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Actualités

Ouvrons les yeux

Vue de l’extérieur, la situation du Liban en 2006 reste identique à celle de 2003 ou 2004, sans véritable espoir ni de grands changements en perspective, et pour cause. On dirait même qu’il n’y a jamais eu de « printemps de Beyrouth 2005 ». Que d’occasions manquées et de rendez-vous décommandés avec l’histoire. Mais pouvait-il en être autrement ? Les Libanais ne sont-ils pas mûrs pour se diriger eux-mêmes ? Tout porte à croire qu’ils sont bien incapables de le faire et ce ne sont pas les résultats du dialogue intercommunautaire qui nous prouveront le contraire. Réunions dans le cadre de ce dialogue, élections législatives non représentatives, gouvernement paralysé, président légal mais illégitime toujours en place sans pouvoir réel mais suffisamment pour empêcher d’avancer, dans le vide. La Syrie toujours suspectée mais en pratique blanchie de tout assassinat. Et les USA dans toute cela ? Quel est leur degré d’implication et de responsabilité dans l’ensemble de cette politique qui ruine notre pays et dans les divers assassinats politiques qui portent atteinte à notre démocratie ? C’est tout juste si nous ne fabulons pas, lorsque l’on évoque la guerre du Liban, qui pourrait même n’avoir jamais eu lieu. L’amnésie, voilà le mal qui nous guette. Guerres, assassinats, enlèvements, prisonniers, des mots qu’on voudrait faire disparaître, à défaut de pouvoir résoudre les problèmes qu’ils suscitent. Qu’attendons-nous de l’avenir ? Est-ce que changer de président ou de Premier ministre résoudra quelque chose à la misère ambiante ou bien permettra-t-il, encore une fois, aux nouveaux arrivants de parler pour ne rien dire ou de dire pour ne rien faire ? Le rapport de l’enquête internationale n’aboutira pas parce que les responsables ne sont pas forcément ceux que l’on attend. Ce rapport noiera le poisson pour la grande satisfaction de certains. Quelle est la politique que l’Amérique suit à l’égard de notre pays ? Voilà une question qu’il est judicieux de se poser. Parce qu’y répondre permettra de savoir ce qui nous attend, non que l’on puisse y changer grand-chose, mais pour que l’on n’ait pas cette illusion d’être libre. La politique américaine au Liban entre dans le cadre d’une politique régionale d’influence et de présence pour sauvegarder les intérêts US, ceux de leurs plus proches alliés historiquement ou opportunément, ou de leurs dirigeants aux USA. La volonté affichée d’appliquer la démocratie dans la région, contrastant sensiblement avec les faits qu’ils s’emploient à provoquer, est un fort alibi pour que les USA restent maîtres du jeu, et pour très longtemps, dans ce qu’il est convenu d’appeler, pour ceux qui ne connaissent rien à la politique locale : le bourbier du Moyen-Orient. Qui pourrait encore croire, jouir d’un iota de liberté ou de pouvoir, pour espérer appliquer autre chose que ce qui a déjà été décidé en d’autres hauts lieux ? À quoi bon se battre, et pour qui ? À la lumière de ce que nous venons d’évoquer, quels intérêts, autres que personnels, pourraient pousser nos hommes politiques à entrer dans une telle bataille ? Notre avenir est décidé d’avance, surtout pour tous ceux qui croient au « mektoub ». Pour les autres, soit que la politique est idéalisée à l’extrême, soit, comme nous l’avons évoqué, ils ont leurs intérêts propres. Le partage communautaire du Liban a montré ses limites et ses incohérences à l’intention de tous ceux qui voudraient y vivre en paix. Ce partage-là n’est pas dénué d’intérêt pour tous ceux qui y voient une façon pratique de s’immiscer dans les affaires intérieures pour des intérêts tout à fait extérieurs. L’équilibrisme est un sport dangereux, l’histoire récente nous l’a prouvé. Ne rêvons plus et soyons réalistes. Ayons les pieds sur terre, les yeux ouverts et de la suite dans les idées. Dr Riad JREIGE Montpellier – France
Vue de l’extérieur, la situation du Liban en 2006 reste identique à celle de 2003 ou 2004, sans véritable espoir ni de grands changements en perspective, et pour cause. On dirait même qu’il n’y a jamais eu de « printemps de Beyrouth 2005 ».
Que d’occasions manquées et de rendez-vous décommandés avec l’histoire. Mais pouvait-il en être autrement ? Les Libanais ne...