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Actualités - OPINION

IMPRESSION Judas

La publication prochaine par National Geographic de l’Évangile de Judas relance le débat sur la trahison de Jésus. Selon cet évangile apocryphe, le traître aurait obéi à un ordre divin. Disciple bien-aimé de Jésus, Judas aurait eu la plus difficile des missions à accomplir : livrer son Maître aux Romains. En livrant Jésus, il aurait obéi à ce dernier, lui permettant ainsi de faire le sacrifice ultime pour la rédemption du monde. Voilà qui nous complique la vie. On connaissait la tendresse de Jésus pour les brebis égarées. Il y avait celles-ci, et puis les autres. Celles qui se séparent du troupeau et celles qui suivent. Celles qui s’exposent à la prédation du Loup et celles qui vont, confiantes sous l’ombrelle de l’Amour. De quel côté était Judas ? Longtemps nous l’avons traité comme un traître, un espion, un esprit malfaisant. Judas, un trou dans la porte pour voir sans être vu. Judas, un Brutus à sa manière, un fils qui livre son père. Brutus l’a fait pour le pouvoir, Judas pour quelques sous. N’aurait-il pas reçu de récompense, on se serait posé des questions sur le mobile de son crime. Mais voilà… En même temps, on sait ce que vaut la piétaille quand elle est en mission. Si Jésus n’avait pas été livré par un témoin privilégié, les Romains auraient pris une autre victime qui serait morte inutilement. Or la mort de Jésus était nécessaire à Sa gloire et au pardon de l’humanité. Il lui fallait un disciple suffisamment humble et dévoué pour accepter de le livrer, et d’en être ainsi honni par ses pairs jusqu’à la fin des temps. Alors, complice de qui, Judas, l’homme de la sale besogne ? Nous laisserons aux théologiens le soin de trouver la réponse. En attendant, cette idée d’une association entre les victimes et les traîtres nous laisse songeurs. Tant de souffrances nous viennent des autres, et sans doute souffrent-ils par notre faute. Qui est bon, qui est mauvais ? Qui subit et qui inflige ? Y a-t-il, inscrite dans la destinée de chacun, une obscure mission dont le but est d’infléchir la destinée d’un autre ? Dans ce Liban de tant de vies détruites, nous est-il permis d’espérer qu’elles le furent pour quelque résurrection ? Tous les Judas responsables des massacres, des assassinats, des déportations, ne furent-ils que les instruments d’une histoire en mal de changements ? Possible. Mais expliquer n’est pas justifier, encore moins excuser. Dieu, dit-on, se charge des traîtres, pourvu qu’au jugement des hommes nous ne soyons pas des Pilate. Fifi ABOU DIB
La publication prochaine par National Geographic de l’Évangile de Judas relance le débat sur la trahison de Jésus. Selon cet évangile apocryphe, le traître aurait obéi à un ordre divin. Disciple bien-aimé de Jésus, Judas aurait eu la plus difficile des missions à accomplir : livrer son Maître aux Romains. En livrant Jésus, il aurait obéi à ce dernier, lui permettant ainsi de faire...