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Actualités - CHRONOLOGIE

SCÈNE - Au centre Tournesol (Tayouné) jusqu’au 16 avril «Umwelt», de Sawsan Bou Khaled: l’enfermement dans l’absence…

Umwelt: terme fixé par un biologiste allemand pour désigner le monde subjectif des insectes, dont chaque espèce a une perception spatiale et temporelle propre. Umwelt de Sawsan Bou Khaled (ou, en arabe, Yaoum al-Hacharat) c’est sur la scène du centre Tournesol (rond-point Tayouné), une immersion de cinquante minutes dans un univers marqué par la «réalité subjective». Une scène plongée dans le noir où trône un énorme cube. Structures en acier et rideau noir. Dans cet univers intime et isolé, une femme se débat, comme un insecte dans un bocal. Elle voudrait aller de l’avant, sortir de l’engrenage dans lequel elle se trouve, mais chaque fois qu’elle prend sa valise, elle se retrouve liée, ligotée par le poids du passé. Un passé qui envahit son présent et phagocyte tout avenir. Un passé qui prend les traits d’une immense marionnette figurant son mari, disparu pendant la guerre. Jamais revenu et pourtant jamais parti. Il est là, présent, tapi dans la mémoire de cette femme, dans son attente, dans ce sentiment de manque qui l’entraîne progressivement vers la folie. Une voix off (celle de Roger Assaf) sur fond de grésillements distille – entre plages de silences et bruitages puissants – des propos tirés de la Trilogie de guerre d’Édouard Bond et des histoires d’insectes: tiques, puces, fourmis, sauterelles… Des histoires comportementales issues d’études scientifiques et qui racontent un univers clanique, basé sur une organisation sociale similaire à celle des humains. Création sur l’absence, sur la présence obsédante de l’absent, Unwelt de Sawsan Bou Khaled est une performance saisissante d’intensité et d’expressivité. Sombre, morbide, d’une terrible noirceur, ce monodrame, basé sur l’expression corporelle, entraîne le spectateur dans les méandres de vie des personnes qui, n’ayant pu faire leur deuil de la perte d’un être cher, s’enlisent dans une sorte de réalité parallèle. Une réalité qui, à l’instar de celle des insectes, est totalement subjective. D’où la métaphore scénique qui s’opère entre le monde des humains et celui des insectes. Tour à tour femme et insecte, et même parfois femme-insecte, Sawsan Bou Khaled, seule sur scène avec la marionnette, donne corps à toute la douleur du manque. Et insuffle, d’une gestuelle parfaitement maîtrisée, à son compagnon de scène, une hallucinante force de vie. Une première création pour cette jeune comédienne, qui a joué notamment dans la pièce Archipel de Issam Bou Khaled et dans le monodrame de Catherine Boskowitc, Danser sur les morts, qui s’inscrit dans un registre expérimental. Une première œuvre personnelle, sans doute dure, à la limite de l’insoutenable, mais qui pose, avec talent et émotion, la question du rapport à la réalité. Jusqu’au 16 avril, les jeudis, vendredis, samedis, dimanches, à 20h30. Fiche technique Conception, interprétation et mise en scène : Sawsan Bou Khaled. Réalisation de la bande sonore et des éclairages : Sarmad Louis. Direction d’acteur : Samir Khaddage et Marc Mourani. Scénographie : Hussein Baydoun aidé d’Ahmad Hafez. Production : l’association culturelle pour le jeune théâtre et cinéma Shams. Zéna ZALZAL

Umwelt: terme fixé par un biologiste allemand pour désigner le monde subjectif des insectes, dont chaque espèce a une perception spatiale et temporelle propre.
Umwelt de Sawsan Bou Khaled (ou, en arabe, Yaoum al-Hacharat) c’est sur la scène du centre Tournesol (rond-point Tayouné), une immersion de cinquante minutes dans un univers marqué par la «réalité subjective».
Une scène...