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Une « troisième force » ?

On eut cru que ce sont là des jeunes mûris après la guerre et gonflés d’une expérience acquise dans l’épreuve. Et qu’est-ce que nous trouvons ? Deux vieux politiciens, dont les performances au pouvoir sont loin d’être un titre de gloire : l’un, Sélim Hoss, dont l’entêtement partisan nous a fait perdre l’occasion en or (nous allons voir comment) de la résolution 425 obtenue de haute lutte à l’ONU le 18 mars 1978 ; l’autre, Omar Karamé, qui a assisté impavide à la chute retentissante de notre monnaie sous son égide, 2 500 livres le dollar. M. Hoss était chef du gouvernement lorsque, le 14 mars 1978, les troupes israéliennes ont envahi notre territoire et sont arrivées jusqu’au Litani. Au Conseil de sécurité saisi immédiatement de l’agression, Israël a justifié son action par les attaques des fedayins palestiniens qui ont rendu caduc l’armistice de Rhodes. Mais le Liban avait un ambassadeur qui s’appelait Ghassan Tuéni. Il a si bien plaidé qu’en quatre jours, il obtint la résolution 425 ordonnant le retrait israélien jusqu’au-delà la frontière, et confiant l’occupation de la ligne de séparation à une force internationale, la Finul, créée spécialement pour cette mission. La 425 libérait en même temps des Palestiniens la partie de notre Sud, qu’on avait, par dérision, appelée Fatehland. Seule avait échappé aux Palestiniens une région tenue par l’armée libanaise, notamment Marjeyoun et Kleya. Le commandant de nos troupes était le major Saad Haddad, qui tenait tête à toutes les convoitises des fedayins, et se disposait à céder la place au fur et à mesure que la Finul avançait. Or, M. Hoss, dans son obédience aux Palestiniens, ne voulait pas que Haddad restât maître du terrain après le retrait israélien. Sans attendre le déploiement de la Finul, et passant outre à toute règle en matière de hiérarchie et de compétence ministérielle, il donna l’ordre direct à Haddad de ramener ses troupes dans leurs casernes. Celui-ci, devant cette situation intolérable, se considéra non lié et refusa d’obtempérer, passant en dissidence pour continuer à assurer la sécurité de la zone placée sous son autorité. Les Israéliens, qui avaient commencé à exécuter méthodiquement la 425, trouvèrent dans la confusion ainsi artificiellement créée une occasion en or pour arrêter leur retrait du Liban-Sud. Leur occupation devait se maintenir vingt-deux ans, jusqu’en mai 2000. Le palmarès de M. Omar Karamé n’est pas moins brillant : quand le régime issu de Taëf prit le pouvoir le 13 octobre 1990, on pensa le nommer chef du gouvernement, en souvenir de son frère Rachid, disparu tragiquement. C’était son seul titre, car il était pratiquement inconnu, sans aucun passé politique. Le pays a commencé à subir l’effet de son inexpérience, et la baisse de la monnaie n’a pas tardé à suivre. Le nouveau régime, qui voulait tenir coûte que coûte, a désespérément essayé tous les moyens, plus d’un an. Un jour que M. Karamé faisait face à la presse, un journaliste l’a interpellé : « Et avec le dollar, où en sommes-nous ? » La réponse relayée par tous les médias fut historique, sinon hilarante : « Le dollar ? qu’il se débrouille – Youstoufel – ça m’est égal. » En mai, 1992, la livre était tombée jusqu’à 2 500 contre un dollar. La mesure était comble et Karamé a dû s’en aller sous les huées des masses, regagnant précipitamment son domicile. C’est avec de tels états de service que ces messieurs prétendent nous gouverner. Albert SARA
On eut cru que ce sont là des jeunes mûris après la guerre et gonflés d’une expérience acquise dans l’épreuve. Et qu’est-ce que nous trouvons ?
Deux vieux politiciens, dont les performances au pouvoir sont loin d’être un titre de gloire : l’un, Sélim Hoss, dont l’entêtement partisan nous a fait perdre l’occasion en or (nous allons voir comment) de la...