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Actualités

Espoir, désillusions

Je me permets de parcourir à vol d’oiseau les événements de ces dernières semaines, constatant que je ne me serais jamais attendue à faire un jour l’éloge du président de la Chambre pour avoir préparé et parrainé cette conférence d’union nationale, dont les décisions seraient « made in Lebanon ». Une pensée a celui qui a donné l’occasion à nos plus fins politiciens de sacrifier leurs rancœurs sur l’autel du patriotisme. Oui, le chef du Législatif, sous le mot d’ordre de « nous sommes destinés à cohabiter, apprenons à vivre ensemble », a brisé cette couche d’inimitié sur laquelle les déclarations résonnaient comme autant de multiples monologues, et dont l’écho allait, de jour en jour, susciter le désarroi dans le cœur des Libanais. M. Berry a ainsi mis en relief l’humanisme dans les relations, première règle de la convivialité, surtout entre gens d’une même race et d’une même nationalité. Les accolades et les sourires, les plaisanteries étaient à l’ordre du jour. Et surtout, une certaine entente : « Résolvons nos problèmes entre nous, sans interférences extérieures. » Quelle belle image que celle-là : Berry en roi Arthur, réunissant, autour de sa table ronde, la crème des chevaliers, pour un séminaire où l’on abandonnerait à l’entrée ses ambitions personnelles et ses allégeances pour aller vers l’autre, dans le seul intérêt de la nation... Et cette fameuse règle du silence vis-à-vis des journalistes n’était-elle pas de mise ? Soudain, le plus prolixe des orateurs se transformait en un interlocuteur au sourire angélique, habité d’une sagesse salvatrice. Le peuple, stupéfait, n’en revenait pas de voir la complicité régner entre ses dirigeants et constatait que « si la parole est d’argent, le silence est d’or ». Les jours passaient et le temps, élément funeste, travailla contre nous, confirmant l’adage : « Chassez le naturel, il revient au galop. » Les anges, redevenus humains, enfourchaient de nouveau chacun son dada favori. Alors, la parano de l’un n’eut d’égal que la mégalomanie de l’autre. Quant au troisième, non content d’être menaçant et agressif, au lieu de s’enrichir de la différence, accentuait encore plus sa marginalisation en se plaignant d’être envahi par un trop-plein de « Liban ». Dans tout ce remue-ménage est entré en scène un acteur censé jouer le rôle d’arbitre, être au-dessus des zizanies, celui dont l’apparition devrait, en principe, inspirer le respect et l’estime à chaque Libanais. Le voilà donc dans la mêlée, à stigmatiser pour la seconde fois le malentendu entre les deux pôles du pouvoir et les altercations en Conseil des ministres. Étant donné que les querelles vont crescendo ; nous craignons que la prochaine fois ils n’en viennent aux mains, nous offrant alors un spectacle sportif au lieu d’un spectacle tout court. Quant au numéro deux de l’État, cloué au piloris par le président, le Hezbollah et les prosyriens, critiqué par le troisième membre de ce qui n’est plus la « troïka », il se verra reprocher son excès de libanisme. Mais notre Premier ministre ne s’est pas laissé faire car il voit poindre, à travers ce dernier litige, les prémices confirmées d’un « État dans l’État ». Si chaque sujet traité dans cette conférence, après déjà plus de trois semaines de travail, nous ramène au point de départ, cela devrait nous pousser, nous simples citoyens, à nous poser plusieurs questions, dont celles-ci : – Ce dialogue n’aurait-il été qu’un attrape-nigaud pour pousser les Libanais à prendre des décisions en marge des institutions ? Car enfin pourquoi une table ronde alors qu’ils sont tous représentés au Parlement ? – Comment appeler cette table ronde qui se substitue au Législatif et à l’Exécutif et qui n’a pas confiance en eux ? Chambre des lords ou encore Conseil des anciens ? – Si nous suivons le principe de la thèse-antithèse-synthèse qui régit tout processus, n’allons-nous pas tout simplement vers une nouvelle dictature ? Et, cette fois, à la demande d’une majorité issue d’un amalgame de tous les résidus du parrainage syrien au Liban ? Il n’y a pas deux mots pour désigner la liberté, mais un seul. Que ceux qui ne l’ont pas encore fait se dépêchent de choisir leur vraie majorité. C’est celle de Rafic Hariri, Bassel Fleyhane, Samir Kassir, Gebran Tuéni et tous les autres martyrs. C’est la seule vérité, de laquelle rien ni personne ne doit nous éloigner. Molly SELWAN
Je me permets de parcourir à vol d’oiseau les événements de ces dernières semaines, constatant que je ne me serais jamais attendue à faire un jour l’éloge du président de la Chambre pour avoir préparé et parrainé cette conférence d’union nationale, dont les décisions seraient « made in Lebanon ». Une pensée a celui qui a donné l’occasion à nos plus fins politiciens de...