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« Syriana » a été amputé de quelques minutes, « Brokeback Mountain » complètement interdit Deux films américains oscarisés frappés par la censure dans le Golfe

Deux productions américaines récompensées aux Oscars, le film de société «Brokeback Mountain» et celui plus politique «Syriana», ont subi les foudres des censeurs de pays islamiques conservateurs du Golfe, y compris ceux de l’Émirat relativement libéral de Dubaï. Mercredi dernier, Syriana, qui raconte comment Washington cherche à garantir ses intérêts pétroliers et militaires au Moyen-Orient, est sorti sur les écrans des Émirats arabes unis… mais amputé de deux minutes. Pendant quatre mois, les censeurs ont passé à la loupe ce film tourné en partie à Dubaï, il y a deux ans. Le directeur du Bureau de la censure de Dubaï, Alim Joumaa, a indiqué à l’AFP que son bureau avait jugé nécessaire d’obtenir un second avis des autorités pour autoriser la sortie du film, dont l’un des acteurs principaux, George Clooney, a remporté l’Oscar du meilleur second rôle masculin en mars. Une des scènes censurées montre des travailleurs asiatiques battus par la police. L’un d’eux est ensuite recruté par un musulman extrémiste et devient kamikaze. Dans un rapport publié fin mars, l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch avait dénoncé les conditions «inhumaines» des travailleurs migrants, notamment asiatiques, aux Émirats, appelant ce pays à prendre des «mesures immédiates pour arrêter ces pratiques abusives». Autre scène ayant suscité le courroux des censeurs émirats: lorsque le personnage joué par Matt Damon affirme que la société saoudienne de la famille Ben Laden a «climatisé (la ville sainte de) La Mecque et gagné des milliards». Une scène montrant une photo dans laquelle le défunt roi Fahd d’Arabie pose avec un avocat corrompu, joué par Christopher Plummer, a également été coupée. «Nous ne tolérerons rien qui manquerait de respect au pays ou au président, qui menacerait la sécurité, qui insulterait la religion, qui montrerait la nudité ou encouragerait aux vices comme l’alcool et la drogue», a ajouté M. Joumaa. Selon le distributeur du film, Shooting Stars, les censeurs ont demandé aux réalisateurs de Syriana, après avoir lu le scénario, d’ôter toute référence aux dirigeants du Golfe avant d’autoriser un tournage à Dubaï. Dans ce film, l’émir à la santé défaillante se déplaçant en chaise roulante affiche une ressemblance frappante avec le roi Fahd, proche allié des États-Unis, qui ne pouvait plus se déplacer normalement les dernières années de sa vie. Le nom de son pays n’est toutefois jamais mentionné. La lutte de succession entre ses deux fils rappelle en outre le coup d’État pacifique par lequel l’actuel émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, renversa son père il y a 11 ans. La sortie de Syriana, actuellement projeté en Égypte, est peu probable dans le reste du Moyen-Orient, selon Shooting Stars. Reste que les réalisateurs de Syriana ont la chance de voir leur film projeté aux Émirats, même censuré, car Brokeback Mountain, une histoire d’amour entre homosexuels dans l’ouest américain qui a remporté trois Oscars, s’est vu opposer un refus catégorique des autorités du Golfe, selon son distributeur Italia Films. Ils ont dit «qu’ils ne voulaient pas en entendre parler», a déclaré Jean Chahine, d’Italia Films. L’homosexualité est un crime passible de flagellation et d’emprisonnement dans le Golfe. En février aux Émirats, 12 personnes ont été condamnées à des peines de prison pour «homosexualité» et «obscénité» après avoir été arrêtées pendant la préparation d’un mariage homosexuel, près d’Abou Dhabi. Le film n’aurait pas pu, de toutes les façons, passer en Arabie saoudite puisque les cinémas sont interdits dans ce royaume ultraconservateur. Mais que les cinéphiles des Émirats se réjouissent. Des copies piratées et intégrales de Syriana et de Brokeback Mountain sont en vente chez des marchands chinois à Dubaï.

Deux productions américaines récompensées aux Oscars, le film de société «Brokeback Mountain» et celui plus politique «Syriana», ont subi les foudres des censeurs de pays islamiques conservateurs du Golfe, y compris ceux de l’Émirat relativement libéral de Dubaï.

Mercredi dernier, Syriana, qui raconte comment Washington cherche à garantir ses intérêts pétroliers et...