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Le 7e art en quête d’un monde meilleur Les sorties de la semaine

kkk V For Vendetta, de James McTeigue V For Vendetta est l’adaptation cinématographique de la bande dessinée éponyme écrite par Alan Moore et illustrée par David Lloyd, qui vit le jour en 1981 dans le mensuel indépendant Warrior. Cinq ans plus tard, un roman graphique, avec le récit intégral, fut publié aux éditions DC. Fans de la BD, Andy Wachowski et Larry Wachowski avaient écrit une ébauche du scénario dans les années 90 avant de se lancer dans l’aventure Matrix, qui les a mobilisés durant dix ans. Pendant la postproduction des deuxième et troisième volets de la trilogie, ils ont écrit une nouvelle version du script et ont confié la réalisation du film à leur premier assistant James McTeigue, qui signe là son premier long-métrage. Retour rapide sur l’histoire: V For Vendetta se passe dans l’Angleterre fasciste de l’après-guerre nucléaire où apparaît un justicier masqué (Hugo Weaving) qui ne vit que pour accomplir deux missions bien précises : détruire un système dictatorial et se venger de ceux qui l’ont torturé et emprisonné. S’il agit seul, il croise néanmoins la route d’Evey Hammond (Natalie Portman), une jeune femme qui deviendra son unique disciple, sa seule amie et son seul amour. Cette rencontre fortuite déclenchera d’ailleurs le réveil politique de Evey et le commencement pour elle d’une longue période d’épreuves et d’initiations. Dense dans la forme comme dans le fond, ce long-métrage fonctionne à plusieurs niveaux. Nous l’apprécions notamment pour ses messages humanistes et politiques véhiculés tout au long de l’histoire. Le film soulève effectivement plusieurs questions d’actualité telles que notre relation au pouvoir, le danger des puissances gouvernementales, la notion de liberté, les justifications éventuelles du terrorisme, etc. Le personnage de V se veut tout aussi intéressant et complexe. Si ses intentions sont indéniablement nobles (se battre pour la justice, la liberté et le droit d’expression), il est néanmoins capable du pire pour arriver à ses fins. Symbole de liberté, de résistance, de révolte et d’idéal politique, il représente plus un concept qu’un homme. Cela est renforcé par le fait que son personnage porte un masque [1]. Chapeau bas à l’acteur Hugo Weaving qui, visage couvert du début à la fin, a dû subtilement jouer avec les différentes lumières et intelligemment user des nuances de sa voix et de sa gestuelle afin d’humaniser son personnage. Le film présente également une brochette d’acteurs hors pair allant de Stephen Rea à John Hurt, en passant évidemment par une Natalie Portman qui oscille sans cesse entre détermination, rage, peur et fragilité. Pour ce qui est de la forme, V For Vendetta offre des plans spectaculaires. À la fois imposants, terrifiants et sombres, ils reflètent très justement l’atmosphère suffocante, inquiétante et noire du film. L’architecture de Londres (bien qu’elle conserve encore quelques reliques comme Big Ben, le Parlement ou l’Old Bailey) est le résultat de plusieurs années d’oppression totalitaire. Les bâtiments se veulent donc sinistres, glauques et massifs. Pour ce qui est de la stylisation, le film semble s’être inspiré de la bande dessinée, si l’on tient compte notamment des forts contrastes entre l’ombre et la lumière et des riches imageries (les feux d’artifice, le jeu impressionnant de domino, la bataille finale). V For Vendetta présente également plusieurs références cinématographiques dont The Phantom of the Opera, A Clockwork Orange et 1984. Une distribution sans faille, une stylisation intéressante, un discours interpellant, une symbolique subtile…Autant d’éléments qui font de V For Vendetta une réussite tant dans la forme que dans le fond. [1] La phrase d’accroche de l’affiche, qui mentionne la date du 5 novembre («Remember, remember, the fifth of november»), fait référence au 5 novembre 1605, date à laquelle un catholique du nom de Guy Fawkes et ses amis conspirateurs ont essayé de faire exploser le Parlement (alors que le roi James Ier se trouvait à l’intérieur) car ils étaient en désaccord avec la politique du roi concernant les protestants. Mais le complot, appelé «Conspiration des poudres», a été découvert. Ainsi, Guy Fawkes et ses amis ont été exécutés pour trahison. À la suite de cette atteinte à la royauté, le 5 novembre est devenu une célébration en Angleterre consistant à brûler des représentations de Guy Fawkes tout en allumant des feux d’artifice. Le masque que porte le personnage de V représente d’ailleurs le visage de Guy Fawkes. Espace, Circuit Empire- sauf Sofil kkk Le tigre et la neige, de Roberto Benigni Avec Le tigre et la neige, Roberto Benigni poursuit sa collaboration avec sa compagne et muse Nicoletta Braschi. Le cinéaste l’avait déjà faite tourner dans plusieurs films dont Le petit diable, La vie est belle et Pinocchio. Et quel souvenir désastreux que ce Pinocchio ! Surplus de décors et d’effets spéciaux, discours aseptisé et niais, Benigni dans le rôle d’un garçon en bois exaspérant et surexcité… la liste est longue. Mais avec Le tigre et la neige, l’Italien semble, pour notre plus grand plaisir, s’être calmé. S’il reste fidèle à sa gestuelle nerveuse et à sa diction particulière, le tout se veut un chouia pondéré. L’histoire, quant à elle, explore un thème cher au réalisateur, l’amour. L’amour qui est ici présenté comme étant la seule arme capable de sauver le monde et de vaincre les guerres. Un discours extrêmement casse-gueule, rétro et osé en ces temps de désenchantement total, d’individualisme et de désillusion. L’intention est certes extrêmement naïve, mais c’est un plaisir de se laisser emporter par l’optimisme «benigniesque», par sa bonne humeur et par la douce poésie qui berce l’histoire. Celle-ci suit Attilio [1], un poète qui, chaque nuit, rêve de sa femme idéale, jusqu’au jour où il la rencontre en chair et en os et décide de la suivre jusqu’en Irak. Entre échappées oniriques (marquées par la musique et la présence de Tom Waits, personnage atypique et surréel par excellence), dialogues inspirés (qui mêlent entre autres des citations de Lévi-Strauss, Neruda, Montale et Eluard) et situations burlesques (dans la lignée des classiques muets), le public rentre instantanément dans le monde singulier du réalisateur. Le contexte de la guerre n’est ici qu’un prétexte pour mettre en valeur le courage et l’amour sincère du protagoniste envers sa belle. Les critiques indirectes sur l’absurdité des conflits et l’idée que la poésie est une langue universelle capable de détruire les frontières fonctionnent moyennement. Mais qu’importe. La quête d’Attilio, l’humour, la rêverie, le lyrisme et la magie constante pardonnent tout. Encore faut-il retrouver cette candeur enfantine, cette sensibilité trop souvent refoulée pour apprécier comme il se doit ce très touchant récit romanesque capable simultanément de faire rire et pleurer. [1] Roberto Benigni a appelé son personnage Attilio en hommage au poète italien Attilio Bertolucci, père des cinéastes Giuseppe et Bernardo Bertolucci. Concorde, Abraj, Zouk Sorties prévues pour le jeudi 27/04/2006 (sous réserves) : – Munich, de Steven Spielberg, avec Eric Bana et Daniel Craig. – The Producers, de Susan Stroman, avec Matthew Broderick, Nathan Lane, Uma Thurman et Will Ferrell. – Yours, Mine and Ours, de Raja Gosnell, avec Dennis Quaid et Rene Russo.
kkk V For Vendetta,

de James McTeigue

V For Vendetta est l’adaptation cinématographique de la bande dessinée éponyme écrite par Alan Moore et illustrée par David Lloyd, qui vit le jour en 1981 dans le mensuel indépendant Warrior. Cinq ans plus tard, un roman graphique, avec le récit intégral, fut publié aux éditions DC. Fans de la BD, Andy Wachowski et Larry Wachowski...