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Actualités

Une lutte sans relâche

Il est rare de trouver des personnes qui s’engagent avec un tel acharnement en faveur d’une cause humanitaire qui ne les concerne pas directement. Ghazi Aad, porte-parole de Solide, n’a aucun proche détenu en Syrie. Cela ne l’a toutefois pas empêché de relever le défi et de mener sa lutte en faveur de la libération des prisonniers libanais. Un combat qu’il a initié en décembre 1989. «Nous étions un groupe de jeunes, et le but de la campagne que nous avions alors lancée était de connaître le nombre de Libanais arrêtés par les forces syriennes, se souvient-il. Nous croyions alors qu’en mettant l’accent sur l’affaire, nous allions réussir à faire du tapage autour du dossier, ce qui pousserait la Syrie à mettre fin à ses pratiques. Parce que nous considérions que pour imposer son hégémonie, Damas avait recours aux arrestations arbitraires, au terrorisme et à la torture.» À l’époque, le groupe de jeunes croyait de même que le crime commis par les forces syriennes alors présentes au Liban visait un groupe politique bien défini. «Mais nous avons été surpris de constater que cette action visait tous les Libanais, quelle que soit leur communauté ou leur appartenance politique, remarque Ghazi Aad. Au fils des mois, nous nous sommes engagés davantage dans le combat. Les informations que nous recueillions et les obstacles que nous rencontrions nous poussaient à le faire.» Le défi grandissait au fil des jours, ainsi que l’obstination de Ghazi Aad à aller jusqu’au bout de l’affaire. «Le démenti des autorités officielles libanaises et syriennes concernant l’existence d’un tel dossier et le refus des gens à l’évoquer ont renforcé notre position, souligne-t-il. Notre rôle consistait alors à prouver son existence.» Un premier défi que Solide a fini par remporter. Octobre 1997 Plusieurs années durant, le dossier a été occulté par les médias «qui craignaient les réactions des services de renseignements syriens». Jusqu’en octobre 1997. «À cette date, Gebran Tuéni a assisté à la messe que nous faisions célébrer chaque année pour commémorer le 13 octobre 1990, se souvient Ghazi Aad. Le lendemain, le quotidien an-Nahar nous a consacré un grand article. Les autres médias se sont intéressés à leur tour à notre cause et ont commencé à couvrir nos activités, bien que d’une façon timide. Le dossier n’a été traité de façon sérieuse par les médias que l’année dernière, au lendemain de l’attentat contre l’ancien Premier ministre Rafic Hariri et du changement politique observé au Liban.» Et Ghazi Aad de remarquer: «Mais jusqu’à présent, le tabou n’est pas entièrement levé. Les médias et les responsables n’évoquent pas le dossier ouvertement, prétendant que cela nuirait aux relations libano-syriennes et entraverait le dialogue… À chacun son excuse. Personne n’évoque le dossier dans ses détails les plus dérangeants.» L’indifférence du gouvernement vis-à-vis du dossier des détenus déçoit le porte-parole de Solide. «Les responsables se comportent comme s’il ne s’agissait pas d’êtres humains qui ont souffert le martyre et dont les parents continuent à souffrir, déplore-t-il. Ils considèrent qu’il est normal qu’ils soient décédés.» Qu’est-ce qui le pousse à poursuivre le combat ? « J’ai franchi un long chemin, répond Ghazi Aad. Je suis arrivé à un point de non-retour. Le dossier des détenus occupe la majorité de mon quotidien. J’ai des responsabilités vis-à-vis des familles, des médias, des Nations unies et du gouvernement. Le dossier n’appartient plus à Solide. C’est moi qui appartiens désormais au dossier. Je continue à le servir au moment où les autres se sont dérobés à leurs responsabilités.»
Il est rare de trouver des personnes qui s’engagent avec un tel acharnement en faveur d’une cause humanitaire qui ne les concerne pas directement. Ghazi Aad, porte-parole de Solide, n’a aucun proche détenu en Syrie. Cela ne l’a toutefois pas empêché de relever le défi et de mener sa lutte en faveur de la libération des prisonniers libanais. Un combat qu’il a initié en décembre...