdistan. Cette revendication n’est pas motivée par des raisons pétrolières. Nous voulons simplement corriger une erreur historique. Par ailleurs, nous voulons faire de Kirkouk un modèle de coexistence entre les ethnies et les religions. » Un discours aujourd’hui mesuré, alors qu’en 2004, M. Barzani declarait dans une interview à l’AFP être prêt à combattre pour les droits des Kurdes. Aujourd’hui, Kirkouk est toujours une véritable poudrière et le théâtre de heurts intenses entre factions rivales. Trouver une solution de compromis sur le rattachement de cette ville s’annonce comme une mission particulièrement délicate et essentielle. La question des peshmergas, ces combattants kurdes, pourrait également être la source de tensions entre le pouvoir kurde et le pouvoir central à Bagdad. Lors de sa prise de fonctions, le nouveau président du Parlement, Jawad el-Maliki, a en effet souligné que toutes les milices irakiennes devaient être désarmées ou intégrées aux forces armées. Interrogé par L’Orient-Le Jour sur ce point, M. Barzani s’est montré catégorique : « Les peshmergas ne sont pas une milice. Ils font partie d’une force armée qui a joué un rôle dans la libération de l’Irak. Les autres groupes armés, à travers l’Irak, sont en revanche effectivement des milices et doivent être intégrés aux forces armées. » Voisinage Le développement et l’autonomie du Kurdistan irakien ne sont pas sans inquiéter les pays voisins de l’Irak qui accueillent également des populations kurdes. « Le Kurdistan est une nation unifiée, et nous soutenons les aspirations démocratiques des autres mouvements kurdes établis dans les pays frontaliers. Mais nous n’opérons pas d’interférence avec ces mouvements », assure M. Barzani. Quant aux relations avec les Arabes du reste de l’Irak, M. Barzani se montre ouvert en affirmant que la langue arabe est enseignée au Kurdistan et que le Kurde devrait être enseigné, de par la Constitution, dans certaines provinces arabes. Il souligne toutefois que le fédéralisme, en ce qui concerne la région kurde, est un acquis qui n’est pas négociable. Sur le plan économique, M. Barzani souligne que la région est en développement. Il relativise le délabrement de certaines rues d’Erbil et le fait que l’approvisionnement en électricité, par exemple, ne soit pas régulier, en rappelant que le Kurdistan revient de loin. « Il faut se souvenir que des milliers de villages ont été détruits par les forces de Saddam Hussein, que ce dernier n’a jamais proposé le moindre plan de développement pour le Kurdistan, que le pétrole de Kirkouk était utilisé pour acheter des armes utilisées contre nous. Mais aujourd’hui, nous pouvons travailler sur un plan de développement ambitieux », assure-t-il. Le Kurdistan se pose enfin en poste avancé du processus de démocratisation en Irak. Une opinion qui n’est pas partagée par tous, loin s’en faut. Parmi les critiques, figure le Dr Kamel Sayid Qadir. En novembre dernier, cet Irakien kurde de nationalité autrichienne avait accusé M. Barzani de corruption et d’abus de pouvoir. Pour ces déclarations, il avait été condamné par la Cour de sûreté de l’État à 30 ans de prison. Après que plusieurs organisations de défense des droits de l’homme se furent emparées du cas Qader, la sentence a été ramenée à un an et demi, avant que ce dernier ne soit tout simplement relâché. Interrogé sur ce point, M. Barzani a proposé sa lecture du dossier : « M. Qader n’est pas un opposant, c’est un homme qui, tout simplement, m’a insulté. Quand l’affaire a éclaté, j’étais à Washington et un juge s’est occupé de l’affaire. À mon retour, j’ai demandé au juge de réouvrir le dossier puis le retrait de la plainte. Ce processus a pris un peu de temps, voilà tout. Aujourd’hui, M. Qader est libre de faire ce qu’il veut.
De notre envoyée spéciale à Erbil, Émilie SUEUR

Dans le cadre de la quatrième conférence sur la culture arabe organisée par le journal irakien al-Mada, à Erbil, au Kurdistan irakien, le président du gouvernement kurde et leader du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), Massoud Barzani, a reçu une délégation de journalistes. Une rencontre au cours de laquelle il a...