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Actualités - CHRONOLOGIE

RENCONTRE Pour Wassim Kays, la céramique est un art méditatif

Un cinquantenaire heureux de tailler des carreaux de céramique et qui ne pontifie guère sur ses « créations ». « Un art méditatif que la céramique telle que je la pratique », décrète-t-il paisiblement. Un artiste qui a la joie de vivre et le sens du ludique en griffonnant son inspiration sur un papier ou en se laissant guider à la joyeuse et bigarrée aventure des couleurs et des formes, en reconstruisant des puzzles échappés à son imaginaire. Avec un brin de coquine polissonnerie érotique. Allure d’artiste pour Wassim Kays, qui a participé à son premier Salon d’automne au musée Sursock tout en ne se prenant pas au sérieux, c’est-à-dire jouer à l’artiste arrivé à l’inspiration profonde.Une simplicité et une modestie à couper le souffle. Cheveux et barbe sel et poivre en bataille comme Rabindranath Tagore («Je suis né avec une barbe», dit-il rigolard), yeux bleus rieurs derrière des lunettes de myopie et un paisible enthousiasme d’enfant… c’est ainsi que se présente Wassim Kays dans son atelier à Hamra. Cartons débordants de céramiques colorées, pots de colle, fragments de cadres en bois et une production importante de tableaux de toutes tailles et formes accrochés ou adossés aux murs avec des tables-tabourets en fer forgé, surmontées de plateaux en céramique travaillée… Là c’est le règne foisonnant des rêves reconstitués avec des myriades de bouts de céramique patiemment, soigneusement découpés et recollés. Un savant patchwork qui n’exclut guère ni la concentration ni l’amusement… Un thé à l’hibiscus et deux chaises au soleil sur un petit balcon au parapet caché par un rideau artisanal en bambou. Discussion à bâtons rompus avec un artiste originaire de Batloun (au Chouf) qui aime marcher dans la nature, travailler la terre et s’occuper de sa femme et de ses jumelles…Des études de sciences politiques à l’AUB («Et pourtant la politique n’est pas ma tasse de thé », souligne-t-il ) il passe, pour plus de vingt-cinq ans, au « Lay out design » pour des publications, un «part-time job» qui le gratifie de grands moments non seulement de satisfaction personnelle, mais aussi de loisirs et de liberté. Modestie et humour « Dessiner était pour moi une chose marginale, confie-t-il. Mes meilleurs dessins sont ceux où j’étais à Montréal quand mes enfants sont nés et que la neige floconnait. Et, à l’époque,j’offrais mes dessins… Et puis j’ai rencontré une Canadienne, Nelsie Massoud, qui faisait du vitrail. Initiation et sens de la découverte. Ainsi est née l’aventure de la céramique. Une aventure à rebondissements, surtout avec le 26e Salon d’automne qui a accueilli, pour la première fois, un de mes assemblages. En fait, j’achète la céramique, je casse les carreaux et je compose selon mes humeurs, la fantaisie et le filon de mon imaginaire. J’aime cette technique du toucher. Je suis fondamentalement un “manuel”. Un peu de force et le côté rugueux dans mes mains me réussissent parfaitement, autant que j’aime piocher la terre de mon jardin... Ce qu’il y a de passionnant, c’est l’aspect “hasardeux” de ce travail en rangeant de petits bouts, parfois informes, les uns à côté des autres pour une composition qui surprend toujours... Moi en premier! Il y a une fluidité intéressante dans ce travail, finalement bien méditatif et presque une thérapie pour tous les maux… Quand, il y a six mois, j’ai exposé pour la première fois à Faraya, je ne croyais pas à ce qui m’arrivait… Je n’ai pas de référence précise quant à mon art, mais j’avais un artiste que j’admirais bien et c’est Rafic Charaf. » Un homme sans nul doute heureux, Wassim Kays, qui ne s’embarrasse ni de théorie ni d’étiquette artistique. Artiste ou artisan, ce céramiste qui se découvre et dont les créations sont pures alchimies exploratoires ? Ni l’un ni l’autre. « Je ne suis rien, dit-il en toute franche humilité et un évident sens de l’humour. Mais je me définis volontiers comme un “handy man” (un manuel), sans précision de la matière et du matériau utilisés pour travailler. Pour le moment, je peaufine et tente de maîtriser la technique de la céramique. Alors, au printemps prochain, je pourrais aspirer à une exposition individuelle. Je n’ai pas un planning précis pour le futur mais dans trois ans, par exemple, j’aimerais changer, peut-être, pour apprendre le vitrail. Là c’est encore plus créatif, surtout avec les jeux de la lumière… » Edgar DAVIDIAN
Un cinquantenaire heureux de tailler des carreaux de céramique et qui ne pontifie guère sur ses « créations ». « Un art méditatif que la céramique telle que je la pratique », décrète-t-il paisiblement. Un artiste qui a la joie de vivre et le sens du ludique en griffonnant son inspiration sur un papier ou en se laissant guider à la joyeuse et bigarrée aventure des couleurs et des...