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Actualités - CHRONOLOGIE

THÉÂTRE - « Akala al-Waladou al-Touffaha » jusqu’à dimanche, au Tournesol Guy Nader et sa pomme de délices

Et si l’homme perdait le goût du plaisir ? C’est à partir de cette supposition devenue présomption que le jeune metteur en scène a construit son spectacle intitulé Akala al-Waladou al-Touffaha (L’enfant a mangé la pomme), qui se produit ce soir et en week-end au Tournesol. Le concept de la pièce, qui a été l’objet du diplôme du jeune Guy Nader, a été largement approfondi avec la collaboration d’une troupe de jeunes gens qui ont contribué, par leurs improvisations, à étoffer la matière. Pourquoi ce titre qui évoque un peu les livres d’enfants, mais également les grands mythes qui ont traversé l’humanité? On pense très vite, entre autres, à la pomme d’Adam ou celle de Guillaume Tell. « Ce n’était pas intentionné, répond Nader, mais le but du théâtre, à mon avis, est de susciter certains signaux afin que le spectateur puisse divaguer à son aise. » Ainsi, à partir du plaisir gustatif et de son atrophie, symbolisés par cette grande table découpant la scène, l’artiste mène ses comédiens vers une destination inconnue. En quête de passion Sous une lumière rougeâtre, car, dit-il, « le rouge est couleur de passion, de vie, de révolte et parce que je rêve en rouge », douze personnages (comédiens, musiciens et machinistes) se débattent contre les invasions de la monotonie. Des invasions barbares auxquelles l’humanité a cédé en toute complaisance. La perte de plaisir n’est-elle pas au bout du compte cette perte de passion, ce monstre que l’homme a enfanté et qui s’est retourné, avec le temps, contre lui ? Daniel Ballabane, Yara Bou Nassar, Layal Ghanem, Fouad Yammine et Marie-Lise Akl vont entamer une lutte sans merci contre les démons de la platitude et de l’absence de plaisir. Gestuelle, mouvements de danse et textes épurés (car pour Nader, « on vient au théâtre pour percevoir des sensations et non faire de la littérature»), mais aussi improvisations pour ces cinq jeunes comédiens réunis autour d’une table. Les personnages, comme des archétypes, emprisonnés, parfois symboliquement, par des plats en cuivre et devenus par moments des hommes troncs, surgissent de cette table percée pour la bouger dans tous les sens et l’emmener dans la quête du plaisir. Celle-ci n’est que prétexte, le titre de la pièce également. Akala al-Waladou al-Touffaha est une phrase puérile, un énoncé trop usité qui perd de son identité aussitôt sorti de son cadre. Le jeune réalisateur veut ainsi démontrer que le plaisir, aujourd’hui éculé, est aussi démystifié, banalisé. Les hommes sans passion ne sont plus que des morts vivants. Noirceur ? Désillusion ? « Pas du tout », se défend Guy Nader. Si la pièce illustre les désenchantements d’une jeunesse perdue dans un monde chaotique, l’objectif est d’en sortir plus revigoré, plus rafraîchi. Une claque n’a jamais fait de mal à personne. Au contraire, il y a de grandes chances qu’elle remette les esprits en place. Colette KHALAF

Et si l’homme perdait le goût du plaisir ? C’est à partir de cette supposition devenue présomption que le jeune metteur en scène a construit son spectacle intitulé Akala al-Waladou al-Touffaha (L’enfant a mangé la pomme), qui se produit ce soir et en week-end au Tournesol.
Le concept de la pièce, qui a été l’objet du diplôme du jeune Guy Nader, a été largement approfondi...